Pôle position du 31 octobre
Ceux qui,
dans la mouvance de la CFDT recentrée, de la CGT euro-recadrée, du PS maastrichtien et du PCF « mutant », déclaraient la lutte des classes obsolète, ceux qui niaient la « centralité de la contradiction capital-travail » sont en face de la réalité
Après les grandes luttes des travailleurs grecs conduites sous l’impulsion du KKE et du PAME, après la révolte des masses populaires espagnoles contre les mesures Zapatero, le monde du travail et la jeunesse scolaire de France se sont levés pendant des mois et tout particulièrement, pendant des semaines de grandes luttes populaires de résistance courageuse sous des formes multiples , inventées par les travailleurs à la base,aux forces de l’ordre bourgeois sarkozyste, en menant une série de combats interprofessionnels, dirigés par des AG de lutte, et en utilisant systématiquement l’arme nouvelle du blocage interne et externe de la production. Tout en déjouant les provocations du pouvoir.
La classe ouvrière, avec première ligne les ouvriers portuaires de Marseille et les travailleurs de la pétrochimie et des transports, a joué un rôle moteur dans cet affrontement de classe majeur.
Les directions syndicales, notamment celle de la CGT euro-recadrée de Thibault, Le Duigou et Decaillon, toutes plus alignées les unes que les autres sur la CES (le syndicat jaune européen)-, ont largement perdu le contrôle du mouvement lorsqu’une bonne partie de la base s’est lassée des éternelles « journées d’action » non suivies d’appel à la grève générale et non appuyée sur des mots d’ordre clairs de retrait de la contre-réforme, de retour aux 60 ans à taux plein pour tous, d’abrogation des contre-réformes de 94, 2003 et 2007 (allongement des annuités et décotes, baisse dramatique des pensions), de retrait de la signature française sous les Accords européens de Barcelone cosignés par Jospin et Chirac en 2002 dans le but de retarder de 5 ans le départ en retraite de tous les travailleurs ,de Lisbonne à Bucarest.
La stratégie attentiste et négociatrice des syndicats CES,
l’étirement en longueur du mouvement font que la contre-réforme Woerth et ses conséquences désastreuses pour le monde du travail, ont pu être mis en place à la hussarde et l‘insupportable et indécent régime sarkozyste semble provisoirement vainqueur, plus fascisant, plus méprisant, plus arrogant et plus détesté que jamais. Nous savons que de grandes contre-réformes ultra réactionnaires sont en préparation dans les cartons de Sarkozy et que celui-ci va essayer de les faire passer au plus vite pour regagner pleinement la confiance de la droite ultra et pour répondre à la feuille de route du MEDEF, de l’UE, d’Angela Merkel (venue à Deauville en proconsul pour s’ingérer dans les affaires françaises et sommer Sarkozy de tenir bon) et du FMI de Strauss-Kahn.
Mais malgré tout cela, rien ne sera plus comme avant. Les travailleurs ont désormais compris par millions que le régime sarkozyste est fascisant; que Sarkozy est illégitime: les cris de « démission » ont monté de toutes parts dans les manifs alors que les Chérèque et Thibault, mais aussi le PCF, continuaient de béler après une « autre réforme », voire après une « réforme de la réforme »!
Pendant ces mois de lutte, la conscience de classe a repris de la vigueur, la contre offensive est possible.
Certes, des illusions subsistent et la haine du régime sarkozyste, l’aspiration des masses à l’unité sont telles que la social-démocratie, pourtant d’accord sur le fond avec la réforme Woerth, que les euro-trotskistes du NPA et de LO (qui n’ont pas dit un mot dans leurs tracts contre le méga-plan d’austérité de l’UE, histoire de ménager la sacro-sainte Union européenne), que les dirigeants confédéraux jaunes peuvent provisoirement se croire sortis d’affaire: n’ont-ils pas feint d’accompagner le mouvement de révolte populaire, sans rien faire pour l’organiser et lui ouvrir des perspectives nationales combatives ?
La république bourgeoise telle que nous l’avons connue et telle qu’elle résultait de ce que le grand patron Kessler nomme le « compromis gaulliste-communiste de l’après-guerre » est en voie de liquidation totale. A sa place se met en place un régime qui, pour ne pas être encore fasciste, est manifestement en voie de fascisation rapide, car tout bonnement, on ne peut pas démonter un pays tout entier pour l’intégrer de force dans une construction européenne dont il ne veut pas (cf le vote violé du 29 mai 2005 sur la constitution européenne) sans sortir la matraque, sans violer à répétition sa propre loi et sa propre constitution et sans infliger à la population un décervelage médiatique digne des républiques bananières. La leçon ne sera pas perdue par les travailleurs les plus conscients
Nous avons tous constaté que la « France rouge », la « France des travailleurs » chantée par Ferrat, n’est pas morte et qu’elle a un grand avenir, avec une jeunesse prête à en découdre pour sauver sa dignité. Libre aux capitalistes et à leurs valets journalistiques de nous bassiner à longueur de journée avec la « France honte de l’Europe ». Si les capitalistes « français » ont honte de leur peuple frondeur et de leur pays rebelle, les prolétaires étrangers regardent à nouveau la France populaire avec respect, voire admiration car en réalité, en défendant nos acquis NATIONAUX, les acquis des ministres communistes de 1945, nous avons défendu et appelé à la lutte tous les travailleurs d’Europe. Face à l’UE, ce cartel impérialiste ultra-réactionnaire qui rêve de mettre définitivement notre pays sous tutelle, il n’y a pas lieu d’opposer la défense des acquis nationaux, -et du plus fondamental d’entre eux l’indépendance nationale broyée par le traité de Lisbonne-, et l’Europe des luttes. Celle-ci se construit CONTRE l’UE et non pas DANS l’UE, car le sens de cette construction impérialiste est apparue clairement dans le conflit français des retraites lorsque toute la bourgeoisie européenne, représentée par Merkel, est venue soutenir et stimuler Sarkozy (qui certes n’avait pas besoin de cela tant sa politique est antisociale et antinationale!) alors que notre pays s’est globalement battu seul, la CES n’ayant pas un mot pour soutenir les luttes des ouvriers français. OUI IL FAUDRA SORTIR DE CE CARCAN pour reconstruire une France républicaine, une France sociale, une France rompant avec l’oligarchie capitaliste et reprenant le chemin concret de la lutte pour le socialisme! Oui il faudra construire le « tous ensemble » et pour cela on ne pourra pas faire l’économie de remplacer les directions traîtres des confédérations acharnées à canaliser le mouvement vers des négociations-bidon, de reconstruire des états-majors de lutte et un syndicalisme de classe, et de ce point de vue, l’intervention du FSC et l’appui de la FSM est porteuse d’espoir pour l’avenir du mouvement. Car l’affrontement entre les monopoles et toutes les couches non monopolistes est gros de luttes à venir pour lesquelles la lutte de l’automne 2010 aura grandement servi , Cette lutte aura aussi fait grandir la conscience de la nature de classe du pouvoir ainsi que la conviction que , face à ce pouvoir , C’EST BIEN LE BLOCAGE DE L’ECONOMIE QUI PEUT PERMETTRE AUX TRAVAILLEURS DE GAGNER ,
Quant au PRCF, avec ses moyens modestes et en étant constamment censuré par les médias, il a joué son rôle d’éveilleur. Présent sur toutes les manifs à Paris et dans plusieurs grandes villes, dont Marseille, Paris, Lille, actif dans plusieurs AG et présents aux blocages, les militants PRCF ont popularisé, des analyses justes et des mots d’ordre clairs.
Sans le PRCF, qui eût sans trêve dénoncé l’illégitimité du régime sarkozyste, comme cela a été fait à l’initiative des résistants franchement communistes? Qui eût sans cesse rappelé l’origine européenne des mauvais coups et l’accord de fond total entre la droite et le PS, de DSK à Aubry, pour casser la retraite à 60 ans. Qui eût rappelé sans cesse que la retraite par répartition et la Sécu ont été créées par Ambroise Croizat, le métallo résistant, ministre de la Libération. Qui aurait montré qu’en réalité, la stratégie générale de Sarkozy et du PS (mezzo voce) est de DEMONTER LA France quitte à susciter une scission de plus en plus explosive entre la France d’en bas et l’anti-France d’en haut! Qui aurait eu le courage de dénoncer de front les directions confédérales après lesquelles ont couru pendant tout le mouvement, non seulement LO et le NPA comme les dirigeants de SUD, et même un certain « basisme » répandu par de pseudo-marxistes qui combattent violemment, en s’alliant aux droitiers, pour casser toute tentative des militants d’avant-garde pour faire progresser le mouvement.
MALGRE TOUTES LEURS MANOEUVRE, RIEN N’EST TERMINE, LA LUTTE CONTINUERA
Pour faire grandir et triompher ces luttes de demain, nous appelons chacune et chacun de ceux qui ont combattu de toutes leurs forces à :
* renforcer l’organisation du PRCF, le rejoindre ,recruter, faire des abonnements à Initiative Communiste et à Etincelles, pour disposer d’un outil plus opérationnels lors des grands affrontements de classes qui ne manqueront pas de se renouveler en Europe.
* contribuer à développer l’union des communistes qui, malgré nos demandes répétées, n’a pas suffisamment avancé pour vaincre l’esprit de boutique; quelle force pourtant si les vrais communistes, au lieu d’ignorer les propositions unitaires et de lancer des initiatives concurrentes de celles du PRCF au nom de l’ « union », s’adressaient ensemble aux travailleurs en lutte! Dans l’immédiat, travaillons d’arrache-pied au succès du meeting communiste commun qui aura lieu à PAris le dimanche 12 décembre en l’honneur du 90ème anniversaire du Congrès de Tours où fut fondé le PCF à l’appel de Lénine, de Cachin et de Vaillant-Couturier.
* soutenir et implanter partout le FSC, affilié désormais à la Fédération Syndicale Mondiale, faire la lumière dans les syndicats sur les orientations confédérales défaitistes qui ont empêché le plus grand mouvement depuis 1968 d’aboutir à un plein succès;
* soutenir les actions prévues de l’Arc républicain de progrès qui, de manière unitaire, porte l’idée d’une véritable perspective de rupture patriotique axée sur la reconstruction de la France sur les principes immortels du CNR et sur la rupture totale avec le régime sarkozyste et avec l’UE supranationale du capital.
* diffuser l’appel « illégitime » déjà soutenu par des personnalités très divers et faire monter l’idée, lancée par le PRCF et enfin reprise de différents côtés (notamment par le NPA) que Sarkozy est illégitime et que le peuple souverain n’est tenu par aucun calendrier pour faire valoir son droit entier et inaliénable à disposer de lui-même en chassant ceux qui le trahissent et qui l’humilient.
Car n’en déplaise à tous les réformistes et à tous les opportunistes , la lutte va continuer, plus consciente et plus forte d’un syndicalisme de classe qui relève la tête , plus forte aussi d’une renaissance communiste s’affirmant désormais davantage comme une nécessité impérieuse.
Le Pôle de Renaissance Communiste en France