Faisant appel au patriotisme de Parti, différents courants du PCF nous expliquent qu’il faut une candidature du PCF pour sauver le PCF de l’entreprise liquidatrice menée de l’extérieur par Jean-Luc Mélenchon. Qu’il faut une candidature communiste aux présidentielles, candidature Front de Gauche ou PCF selon les courants en lice.
Ce raisonnement serait acceptable si et seulement si le PCF était communiste. Or il ne l’est pas.
Muté le PCF est devenu un parti qui, s’il intègre encore des communistes en son sein, a gravé dans ses statuts la rupture idéologique avec le marxisme, avec le léninisme, avec la classe ouvrière et même avec l’objectif de la révolution et du socialisme. Et ce parti décommunisé assume et même revendique cette rupture avec force. Intégré au Parti de la Gauche Européenne dont M. Pierre Laurent vient d’obtenir la présidence, le PCF a également rompu avec la politique patriotique et républicaine de résistance à l’intégration euro-atlantique, et Pierre Laurent est désormais, à l’égal de Mélenchon, un des plus fervents partisans de l’euro, dont la survie est antinomique de la survie des acquis sociaux en France et en Europe.
Chacun sait d’avance que, comme à son habitude, le PCF soutiendra politiquement la social-démocratie au second tour des législatives et des présidentielles et que, soit au gouvernement, soit dans une majorité parlementaire, il accompagnera le PS dans la mise en œuvre de la politique unique que prescrivent les directives européennes pilotées par Bruxelles et par la Banque de Francfort. Qui a déjà oublié le bilan sinistre de Jospin et des ministres « communistes » d’alors qui, durant cinq ans, ont cautionné la privatisation du secteur public (France-Télécom, Air-France, Aérospatiale, etc.), le « dégraissage du mammouth » par Claude Allègre, la mise en place du désastreux euro, plus deux guerres impérialistes en Afghanistan et en Yougoslavie ?
Pour les vrais communistes, qu’ils soient ou non membres du PCF, comment se pose donc le problème des présidentielles ? Une seule réponse : il requiert une réflexion prioritaire sur le contenu politique de classe de toute candidature se réclamant du communisme.
Parce qu’il y a un contenu communiste (retrait de la France de l’UE et de l’euro, appropriation collective de certains secteurs stratégiques de l’économie, développement des libertés démocratiques dans les entreprises et démontage de l’état policier, ré-industrialisation du pays par le « produire en France », reconstitution des acquis du Conseil National de la Résistance, etc.) qui peut en effet rassembler les communistes. Et même au-delà les républicains et les patriotes sur une perspective transformatrice opposant l’ensemble du peuple travailleur, conduit par la classe ouvrière, à l’oligarchie capitaliste et à ses commis politiques de l’UMPS et du FN.
D’autre part pour rassembler les communistes qui sont pour une part dans le PCF et pour une autre part organisés hors du PCF, il faut qu’ils se parlent, se rencontrent, se reconnaissent mutuellement comme composantes également respectables du communisme de France. C’est pourquoi le PRCF a toujours tenté de mettre en avant l’unité d’action des communistes par delà les questions transitoires du mode d’organisation. Or il faut constater que certains courants internes, opposants déclarés à la direction du PCF, n’ont pas fait preuve d’une grande détermination pour répondre à nos propositions, voire les ont ignorées et combattues avec mépris, en posant comme préalable à l’action commune que tous les communistes, y compris ceux qui jugent cette perspective utopique et paralysante, s’alignent sur l’objectif de « remettre le PCF sur la voie de la lutte des classes ».
Mais unitaires pour deux, voire pour dix, nous sommes cependant prêts, sans condition, à rencontrer les communistes qui veulent un programme communiste pour l’élaborer ensemble et désigner ensemble un candidat qui le porterait éventuellement.
Cela posé, croire que Mélenchon va liquider un PCF qui s’est auto-liquidé et auto-dénaturé depuis des années est surréaliste. Que Mélenchon veuille mettre en place en France l’équivalent du groupe opportuniste allemand « die Linke » ne serait que l’officialisation d’une réalité politique massive : il n’y a déjà plus en France, sinon de manière purement nominale qui relève largement de la publicité mensongère, de véritable Parti Communiste en France, même s’il n’est pas sans intérêt que des milliers de militants s’organisent encore de bonne foi dans un espace qu’ils croient sincèrement communiste. Donc, soyons clairs, sauver le PCF cela ne suffirait en rien à sauver le courant et l’espace politique du communisme en France. Et surtout, si un candidat issu du PCF ne faisait rien pour tendre la main aux milliers de communistes qui ont quitté ce parti ou qui se sont organisés ailleurs, s’il se contentait de se battre pour le « développement durable », ou s’il se présentait aux élections après avoir longuement fleurté avec Sarkozy sur sa conception islamophobe de l’ « identité nationale », il ferait un score pitoyable qui accélèrerait la liquidation et qui aiderait Mélenchon.
Quant à la diabolisation de Mélenchon elle constitue à cet égard une manœuvre subalterne. Les divergences politiques avec lui et son Parti de Gauche, sur l’UE en particulier (le PG est comme le PCF membre du parti supranational européiste, le PGE, et il en serait immédiatement exclu s’il appelait à sortir de l’UE et de l’euro ! bref ces partis ne sont plus indépendants de la bourgeoisie) sont une autre chose et c’est en s’unissant sur ces questions politico-idéologiques que les vrais communistes pourraient faire pièce à Mélenchon, comme à Pierre Laurent, Cohen-Séat, etc., qui ont le même degré de responsabilité dans la volonté de liquider l’espace politique communiste en France : rappelons que la « mutation » du PCF a été lancée par sa direction et que le PCF n’a pas eu besoin de Mélenchon pour obtenir les 3% de Hue, puis les 1,9% de M.-G. Buffet.
Et c’est pourquoi le PRCF se veut être le ferment de la renaissance du parti communiste avec les autres communistes qui acceptent une vraie démarche de rupture avec la mutation réformiste et « euro constructive » du PCF.
Nous devons appréhender les présidentielles en termes de dynamique politique: soit les communistes s’entendent sur un programme et un candidat dans la clarté, soit nous chercherons quelle configuration politique est la plus porteuse d’une possibilité d’initiative et d’intervention populaires et a minima de la défaite du fascisant Sarkozy et de la menaçante Marine Le Pen, sans pour autant jamais rallier politiquement le PS maastrichien et ses satellites de l’ex-gauche plurielle.