Ce soir-là, je cherchais sur la télé française une chaîne qui retransmettrait le discours de Vladimir Poutine sur la reconnaissance des provinces de Lougansk et de Donetsk.
C’était annoncé, mais pas moyen d’obtenir le son. Et à peine l’image : le président russe apparut enfin en fond d’écran mais c’étaient « nos » journalistes qui parlaient et commentaient un discours que, manifestement, ils n’avaient ni le droit d’écouter en parallèle ni de retransmettre mais dont ils savaient la teneur par d’autres canaux. Le miracle de la voix dans l’oreillette sans doute.
Sur BFMTV, puisque le hasard avait voulu que je m’y arrêtasse, on annonçait que Poutine, en exorde de son discours, avait osé d’emblée parler de la Russie bolchévique et de Lénine, « et ce, en 2022 ». Sous-entendu : vous vous rendez compte, avec Poutine le péril rouge revient, il va refaire l’URSS, etc.
Après écoute du discours sur internet et donc sur RT, je compris qu’il s’agissait tout bonnement, comme je le subodorais, des récriminations classiques de Poutine au sujet de Lénine, à qui est – anachroniquement – reproché d’avoir administrativement séparé l’Ukraine de la Russie en deux républiques distinctes.
https://www.youtube.com/watch?v=qFuOxda8LYs
Bref, pas de quoi fouetter un chat, on restait dans la politique russe habituelle. Et il faut croire que Vladimir Poutine a les nerfs bien solides pour se payer le luxe, en pleines provocations fascisantes de l’OTAN, de faire de la vulgaire politique intérieure sur le dos de Lénine et surtout de ses héritiers, à savoir le KPRF de Ziouganov, qui, lui, n’est pas moins fermement opposé à l’agression occidentale en cours.
Lénine était donc à peine le sujet, mais la sous-culture journalistique française, qui sans vergogne, est là précisément pour filtrer l’information bien plus que pour la transmettre, ne perd jamais l’occasion de ramener la Russie à son image d’éternelle opposante à l’Occident, bref à sa nature – qu’on le veuille ou non – objectivement anti-impérialiste.
Preuve que sur ce plan, Vladimir Poutine n’arrive pas à être aussi antiléniniste qu’il le voudrait.
Et n’oublions pas que si Poutine peut résister aux sanctions croissantes des États-Unis et de l’Europe, c’est parce qu’il a la Chine communiste comme alliée.
AM pour www.initiative-communiste.fr
Dans son discours le président russe a souligné : «Quant à ceux qui ont pris le pouvoir à Kiev et qui le gardent, nous exigeons d’eux l’arrêt immédiat des opérations militaires, autrement toute la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang reposera totalement sur la conscience du régime en territoire ukrainien.»
Apres 8 ans de bombardements continus du #Donbass par la junte de #Kiev et son viol systématique des accords de #Minsk appuyé par #Macron et #Merkel, la #Russie prend fermement position pour faire taire les armes de l'#Axe #USA #UE #OTAN https://t.co/z0eoKWIz0e
— PRCF (@PRCF_) February 21, 2022
En clair la Russie prend une position politique – et non pas une position militaire – qui survient après 8 années continues de bombardement du Donbass par la junte de Kiev. Une junte financée et armée par l’Axe USA-UE-OTAN. une junte qui s’appuie sur des milices ouvertement néo-nazies. Une junte qui aux ordres de l’OTAN installe les bataillons et l’infrastructure militaire de l’alliance étatsunienne aux portes de la Russie. Une junte qui réprime les antifascistes ukrainiens, persécute et interdit les communistes, et privatise et brade l’Ukraine au profit de quelques oligarques et du grand capital occidental. Rappelons que la famille Biden, et notamment le fils du président américain, a des intérêts directs dans la principale entreprise gazière ukrainienne Burisma. Hunter Biden en ayant été l’un des administrateurs nommé immédiatement après le putsch d’euro Maïdan, et ce au moins jusqu’en 2019.
Une position qui est le résultat de 8 années de viol des accords de Minsk, qui font droit international, puisqu’enrôlé par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Des accords violés de façon systématique par Kiev, sans aucune intervention de leurs garants européens Berlin et Paris. Au contraire, via Bruxelles, ils ont alimenté la junte de milliards d’euros de financement, et l’ont gavé d’armements lourds et de munitions, y compris des missiles. Perpétuant la guerre.
Les accords de Minsk sont pourtant un cadre simple et clair pour la résolution politique de la situation. Rappelons que la junte de Kiev, obéissant en cela aux ordres qui lui sont donnés par Washington, Bruxelles et Berlin, refuse net par exemple la mise en œuvre de l’ouverture de la négociation directe avec les représentants du Donbass, préalable indispensable à la construction de la réforme constitutionnelle prévu par les accords de Minsk. C’est-à-dire tout simplement l’ouverture d’une solution politique. À l’inverse, elle a massé 150 000 soldats aux portes du Donbass et n’a eu de cesse depuis 2014 que d’y mener des raids avec ses tanks et ses canons.