Un article de presse nous apprend que le ministre des armées Hervé Morin nourrit le projet d’un « Pentagone à la française » et annonce le commencement de sa réalisation.
Que peut signifier ce nom, « un Pentagone à la française » ?
La métaphore dénote trois caractéristiques :
a ce sera une imitation du Pentagone dans lequel siègent les états-majors des armées officielles et officieuses des Etats-Unis d’Amérique ; l’imitation sera vraisemblablement conduite aussi loin que possible comme un calque des structures militaires états-uniennes.
b Les dimensions seront plus petites, et resteront dans le cadre des relations qui se dessinent actuellement entre les institutions de l’Etat français et celles des Etats-unis d’Amérique : ce Pentagone à la française sera subordonné au Pentagone états-unien.
c Ce « Pentagone à la française » enverra les forces armées sous ses ordres dans n’importe quel pays du monde. Le ministre l’a précisé lui-même, arguant du fait que « les armées travaillent ensemble sur les théâtres d’opérations du monde entier » pour vouloir « les sortir, au niveau central, de la logique des chapelles ». Ce troisième point est éclairé par les deux précédents et par toute la politique étrangère de ce gouvernement : ce n’est pas seulement les armées françaises de l’air, de terre et de mer que le ministre veut « faire travailler ensemble » : il veut les unir à celles des autres pays d’Europe et à celle des Etats-Unis d’Amérique.
Tout cela pose une question : pour quels intérêts sera faite cette refonte globale des armées mises sur pied par notre pays et de leur action ?
Elle ne servira certainement pas les intérêts vitaux de notre nation ni de notre peuple, elle ne servira en aucun cas notre patrie : ces intérêts sont tous, en effet, sur notre territoire national, et nul ne défend sa patrie lorsqu’il soumet d’autres pays, d’autres peuples, à une loi étrangère, à une loi dont ils n’ont pas délibéré.
Or, chaque jour de l’expérience des guerres et autres opérations « de police », en particulier toutes celles destinées à maintenir le régime colonial d’exploitation, exécutées par les armées états-uniennes, anglaises et françaises hors des frontières de leur territoire national le montre :
« Travailler sur les théâtres d’opérations du monde entier », cela consiste à soumettre les peuples du monde entier à une loi qui leur est étrangère ; cela n’a rien à voir ni avec les intérêts vitaux de notre nation, ni avec la défense de notre patrie.
Mieux : aucune de ces guerres et opérations « de police », coloniales ou post-coloniales, ou même de « maintien de la paix », n’a jamais apporté la liberté aux populations habitant leur « théâtre d’opérations » : toutes apportent et confirment la preuve que la liberté humaine n’est pas un bien d’exportation.
La politique que mène le gouvernement français au service des propriétaires des plus gros capitaux n’est pas une politique de paix : c’est une politique de guerre et de rapine. Cette politique s’intègre à la logique des politique capitalistes que Jaurès avait constatée : Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
Jean-Pierre Combe