8 mai 2016 – Déclaration d’anciens Résistants communistes et de militants communistes liés à la Résistance.
Célébrer l’UE ou commémorer le 8 mai 1945, il faut choisir !
Mai 45 : le plus odieux régime de l’histoire moderne capitulait sans conditions ; d’abord le 8 mai, devant les dirigeants occidentaux qui tentaient mesquinement de brûler la politesse aux vainqueurs soviétiques de Hitler (au prix de 30 millions de morts soviétiques !), puis, le 9 mai, devant les chefs de l’Armée rouge qui avait écrasé la Wehrmacht à Stalingrad, avant de passer à l’offensive de Koursk à Berlin.
Le nazi-fascisme entraînait dans son discrédit le système capitaliste et les oligarchies patronales qui avaient allaité la Bête immonde aux mamelles de l’impérialisme et du fanatisme anticommuniste et antisoviétique.
Sur les ruines du monstrueux Etat hitlérien, un camp socialiste européen intégrant Berlin, Varsovie, Sofia, Prague, Bucarest, Budapest, Tirana, Belgrade et Sofia, puis mondial allait bientôt se constituer autour de l’URSS et des partisans communistes victorieux. D’autant qu’en 1949, c’était au tour de la Chine populaire d’émerger des ruines du militarisme japonais et de ses ralliés du Kuomintang…
En Europe et en France, le camp du Travail, du progrès social, de l’égalité hommes/Femmes, fit alors un véritable bond en avant. C’est ce qu’a reconnu de mauvais gré le grand patron Denis Kessler quand il a écrit, dans un édito tristement fameux de Challenges (nov. 2007), que les conquêtes sociales du CNR, dues à 90 % aux ministres communistes Thorez, Croizat, Paul, Tillon, Billoux, Wallon, Casanova (sans oublier Joliot-Curie, qui remit en selle la Recherche publique) sont inséparables du poids acquis par le PCF (près de 29% des voix pour le Parti des Fusillés en 1946), première force de la Résistance intérieure armée avec les FTPF et les FTP-MOI, de la force de la CGT (cinq millions d’adhérents en 46)… et de la présence de l’Armée rouge à quelques centaines de kilomètres de Paris.. .
C’est en effet de cette époque que datent, avec l’indépendance nationale restaurée, la Sécurité sociale, les retraites par répartition, les statuts du mineur et du fonctionnaire, le droit du travail moderne, les comités d’entreprise, la nationalisation franche de Renault, d’Air-France, des banques et des assurances, du gaz et de l’électricité, de la SNECMA (avions), la relance de la production industrielle, les prix à la production garantis pour les paysans, sans parler du droit de vote des femmes (inlassablement réclamé au Général de Gaulle par Fernand Grenier, le délégué permanent du PCF clandestin à Londres) et de la Constitution relativement démocratique de 1946 (proportionnelle à tous les niveaux).
Bien entendu, il ne faut rien idéaliser : dans les conditions du compromis historique alors réalisé, sur fond de coalition antifasciste mondiale, entre les gaullistes et les communistes français (un compromis transitoire, qui s’imposa aux deux parties en raison du rapport des forces, mais que maudit aujourd’hui ouvertement l’édito déjà mentionné de Kessler-MEDEF), il ne fut pas possible d’éradiquer le capitalisme et l’impérialisme français, et dès le 8 mai 1945, celui-ci, les forces néocoloniales se livraient à une première contre-attaque en organisant de sanglantes exactions de masse en Algérie et à Madagascar.
Mais outre que la prétendument « pacifique » « construction européenne » n’a en rien ralenti les prédations sanglantes de la Françafrique et de la Françarabie (les ingérences de Sarkozy et de Hollande adossées à l’OTAN ont mis le feu à la Libye, au Mali…), qui ne voit aujourd’hui que, dans notre pays même, l’UE supranationale ne fait rien d’autre que DEROULER A L’ENVERS LE FILM DE 1945 ?
Sur le plan de l’indépendance nationale, la Nation est méthodiquement humiliée et défaite : le vote populaire souverain du 29 mai 2005 qui refusait la constitution supranationale a été violé et le peuple déconstitué puisqu’un traité jumeau du TCE est en application par la faute conjointe du PS et de l’ex-UMP ; désormais, Bruxelles, la BCE et, en réalité, Berlin, supervisent le budget « français » au nom des critères de Maastricht et de la sauvegarde du maudit euro, ce clone du Deutsche Mark. Hollande vient d’ailleurs de « fêter » la décision gaullienne de chasser l’OTAN et les troupes US de notre sol (1966) en obtenant de l’Assemblée « nationale » réunie en procédure d’urgence (c’est-à-dire en court-circuitant le président « gaulliste » du Sénat, qui n’a pas protesté !) qu’elle autorise le retour plénier sur notre sol de l’Alliance atlantique et des troupes étrangères.
Sur le plan institutionnel, c’est le grand euro-démontage : aux communes de France jadis émancipées par la Révolution jacobine, à la République française une, laïque et indivisible succède, contre-réforme territoriale oblige, le partage de la France en « métropoles » et en grandes régions à l’allemande taillées sur mesure pour les grandes sociétés avides de contourner les « contraintes » nationales en matière de droit du travail, de marché local et de marché national : il faut bien s’aligner sur les exigences du MEDEF dont le manifeste intitulé Besoin d’aire (2011) prescrit la substitution à l’Etat-nation de l’Europe fédérale des Länder dans le cadre de l’« l’Union transatlantique », alias « TAFTA ».
Sur le plan culturel et linguistique c’est l’hallali contre la langue française de plus en plus marginalisée en tous domaines par le tout-anglais que promeut, en violation totale des traités, une UE qui va jusqu’à adresser en anglais (lettre de cadrage de l’ex-ministre « français » Moscovici) ses sommations au gouvernement « français » pour le sommer de déréguler le marché du travail (telle est l’origine de la « loi El Khomri », et aussi du « Job Act » de Matteo Renzi en Italie). On est aux antipodes de la Résistance et du CNR qu’inspiraient les « Lettres françaises » clandestines pilotées par Aragon, Morgan et Elsa Triolet. Des « Lettres » qui n’en accueillaient pas moins Mauriac, Sartre, Eluard, Malraux, et tant d’autres géants de notre langue et de notre littérature !
Sur le plan des libertés démocratiques, cette UE n’est rien d’autre qu’une machine à criminaliser le communisme historique – du rapport Lindblad à l’interdiction des PC en Ukraine, Pologne, Lituanie, Tchéquie… – et à réhabiliter le nazisme, l’extrême droite et les pires communautaristes religieux : pendant que des syndicalistes rouges grillent tout vifs dans le local des syndicats d’Odessa flambés par les nazis ukrainiens, l’UE/OTAN soutient les putschistes de Kiev dont le « parlement » est présidé par… le fondateur du Parti National-Socialiste Ukrainien ! Sans parler du soutien financier massif que l’UE apporte au régime clérical-fascisant d’Ankara et à sa tentative d’écraser les Kurdes, la presse et les syndicats de lutte !
Sur le plan international, outre que l’UE/OTAN a suscité l’implosion de la Yougoslavie et le dépeçage impérialiste qui l’a suivie, comment ne pas voir que le bloc euro-atlantique est, à l’égal de l’ Union transpacifique concoctée par Washington, Tokyo et Séoul, entièrement tourné contre la Russie et la Chine, et à ce titre, porteur d’une future guerre mondiale. A l’intérieur de l’UE, qu’est-ce donc que cette Pax europeana qui débouche sur l’écrasement par l’impérialisme allemand, enfin décomplexé et encensé par ses collabos de l’oligarchie « française », des prétendus PIGS : Portugal, Italie, Grèce, Espagne,pendant que des milliers de migrants chassés par les ingérences impérialistes, se noient en Méditerranée aux portes d’une « forteresse Europe » de plus en plus raciste ?
Enfin, sur le plan social, l’ « intégration » européenne se traduit par la désintégration méthodique des conquêtes gagnées par les travailleurs dans le cadre des Etats-nations : en France, c’est le désossage des avancées résultant de l’action des ministres communistes de 1945/47 : désossage du secteur public industriel et de service (en ce moment, SNCF et EDF…), du produire en France industriel et agricole, de l’Education nationale (contre-réformes maastrichtiennes d’Allègre, Fillon, Chatel, Peillon, NVB…), des statuts et du Code du travail, de la Sécu et des retraites au profit des assurances privées, accaparement des médias par les géants militaro-financiers en violation des Ordonnances de 45 sur la presse, la liste fait le quotidien des résistances sociales dans notre pays.
En résumé, l’UE n’est rien d’autre qu’une construction intrinsèquement contre-révolutionnaire, impérialiste, anticommuniste, antinationale, antisociale, que résume l’article TOTALITAIRE du Traité de Maastricht qui dispose que « l’UE est une économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », ce qui signifie que ses peuples sont livrés sans alternative légale possible aux prédations du grand capital et à l’hégémonie impériale de l’Axe Washington-Berlin.
Il s’ensuit que lorsque Hollande, Sarkozy ou leurs affidés respectifs « commémorent » le 8 mai 1945 la larme à l’œil, ils ne sont rien d’autre que des HYPOCRITES et des USURPATEURS.
Il s’ensuit que lorsque les états-majors de la gauche politico-syndicale établie et du Parti de la Gauche Européenne (présidé par P. Laurent) prétendent qu’on peut « réorienter dans un sens progressiste l’euro et l’UE » (ils n’osent pas encore dire l’OTAN et le TAFTA, mais ça viendra !), ils mentent aux travailleurs, divisent les forces anti-impérialistes, désarmement le mouvement social et paralysent le camp antifasciste.
Il s’ensuit que lorsque le PRCF, dont nombre de dirigeants sont issus de la Résistance, propose un FRont Antifasciste, Patriotique et Populaire(FR.A.P.P.E. !) pour sortir notre peuple de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme, pour déployer l’Europe DES LUTTES, coopérer à égalité avec tous les peuples de tous les continents et rouvrir la route du socialisme aux travailleurs de France, il se conduit à la fois en pionnier de l’avenir révolutionnaire et en digne héritier des combattants de 1945, de leur patriotisme républicain comme de leur internationalisme progressiste ardent.
Il s’ensuit que ceux qui, dans les actes et non dans les mots, veulent agir pour affranchir notre pays d’une euro-dictature pire en son fond que la première Europe contre-révolutionnaire de Metternich, doivent se concerter pour organiser ensemble une grande manifestation pour les quatre sorties ;sans crainte d’unir pour cela le drapeau rouge du prolétariat international au drapeau tricolore de la nation républicaine comme le firent tant de nos martyrs communistes tombés sous les balles hitlériennes pour que vive la France et que vive le socialisme !
LEON LANDINI, président du PRCF, anc. officier FTP-MOI, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Grand Mutilé de guerre – Pierre PRANCHERE, vice-président du PRCF, anc. FTPF, Combattant volontaire de la Résistance, anc. député, anc. membre du CC du PCF –Hermine LANDINI-PULVERMACHER, anc. FTP-MOI, anc. secrétaire du groupe communiste à l’Assemblée nationale– Jean-Pierre HEMMEN, vice-président du PRCF, soldat du refus de l’OTAN, fils de fusillé – Georges GASTAUD, secrétaire national du PRCF, fils d’un Résistant décoré par la France, par les USA et par la Pologne populaire – Antoine MANESSIS, responsable international du PRCF, fils de deux Résistants communistes – Jany SANFELIEU, secrétaire à l’orga du PRCF, fille de combattant espagnol républicain- Annette MATEU-CASADO, trésorière nationale du PRCF, fille de Résistants communistes espagnols-