Alors que la Corée du Nord vient de démanteler son site d’essais nucléaires, Trump et les USA n’ont fait à ce jour aucun geste pour cesser leurs agressions contre la Corée. Les manœuvres militaires belliqueuses de l’armée américaine sur le 50e parallèle n’ont pas été interrompues. Et le seul acte du président américain aura été – par une lettre au ton insultant – de refuser le dialogue pacifique ouvert par Pyongyang. En effet, ce 24 mai, le milliardaire qui dirige le pays au premier budget militaire du monde a annoncé annuler unilatéralement, sans aucune justification sérieuse, le sommet de paix prévu à Singapour dans les jours prochains. Alors que la Corée du Nord tient parole, une fois de plus ce sont les États-Unis qui montrent ce qu’est le sens de leur politique belliqueuse, eux qui viennent de bafouer le droit international face à l’Iran et la Syrie, eux qui continuent de soutenir leurs dictatures et forces putschistes, du Moyen-Orient à l’Amérique latine.
Les masques tombent et chacun peut constater que ce n’est pas la Corée du Nord qui menace la paix mondiale. Mais bien les États-Unis, et plus largement l’impérialisme capitaliste, qui écrasent les peuples dans le monde.
À Avion, une conférence sur les deux Corée, pour la paix
Il est temps que le peuple coréen se débarrasse de l’occupation états-unienne et se dirige de manière concertée et démocratique vers une réunification. Les États-Unis ne sont pas une solution, ils sont le problème. Respectons la charte de l’ONU du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et laissons le peuple coréen enfin maître de son destin.
Les 18, 19 et 20 mai derniers, la fédération du Pas-de-Calais du Parti communiste français (PCF) a organisé l’édition 2018 du Festival de l’Humain d’abord à Avion. Le 20 mai après-midi, un débat sur la Corée a été organisé sous le grand chapiteau, animé par Benoît Quennedey, président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), Daniel Rougerie, président du comité Hauts-de-France de l’AAFC, et Aymeric Monville, membre du Comité international pour les libertés démocratiques (CILD) en Corée du Sud, qui revenait de Séoul et a ainsi pu témoigner des évolutions récentes dans la péninsule, quelques semaines après le troisième sommet intercoréen du 27 avril 2018 et avant la rencontre attendue entre les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump à Singapour le 12 juin 2018. Pour la bonne organisation de ces échanges, l’AAFC remercie les organisateurs du festival, la section PCF d’Arras, qui avait proposé la tenue de ce débat, ainsi que Marianne Dunlop, membre de l’AAFC dans le Pas-de-Calais, présidente de son comité Espéranto, en contact avec les militants communistes de l’Arrageois.
À titre liminaire, Benoît Quennedey a rappelé la création de l’AAFC, fondée en 1969, et ses objectifs : encourager la réunification pacifique et indépendante de la Corée par les Coréens eux-mêmes, favoriser les échanges entre la France et l’ensemble de la Corée (en prenant comme exemples récents des coopérations dans le domaine du handicap, la mise en contact d’universitaires ou encore les actions de solidarité, en particulier avec la fédération du Nord du Secours populaire français), faire pièce à une information sur la Corée du Nord trop souvent erronée et/ou donnée en termes systématiquement négatifs, en réunissant dès l’origine des militants venus de divers horizons politiques.
Aymeric Monville a fait état de la situation en Corée du Sud, longtemps dirigée par une junte militaire, et où la mobilisation populaire dans le cadre de la révolution des bougies a chassé du pouvoir, durant l’automne et l’hiver 2016-2017, la très autoritaire présidente Park Geun-hye. Pour autant, des droits politiques et syndicaux restent à conquérir : il y a une interdiction de facto de se syndiquer dans les entreprises et les sous-traitants du conglomérat Samsung, qui représente plus d’un cinquième de l’économie sud-coréenne ; la loi de sécurité nationale interdit non seulement l’expression d’opinions jugées communistes ou pro-Corée du Nord, mais est utilisée pour réprimer les mouvements d’opposition ; l’homologue sud-coréen de Philippe Martinez, le dirigeant de la KCTU Han Sang-gyun, a écopé d’une peine de trois ans de prison, avant d’être libéré en ce mois de mai 2018 sous l’effet, notamment, de la mobilisation internationale – y compris à l’initiative du CILD.
Le nouveau cours diplomatique dans la péninsule coréenne est le fruit de la volonté partagée des Coréens d’oeuvrer pour la réunification de leur pays, divisé après la Seconde guerre mondiale par le jeu des grandes puissances (États-Unis en tête) et détruit par les bombes américaines pendant la guerre de Corée (1950-1953), laquelle a causé quelque 3 millions de morts. Le retour au dialogue a aussi été rendu possible par la volonté des autorités nord-coréennes de discuter d’égal à égal avec les Américains, dès lors qu’elles disposent de la dissuasion nucléaire qui a créé une forme de parité stratégique, mais à condition d’avoir des garanties de sécurité et que les sanctions internationales soient levées au fur et à mesure de la dénucléarisation de la Corée du Nord – et non à l’issue d’un processus qui donnera probablement lieu à des discussions longues et difficiles. À cet égard, l’administration américaine ne forme pas un bloc homogène, et des faucons – comme John Bolton – parient sur l’échec des négociations.
Les discussions qui ont suivi ont porté notamment sur le rôle de la Chine, le refus de la France d’établir des relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée, ou encore le caractère du socialisme coréen, qui s’inscrit dans le cadre des luttes de libération nationale.