Déclaration du PRCF, 21 décembre 2014. Georges Gastaud, secrétaire national, Antoine Manessis, secrétaire de la commission internationale du PRCF, Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, Paris 7.
En cette fin d’année 2014, le tableau du monde et de l’Europe est globalement de plus en plus alarmant.
Sur le plan économique, le monde capitaliste ne s’est pas remis de la crise de 2008 et des signes très nets de crise, voire de nouvel effondrement boursier, se font jour. Pas seulement à cause des scandaleuses mesures de guerre économique arrêtées par les USA et par l’Arabie saoudite pour mettre à genoux la Russie, le Venezuela et les BRICS, « coupables » de mettre en place un système concurrent du FMI : la crise du capitalisme est bel et bien systémique et elle se marque au caractère de plus en plus poussif des « reprises » stimulées artificiellement à coup d’argent public, à la crise du système monétaire centré sur le duo malfaisant de l’euro et du dollar, aux énormes déséquilibres financiers mondiaux, à la stagnation de la zone euro-mark qui peut à tout instant déboucher sur la déflation et sur la dépression. Non seulement les dirigeants du « monde libre » ne font rien pour réguler leur crise – le peuvent-ils d’ailleurs ? – mais ils jouent de manière irresponsable avec le prix du pétrole et des matières premières pour déstabiliser des pays entiers.. Au risque que cette déstabilisation d’autrui fasse rapidement boomerang à l’échelle continentale et mondiale !
Sur le plan militaire, les derniers votes du Congrès américain, qui vont jusqu’à autoriser Obama à déclarer la guerre à la Russie s’il le juge nécessaire et qui, de fait, appuient les mesures provocatrices des dirigeants pro-nazis d’Ukraine et des pays baltes contre la Russie (seconde puissance nucléaire mondiale…), sont d’une irresponsabilité confondante si l’on se place du point de vue des intérêts de la paix sur terre. 23 ans après la chute de l’URSS, chacun constate que les véritables motifs du « monde libre » et de l’Oncle Sam dans la « guerre froide » n’étaient pas de réfréner le « communisme totalitaire ». L’URSS et le Traité de Varsovie n’existent plus depuis belle lurette… et l’orientation exterministe du capitalisme (aller jusqu’à prendre en otage la survie de toute l’humanité pour défendre ses intérêts à long, moyen, voire court terme !) n’en est que plus flagrante.
Politiquement cette orientation s’accompagne d’une fascisation rampante ou galopante des institutions et des comportements capitalistes dans le monde entier. On en est désormais à « débattre » de la légitimité de la torture ; on cautionne le massacreur Netanyahou et sa colonisation même pas déguisée des territoires occupés ; on soutient le « nationaliste » Porochenko à Kiev alors que son gouvernement est dirigé par des émissaires directs des États-Unis, dotés de la nationalité ukrainienne la veille de leur entrée au gouvernement, et que cette équipe de putschistes est ouvertement admiratrice de Hitler et truffés d’éléments antisémites.
Dans nombre de pays, les interventions néocoloniales de l’OTAN, souvent attisées par le gouvernement social-impérialiste de Hollande, ne font que semer le chaos : Soudan, Somalie, Yémen, Afghanistan, Pakistan, Mali, Libye, Syrie, Côte d’Ivoire, Centrafrique, etc. Après avoir financé les pires tortionnaires fanatiques pour combattre l’Armée rouge et les communistes afghans, les dirigeants impérialistes occidentaux instrumentent les barbares djihadistes, tantôt pour combattre les insurrections démocratiques des peuples arabes (écrasement de l’insurrection populaire au Bahreïn par l’armée saoudienne équipée par Washington), tantôt pour déstabiliser des régimes non alignés sur l’OTAN (« DAECH » est en réalité une créature créée par Riyad pour renverser le Parti Baath syrien), même si de plus en plus, les créatures de Frankenstein de l’intégrisme et du néonazisme échappent à leurs créateurs pour semer partout son chaos et sa terreur.
Non seulement l’UE n’est pas un frein à cette marche au chaos, mais elle est désormais de plus en plus centrale dans le dispositif impérialiste de l’Union euro-atlantique en marche sous condominium germano-américain. En Ukraine, sur la Baltique, l’UE s’inscrit dans un projet d’expansion vers l’Est qui vise la Russie et qui prend des allures de revanche sur Stalingrad. A l’intérieur de ses frontières continentales, l’UE pousse à la destruction des États-nations : euro-régionalisation, politique linguistique promouvant le tout-anglais, mise à mort des acquis arrachés par les travailleurs dans le cadre de chaque pays… et viole grossièrement les référendums populaires et prétend même dicter au peuple grec le choix de son prochain président !
Quant au gouvernement « socialiste » français et à son prédécesseur U.M.P. , lui-même traître à l’orientation diplomatique léguée par De Gaulle, ils se complaisent dans un rôle d’aboyeur mondial des guerres euro-atlantiques et ils n’ont d’autre ambition que de remplacer Londres dans le rôle de supplétif politico-militaire de Washington. Cette servilité envers l’Oncle Sam n’a d’égale que la continuité de la « Françafrique » néocoloniale et que le désintérêt total de la classe capitaliste « française »,MEDEF en tête, (cf le manifeste de 2011 intitulé Besoin d’aire) pour l’avenir de la nation française dont tout l’héritage progressiste est bradé à la découpe: secteur public, acquis sociaux, « produire en France », langue française, Éducation « nationale », institutions laïques et républicaines, et bien sûr, indépendance nationale.
Dans ces conditions, il convient de ne pas se tromper de cible. Non la Russie n’est pas la « coupable » de la crise énorme qui avance ; le peuple russe est au contraire victime de sanctions occidentales dignes de la guerre froide et les dirigeants impérialistes visent à travers lui la volonté des grands pays émergents de s’organiser séparément du FMI et des autres institutions de la Trilatérale impérialiste USA-UE allemande-Japon. Non, l’ennemi n’est pas « le monde arabo-musulman » : au contraire, c’est la politique impérialiste qui, malgré la résistance des peuples, s’efforce de jeter les masses populaires des pays arabes dans les bras des monstrueux tortionnaires intégristes, de manière à susciter artificiellement un pseudo- « choc des civilisations ».
Plus que jamais, il convient que les communistes, que les syndicalistes, qui ne peuvent combattre les politiques d’austérité sans combattre les guerres néo-coloniales, les patriotes antifascistes, les internationalistes…
- Dénoncent l’énorme manipulation médiatique qui présente les combattants antifascistes d’Ukraine comme des fauteurs de guerre, alors que ce sont les fascistes de Kiev appuyés par l’OTAN qui attisent la guerre en Ukraine pour créer les conditions d’un bras de fer avec la Russie qui peut déboucher sur la guerre pan-européenne, voire mondiale.
- Soutiennent au premier chef les communistes et les travailleurs de la Russie, de l’Ukraine en général et du Donbass en particulier : chacun voit que la grande bourgeoisie russe joue contre son pays et qu’elle aide Obama à déstabiliser la Russie et à conquérir l’Ukraine, puis la Biélorussie, le Caucase, etc.. Plus que jamais, l’indépendance et l’unité de la Russie, l’avenir démocratique de l’Ukraine en général et du Donbass en particulier, sont dans les mains de la classe ouvrière et des communistes russes, héritiers conséquents de la Révolution d’Octobre et de Stalingrad, et cela dans l’union avec tous les patriotes de Russie et de l’ex-U.R.S.S. qui font passer leur pays avant leur compte en banque en Suisse.
- Dénoncent l’alliance ultra-réactionnaire de Washington et de Riyad qui vise à mettre à genoux la Russie et le Venezuela bolivarien et à travers lui, l’ALBA et Cuba socialiste en manipulant les cours mondiaux des hydrocarbures ;
- Dénoncent les tentatives de la CIA, première officine de tortionnaires au monde, pour déstabiliser la Chine en alimentant les séparatismes régionaux et la « révolte » des classes privilégiées de Hong-Kong;
- Appellent à lutter pour sortir à temps la France du broyeur antisocial, supranational, fascisant et guerrier de l’UE « transatlantique », de la « monnaie unique » au service de la finance et de la tutelle mortifère de l’Axe
Washington-Berlin soutenu par le MEDEF, - Dénoncent en permanence l’OTAN, cette Sainte-Alliance de la réaction mondiale visant à maintenir à n’importe
quel prix l’hégémonie planétaire d’une poignée de puissances impérialistes déclinantes et d’autant plus agressives ; - Appellent les communistes à intensifier leur campagne permanente contre le capitalisme, ce système pourrissant dont le maintien est incompatible avec le maintien de l’humanité, et la bataille idéologique pour le socialisme et pour le communisme. Moins que jamais les énormes moyens techniques, scientifiques et économiques actuellement disponibles ne peuvent être développés rationnellement par les grands actionnaires et les Etats capitalistes à leur dévotion. L’avenir est au pouvoir des travailleurs, à la coopération entre les peuples souverains, à la socialisation des banques et des grands moyens de production.
Les peuples ne doivent pas perdre confiance et se résigner aux crises, au chaos, aux régressions. Partout où ils résistent, les travailleurs et les peuples marquent des points. Ce n’est pas Cuba, c’est Obama qui est isolé, non seulement aux Nations-Unies, mais en Amérique où des voix se prononcent contre l’embargo anti-cubain. Malgré les massacres commis par « Tsahal », les patriotes gazaouis ont mis en échec l’opération « bordure protectrice » et la légitimité du combat palestinien est sortie renforcée de l’épreuve. L’écrasement du Donbass, qui devait prendre trois semaines, a plutôt montré la déconfiture de l’armée de Kiev. Au-delà des contradictions qui la traversent, la Chine devance désormais les USA sur le plan économique. Non seulement la CIA n’a pas réussi à renverser Maduro (successeur de Chavez), mais en Bolivie, Morales a été réélu triomphalement. Le début de normalisation des relations entre l’Empire états-unien et Cuba socialiste est une victoire pour le peuple cubain et pour tous les peuples, même s’il est évident que l’Empire ne fait que changer de méthode pour abattre la Révolution. En Europe, les luttes sociales se multiplient chez nos voisins Belgique, Italie, Allemagne, Portugal, Espagne, Grèce… même si en France elles sont paralysées par des états-majors confédéraux plus soucieux de lutte des places et d’accompagnement que de lutte des classes. En France, de plus en plus de voix communistes et progressistes se prononcent, comme le PRCF le propose vaillamment depuis sa création, pour les « quatre sorties », de l’euro, de l’UE, de l’OTAN, voire du capitalisme. De plus en plus, les vrais progressistes comprennent que les combats patriotique, antifasciste et progressiste doivent fusionner sous l’égide du drapeau rouge des ouvriers et du drapeau tricolore de l’indépendance nationale. C’est de tout cela que débattra la conférence nationale de mars du PRCF qui se tiendra au moment où l’idée d’une manifestation nationale anti-UE en mai prochain avance à grands pas.
Même si les temps sont actuellement très difficiles, la contre-révolution, l’impérialisme, la mondialisation capitaliste et l’euro-fascisation montreront tôt ou tard leur caractère de parenthèses historiques à l’unique condition d’être combattues à temps, pied à pied, et de manière unie. Il n’y a pas d’avenir capitaliste pour les peuples, expliquons-le sans relâche au monde du travail, l’avenir est à l’émancipation nationale et sociale, au socialisme et au communisme !