Le 18 mars résonne dans notre cœur comme une date porteuse d’espérance.
Le 18 mars évoque d’abord la Commune de Paris, cette insurrection à la fois patriotique (il s’agissait d’abord de refuser la reddition de Paris aux Prussiens) et internationaliste (parmi les dirigeant(e)s communards, le Hongrois Frankel, le Polonais Dombrowski et la Bulgare Elisabeth Dimitrieva voisinaient avec Varlin, Flourens, Louise Michel et Gustave Courbet…). Plus que jamais, face à l’Euro-Diktatüre européenne de Merkel, la nouvelle Miss Mark, et de son caniche « français » Sarkozy, le nouveau Thiers, union des travailleurs et des vrais républicains pour l’indépendance nationale, le pouvoir au peuple travailleur et la sortie de l’U.E. et de son maudit euro, de manière à préparer la rupture révolutionnaire avec le grand capital !
Le 18 mars, ce sont aussi les accords d’Evian de 1962 qui sanctionnèrent la victoire du peuple algérien et de tous les communistes et progressistes de France qui soutinrent ce juste combat anticolonialiste à l’issue duquel le peuple algérien a retrouvé sa dignité. Honneur aux combattants communistes pour l’indépendance, honneur à Alger républicain et à son directeur Henri Alleg, notre cher camarade, qui vainquit et dénonça la torture. Honneur au mathématicien communiste Maurice Audin qui fut sommairement exécuté par l’armée coloniale, dans laquelle sévissait horriblement le barbare Le Pen. Solidarité entre les peuples des deux rives de la Méditerranée contre toutes les formes de « Françafrique » et de « France à fric », non à toutes les guerres néocoloniales en cours ou en préparation, notamment contre la Syrie, défense de l’indépendance nationale française car ceux-là même qui préparent les expéditions coloniales à l’appel de l’aboyeur pseudo-philosophe BHL sont ceux qui ici persécutent les travailleurs immigrés, stigmatisent les musulmans et les chômeurs, harcèlent les syndicalistes et les enseignants, démolissent les conquêtes démocratiques de la Révolution française, la loi laïque de 1905, les acquis du Front populaire et du CNR. Non à la « Françallemagne » de Merkozy, et mille fois oui à la République française indépendante, sociale, non alignée, laïque, démocratique et populaire pour laquelle luttèrent des générations de militants ouvriers et de résistants communistes et antifascistes !
Le 18 mars c’est enfin la manif organisée ce jour par des militants dont nous, adhérents du PRCF, nous sentons proches. Pourtant, nous manquerions au devoir de franchise si nous ne disions pas avec sincérité les points politiques qui font débat et qui méritent une élucidation franche et rapide DANS L’INTERET MÊME du MOUVEMENT POPULAIRE, de la lutte contre le fascisant pouvoir UMP mais aussi contre l’UE du capital. Oui il est bon que les militants du mouvement populaire se réapproprient, à l’occasion de cette campagne, des thèmes que le PCF du Front populaire et de la Résistance n’a cessé de porter et que le PRCF a fait vivre sans relâche, bien qu’à contre-courant et absolument seul au début : celui de l’illégitimité de Sarkozy, le casseur de France, celui du « produire en France », sans lequel la classe ouvrière sera marginalisée, celui de l’alliance du drapeau rouge des ouvriers et du drapeau tricolore de la nation, celui du combat contre le capital, celui de l’opposition radicale à l’UE supranationale. Mais en même temps, nous tenons à exprimer démocratiquement, franchement et fraternellement tous nos questionnements : sans quoi ce sera de nouveau la désillusion, et la dynamique actuelle s’effondrera quand des ministres PCF ou proches de lui entreront dans un éventuel gouvernement Hollande-Moscovici chargé par Barroso d’organiser l’euro- « austérité juste » ouvertement promise par le PS.
C’est pourquoi aujourd’hui même, tout en saluant les frères de classe qui militent à la base au Front de gauche, nous éviterons deux attitudes également aberrantes :
- l’attitude sectaire qui consisterait à regarder avec mépris agir et militer des hommes et des femmes qui ont les mêmes aspirations que nous ; d’où notre présence critique mais fraternelle à ce rassemblement du 18 mars, avec notre Lettre ouverte à JL-L. Mélenchon et notre « programme-candidat » ;
- l’attitude opportuniste consistant à renoncer à notre devoir d’avant-garde pour nous mettre à la remorque de positions que nous savons erronées sur l’Europe. Non tout n’est pas réglé. Tant que Mélenchon, Pierre Laurent (devenu président du Parti de la Gauche Européenne et défenseur acharné de l’euro, à l’encontre de toute la campagne menée par Georges Marchais et par Henri Krazucki en 1992 à l’occasion du référendum sur Maastricht) continueront à dire qu’on peut sauver et changer la France tout en restant dans l’UE et l’euro, tant qu’ils continueront à diffuser l’ILLUSION DE L’EUROPE SOCIALE, ils resteront, volontairement ou pas, dans le sillage du PS et de ses euro-mondialisateurs à la DSK, P. Lamy et Cie, le PRCF exprimera donc sa différence, modestement, courageusement et fermement, dans l’intérêt de la dynamique populaire.
En Amérique latine, à laquelle se réfère M. Mélenchon, les Chavez, Morales, Castro et autres Corréa, n’ont pas prétendu « amender du dedans » l’ALENA, le MERCOSUR, l’OEA, et les autres institutions mises en place par l’Oncle Sam pour dominer l’Amérique latine. ILS ONT REFUSE DE S’INSCRIRE DANS LA LOGIQUE et ils ont repris ENSEMBLE, sur de toutes nouvelles bases, la marche vers l’indépendance nationale, vers la coopération internationale (c’est l’ALBA, Alternative Bolivarienne des Amériques, qui n’est pas régie par le libre-échange et la « concurrence libre et non faussée » mais par l’échange équilibré entre ETATS), et vers ce que certains d’entre eux nomment le « socialisme du 21ème siècle », même si cette expression pose encore bien des questions.
Eh bien il en ira de même chez nous. Pour ne pas « y rester », pour s’en sortir, la France devra sortir : sortir Sarko, certes, mais à quoi cela aboutira-t-il très rapidement si en même temps on ne sort pas aussi de la politique de Sarko ? Pour cela il faudra SORTIR de l’euro, SORTIR de l’UE et pour finir, SORTIR du capitalisme. Plus que jamais la lutte pour l’indépendance nationale et le combat pour socialisme sont liés ! Et tous les deux passent par la RUPTURE, au besoin UNILATERALE, avec l’U.E. supranationale et atlantique.
Cependant les militants du PRCF ne sont pas des donneurs de leçons : nous constatons qu’à l’heure actuelle, le Front de gauche n’est pas sur cette ligne révolutionnaire mais sur la ligne d’une prétendue « réorientation progressiste de la BCE et de la monnaie unique » qui de notre point de vue, relève du conte de fées. Mais peu importe, partons de manière constructive des positions telles qu’elles sont aujourd’hui : la question incontournable que nous posons à nouveau à M. Mélenchon, et à laquelle celui-ci s’est dérobé jusqu’ici, est la suivante : vous prétendez réaliser votre programme social dans le cadre de l’UE, soit ! Mais si comme il est prévisible, Merkel, Monti, Rajoy, Barroso, Cameron, et derrière eux, Washington et les banques disent « NEIN » ou « NO » (puisque la langue française est désormais inconnue de l’UE !), que ferez-vous ?
Il n’y aura que deux solutions :
- Soit vous imitez Jospin qui, en 97, s’est couché, a mis en place l’euro et a dû pour cela privatiser le secteur public et participer à toutes les guerres de l’OTAN (Yougoslavie, Afghanistan) pour rester dans les clous de l’Europe atlantique (et tout cela avec des ministres « communistes », n’ayons pas la mémoire courte) ;
- Soit vous annoncez que devant ce refus dictatorial d’accepter la volonté du peuple français, la France sortira de l’UE et de l’euro, non pour se replier sur elle-même, mais pour nouer de NOUVEAUX TRAITES INTERNATIONAUX PROGRESSISTES non limités à l’Europe, pour relancer son industrie sur la base d’un secteur public d’Etat planifiant la reconstruction, pour annuler la pseudo-dette et TOUTES les contre-réformes sarko-maastrichtiennes mises en place depuis 92, pour rebâtir et actualiser les acquis du C.N.R., tout SANS CRAINTE D’AFFRONTER LE GRAND CAPITAL.
Personne à gauche ne peut éluder cette question. Tant qu’on s’y dérobe, l’UE aura le dernier mot car dans le cadre de l’euro (c’est-à-dire du deutsche-mark fort indispensable au capital allemand !) il ne peut y avoir que des politiques de droite détruisant le pays. C’est pourquoi le livre blanc du MEDEF « Besoin d’airEs » exige la mise à mort de la République française, la « reconfiguration des territoires » et les « Etats-Unis d’Europe ». Le but de Parisot est ouvertement de transformer notre pays en une dizaine d’euro-régions placées sous la tutelle impériale de l’Axe Berlin-Washington.
Répondre oui à la question du PRCF, citoyen Mélenchon, ce ne serait pas « plomber la campagne ». Ce serait arracher à 100% le drapeau tricolore des mains indignes de l’UM’PEN, s’émanciper à 100% de Hollande (capitale Maastricht !), ce serait changer l’ambition même de la campagne : au lieu de « faire des voix » pour peser sur Hollande et influer à la marge sur une « alternance » de type maastrichtien, un véritable Front Républicain pour une Alternative Populaire et Patriotique (FRAPP !) commencerait à se dessiner. Du coup, des millions d’ouvriers, d’employés, de paysans, de retraités, d’artisans, abandonneraient l’extrême droite sarko-lepéniste qui usurpe le drapeau national. Au contraire, jouer petit bras sur l’Europe, ressasser le mensonge de « l’euro au service des peuples » (que la majorité des ouvriers ne croit plus) c’est laisser un boulevard à Sarko-Pen pour sa réélection face à un Hollande inodore, incolore et sans saveur. Clarifiez ! Dites quel est votre plan B si Angela dit « nein ! » ; sinon c’est que vous n’avez pas non plus de vrai « plan A », que vous refusez de choisir le peuple français souverain contre l’UE supranationale, que votre programme n’est là que pour faire rêver, pas pour changer, ce que nous ne pouvons imaginer étant donné l’espoir que nombre de militants placent en vous. Répondez-nous, la politesse républicaine l’exige et c’est votre intérêt électoral si votre souci est bien la dynamique populaire et l’alternative patriotique.
Malheureusement, J.-L. Mélenchon n’a toujours pas répondu à notre courrier fraternel, alors que notre demande a suscité l’intérêt de militants de base du Parti de gauche. La balle est dans le camp des militants du Front de gauche. Leur intérêt, s’ils ne veulent pas que les promesses de la Bastille finissent par une nouvelle vague bleue-brune submergeant la République, c’est que cette question soit reprise partout PAR LES TRAVAILLEURS ; non pour « plomber » les dynamiques actuelles mais pour unir les républicains qui gardent au cœur la classe ouvrière et la nation.
Georges Gastaud,
secrétaire national du PRCF.