Par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative Communiste
Qu’aurait donc chacun de nous de plus pressant à faire que de… défendre la paix mondiale ?
Le Parlement européen vient de voter une résolution (soutenue entre autres par les eurodéputés verts et « socialistes », LFI se contentant de s’abstenir !) qui « exhorte » les gouvernements de l’UE à donner leur feu vert pour l’emploi de missiles otaniens à longue portée « dans la profondeur du territoire russe ».
Moscou a averti officiellement que l’usage de telles armes – essentiellement franco-anglaises, mais à composantes américaines – à l’encontre de la Russie signifierait que l’OTAN et ses États-membres sont devenus cobelligérants officiels contre la Russie. Incidemment, le président de la Douma russe a indiqué que les missiles hypersoniques russes étaient en mesure de frapper… Strasbourg en 3 minutes. Ambiance de veillée d’armes, donc !
Par ailleurs, c’en est désormais officiellement fini en Russie de la doctrine nucléaire héritée de l’URSS qui refusait par principe que Moscou pût se servir la première de l’arme nucléaire contre un ennemi. Désormais, Poutine est autorisé politiquement et militairement à faire usage le premier du feu nucléaire s’il juge la Russie ou la Biélorussie stratégiquement menacées.
Or cela ne va pas empêcher Zelensky d’aller ce jour même exiger de Biden, sans le moindre esprit de responsabilité pour l’avenir global de l’espèce humaine, qu’il soutienne son « plan de victoire » complètement déconnecté des réalités militaires (la Russie avance sur tout le front et l’armée de Kiev est aux abois !) incluant des frappes en profondeur sur la Russie à l’aide de missiles fournis et guidés par l’OTAN. Ceux qui, dans une telle situation, parient que « Poutine est faible » et qu’il « bluffe » en parlant de guerre atomique, jouent littéralement l’avenir de »humanité à la roulette russe avec un revolver à deux coups ! Les mânes de Kennedy, qui avait su trouver un accord avec Khrouchtchev en 1962, lors de la crise « des fusées de Cuba », doivent se retourner dans leur tombe !
Par ailleurs, non content d’avoir fait de Gaza, durant des décennies, un camp de concentration à ciel ouvert, puis, depuis le 8 octobre 2023, un camp d’extermination pur et simple (100 000, 200 000 morts déjà ?), l’irresponsable boucher génocidaire qui dirige Israël est en train de provoquer, crimes de guerre répétés à l’appui (affaire des bipers » éclatant n’importe où), une guerre globale contre le Liban qui peut à tout moment dégénérer en conflit régional impliquant la Syrie et l’Iran, voire l’Irak. Et quoi ensuite? Les USA et leur toutou élyséen feignent de s’irriter mais Washington et Berlin continuent d’envoyer des quantités d’armes à l’écorcheur toujours impuni du Proche-Orient !
Ces deux conflits, Donbass et Proche-Orient, et tant d’autres qui « mûrissent » en mer rouge, dans le Caucase, dans le détroit de Taïwan, en mer de Chine, dans la Péninsule coréenne, sans parler de la guerre larvée que les USA mènent contre Cuba, le Nicaragua et le Venezuela, peuvent à tout moment embraser le monde entier et provoquer la Troisième Guerre mondiale à dimension nucléaire, donc exterminatrice. Grâce à Macron, qui essaie de compenser son dévissage politique total en France par un surcroît d’agressivité antirusse, la population française peut rapidement « être au premières loges » des échanges de tirs nucléaires. Disons-le franchement à nos concitoyens qui croient encore qu’au pire, la France ne serait impliquée que par quelques légionnaires tricolores guerroyant à Odessa comme en 1918…
Car ce qui est frappant, c’est la placidité, pour ne pas dire la complicité par omission (dans le meilleur des cas) de la « gauche » institutionnelle politico-syndicale française et la faible riposte du peuple et de la jeunesse de France (contrairement aux jeunes Allemands par exemple) aux menées globales de l’impérialisme euro-atlantique cherchant, « sans lignes rouges » aucunes, à maintenir à n’importe quel prix son hégémonie mondiale compromise !
Plus que jamais, citoyens, sonnons le tocsin à toute heure pour réveiller les somnambules qui nous entourent partout. Et lions très fort ensemble, parce qu’elles sont objectivement solidaires, les luttes pour la paix (sortons du capitalisme exterministe !), pour l’indépendance nationale (sortons de l’OTAN!), la démocratie (sortons de l’UE !) et le progrès social (sortons de l’euro !) !
À toute occasion, citoyens et camarades, expliquons, expliquons, expliquons !
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Vers le grand réveil du prolétariat mondial
Après les grèves géantes et victorieuses des prolétaires indiens, bangladais, mexicains, mais aussi des ouvriers britanniques des transports, des agents des services publics québécois, des ouvriers et techniciens de Samsung (Corée du sud), des travailleurs de John Deer et de Stellantis (USA), c’est Boeing qui est entré en grève dure : « à l’américaine » – c’est-à-dire pour GAGNER, avec arrêt complet de la production et sous piquets de grève ! – pour l’augmentation sensible de leurs salaires rongés par l’inflation. Bonne nouvelle aussi pour la paix, car Boeing a toujours été au cœur du complexe militaro-américain…
De plus en plus, le prolétariat mondial – et en son cœur la classe ouvrière de l’industrie, des transports, des chantiers et de l’énergie – sort de l’abattement mondial qui avait suivi l’implosion contre-révolutionnaire de l’URSS et du camp socialiste : il réclame fièrement son dû, non pas en pleurnichant après un dérisoire « dialogue social » entre capital et travail, comme le pitoyable Laurent Berger et son incolore successeure, mais « à la prolétarienne » et en tapant du poing sur la table ! ET SOUVENT, IL GAGNE, les patrons et les gouvernements craignant la « contagion » !
Or, qui doute que chez nous, « l’eau qui dort » depuis la répression macroniste fascisante des Gilets jaunes et la grande lutte trahie (par Berger et ses séides), ne puisse se muer en un fleuve déferlant face à un gouvernement Barnier dénué d’ancrage populaire, fragile institutionnellement, archi-réactionnaire dans sa composition et dont le but, fixé par l’UE, est d’aggraver la politique macroniste de casse sociale, d’étouffement de l’indépendance nationale (« saut fédéral européen », mainmise directe de l’UE sur le budget français, course aux armements pilotée par l’OTAN) que les ouvriers, employés, paysans ont massivement condamnée aux législatives ?
Nous le disons depuis longtemps au PRCF: « Marianne ne consent pas » ! et ceux qui n’en finissent pas de violer sa volonté et de l’humilier grossièrement vont finir par réentendre à leurs dépens le couplet républicain vengeur qui, en 1793, s’achevait par les mots « Le peuple souverain s’avance, / Tyrans descendez au cercueil ! ».
Alors nous, militants franchement communistes et syndicalistes de lutte, tournons-nous vers les entreprises et les services publics, vers les lycées et des quartiers populaires.
Et dans le monde, soutenons le grand débat qui ne saurait manquer de renaître sur la renaissance d’une Internationale communiste et ouvrière (I.C.O. !) arrimée à un large Front mondial contre l’impérialisme, l’hégémonisme et l’exterminisme !
Et que vive l’« extrême-droite républicaine » façon Barnier !
S’exprimant sur France-Inter le 24 septembre, le jeune et inexpérimenté ministre de l’Économie a commis l’imprudence d’exclure le RN du prétendu « Arc républicain ». Aussitôt, Barnier l’a publiquement tancé en rappelant que, oui, le RN fait partie de l’Arc républicain. Le présumé Premier ministre a aussitôt appelé la nouvelle faiseuse de roi, Marine Le Pen, pour la rassurer pleinement à ce sujet, la pauvre chérie… Car sans l’abstention bienveillante des députés RN lors de la prochaine motion de censure annoncée par la gauche parlementaire, le gouvernement Barnier-Retailleau… Le Pen sera mort-né !
La réaction de Barnier confirme donc que ce gouvernement sera, sur tous les plans, le pire qui soit depuis des décennies : un énième gouvernement dominé par le parti présidentiel et par la droite dure – avec à l’intérieur un franc ennemi de la république et des syndicats, le vendéen Retailleau –, un proconsulat non déguisé de l’UE (dont Barnier a défendu la Constitution en 2005, et pour laquelle il a négocié le Brexit), un continuateur exalté et hyper-dangereux pour la France de la politique guerrière de l’OTAN… et un otage consentant du Rassemblement lepéniste dont Retailleau a commencé sans tarder à mettre en place la politique liberticide, antisyndicale et xénophobe.
En recadrant brutalement son nouveau ministre de l’Économie, qui n’avait pas compris que l’ère du baratin macroniste sur le « en même temps » est terminée, Barnier a aussi humilié la gauche et l’extrême gauche « antifascistes », sans compter quelques « marxistes-léninistes » égarés qui, sous couvert de « front républicain anti-Le Pen », ont eu la candeur d’appeler à voter au second tour des législatives pour les Darmanin, Borne, Hollande et autre… Barnier. « Pour conjurer le danger Le Pen », qu’ils disaient… De ce côté, on attendra en vain, comme d’habitude, la moindre autocritique!
Moralité, que l’on pourrait aisément tirer dans le principe d’une relecture du rapport Dimitrov au VIIe Congrès de l’Internationale communiste (1935), on ne combat pas les fascistes en se subordonnant aux fascisateurs, pas plus qu’en 1933 il n’était astucieux, comme l’a suicidairement fait la social-démocratie allemande « pour barrer la route à Hitler », de voter pour le fascisant Hindenburg. Lequel, une fois devenu président, a… aussitôt appelé Adolf Hitler à former le gouvernement !
Bref, n’en déplaise aux opportunistes de droite, la politique de front antifasciste, patriotique, pacifique et populaire ne doit jamais faire oublier la lutte classe contre classe, et la réciproque vaut contre les sectaires et autres dogmatiques qui refusent toute idée de front.
CQFD, sinon… « CFDT » !
1er octobre intersyndical : ensemble contre toutes les contre-réformes !
Pas pressées d’affronter le nouveau gouvernement (qu’ont d’emblée validé MM. Roussel et Chassaigne en acceptant l’invitation de Barnier à Matignon), les directions des confédés syndicales « de transformation sociale », CGT, SUD et FSU, appellent à leur traditionnelle « rentrée syndicale » le 1er octobre. De plus en plus tard donc, et après avoir laissé bien peinard Macron durant la « trêve olympique » : dame, il ne fallait pas faire de peine à Bernard Thibault, l’ex-chef de file (réformiste) de la CGT entre-temps devenu le Monsieur-Bons-Offices du Comité olympique…
Notons que rien ne rien ne sera fait le 1er octobre, de peur de heurter la gauche euro-atlantiste, pour lier les luttes revendicatives à la lutte pour la paix mondiale et pour le désarmement. Du reste, les dirigeants de plusieurs fédés de la CGT, les mêmes qui ont électoralement soutenu le « Nouveau Front populaire » aux législatives, appellent déjà à mettre la pédale douce en demandant aux salariés d’éviter les mots d’ordre trop politiques (surtout pas de « Macron, destitution ! » malséants dans les cortèges!) et de « se recentrer sur les métiers » : en clair, vive le bon vieux corporatisme diviseur et pas de « tous ensemble en même temps » qui peut nous conduire Dieu sait où !
Et si, tout au contraire, les travailleurs franchement insoumis au capital, et partant de leurs besoins criants (pouvoir d’achat notamment) et non des arrangements de coulisse entre apparatchiks, revendiquaient à l’unisson,
- l’augmentation générale des salaires et des pensions et LEUR RÉINDEXATION SUR LES PRIX, comme c’était le cas avant le « tournant de la rigueur » de 1983… qui fut surtout, sous l’égide du malfaisant Delors, celui du lancement de la marche vers la funeste monnaie unique européenne qui a transféré tout le pouvoir économique décisionnel à la Banque de Francfort ;
- l’abrogation, et non pas l’« amélioration » de la réforme des retraites et de TOUTES les contre-réformes inspirées par l’UE : SNCF, EDF, Poste, Éducation, Sécu, hôpitaux, etc., ainsi que l’interdiction de toutes les délocalisations et autres licenciement collectifs ;
- l’augmentation substantielle de l’impôt sur le capital, sur la fortune mobilière et immobilière, la baisse des produits de première nécessité.
Alors, même si ça doit nuire au sommeil des endormeurs professionnels, osons crier « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! », « des crédits pour l’hôpital, pas pour la guerre mondiale ! », « du fric pour l’enseignement, pas pour la guerr’ de l’OTAN ! »
Sans oublier de scander aussi, car la fascisation et l’euro-fascisation fusionnent dans le gouvernement Barnier-Retailleau : « Gouvern’ment Barnier, c’est la double peine ! C’est l’otag’ de Le Pen et d’l’Union européenne! ».