Pôle position – 27 novembre 2010
Après la Grèce massacrée au printemps dernier par la coalition de l’Europe supranationale, du gouvernement « socialiste » de Papandréou (PASOK) et du FMI du « socialiste » Strauss-Kahn, c’est au tour de l’Irlande et du Portugal d’être passés au presse-agrume des « plans d’aide » de l’UE.
Le peuple irlandais, qui garde en tête sa glorieuse lutte de libération nationale contre l’oppression anglaise, se voit imposer une purge d’austérité qui va le renvoyer trente ans en arrière tout en annulant ce à quoi il tient le plus: son indépendance.
Quant au peuple portugais, c’est à juste titre que le journal Le Monde titre à son sujet « Portugal, retour à la pauvreté ».
Voilà à quoi aboutissent pour ces peuples la « construction européenne » et la « monnaie unique », avec à l’arrière-plan le libre-échangisme dévastateur prôné par l’OMC du « socialiste » Pascal Lamy… et totalement accepté par l’Internationale non moins « socialiste » présidée par… Papandréou!
C’est pourquoi nous ne pouvons que nous féliciter que, le « la » ayant été donné par le peuple grec conduit par le KKE et par le PAME, les peuples s’engagent dans des luttes combatives qui font bien augurer de l’Europe des luttes ouvrières et démocratiques, le contraire même de cette UE de malheur.
Nous ne pouvons que nous féliciter que la classe travailleuse de France, passant outre le défaitisme des confédérations affiliées à la Confédération européenne des syndicats (CES), ait retrouvé son traditionnel esprit frondeur en engageant, sans coordination nationale hélas, le blocage du profit capitaliste. Et il est heureux qu’en ce moment même le peuple portugais ait réussi sa grève générale à l’initiative de la CGTP. Honneur aussi aux étudiants anglais qui se battent courageusement contre l’énorme régression que le gouvernement Cameron veut infliger au monde estudiantin (triplement ou quadruplement des droits universitaires!).
Bien entendu, la CES, qui est à la botte de la Commission de Bruxelles (rappelons-nous sa campagne pour le Oui à l’euroconstitution!) ne bouge pas le petit doigt pour coordonner ces luttes qui ont toutes pour origine unique le méga-plan d’austérité concocté à Bruxelles pour casser la souveraineté budgétaire des Etats, faire rembourser par les peuples l’argent volatilisé par les Banques, et au passage, briser le syndicalisme de lutte.
En réalité, ce n’est pas dans le cadre de l’Union Européenne, c’est contre elle que doit se former l’Europe des luttes sociales, et ce n’est pas dans la CES que se joue la coordination des luttes mais en AFFRONTANT l’UE et en brisant sa courroie de transmission jaune, la C.E.S., uniquement destinée à « recadrer » les syndicats de classe à l’échelle des nations. Et la revendication d’indépendance nationale, de SORTIE unilatérale de l’UE, est absolument complémentaire de l’internationalisme prolétarien à l’échelle du monde.
Car il n’y a pas d’un côté les « nations » et de l’autre « la solidarité internationale ».
D’un côté, il y a la restauration de la « souveraineté politique des peuples, ce socle de toutes les libertés » (Jaurès) qui se marie tout naturellement avec la solidarité internationale anticapitaliste des peuples. Et de l’autre côté, il y a le super-nationalisme européen (le supranationalisme est un supernationalisme!) qui veut à la fois démolir les peuples et dévaster tous les acquis sociaux pour l’autre internationale, celle du grand patronat pilotée par l’OMC, l’OTAN et le FMI…
Bref, le premier peuple qui, à l’initiative de sa classe ouvrière, sortira unilatéralement de cette prison des peuples qu’est l’UE, rendra un fier service aux luttes de tous les autres.
L’euro nous tue, sortons l’euro, sortons de l’euro!
C’est alors que, nous inspirant de l’exemple progressiste qu’est l’Alternative Bolivarienne des Amériques (qui inclut Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, l’Equateur, la Bolivie…), nous pourrons construire des traités internationaux progressistes non limités à l’Europe qui permettront à nos peuples brutalisés de se reconstruire en échangeant sur une base d’égalité au lieu de se ruiner mutuellement dans la détestable « concurrence libre et non faussée » imposée par les capitalistes.