![](https://www.initiative-communiste.fr/wp-content/uploads/2022/12/221026-Largent-pour-salaire-pas-guerre-1695x1200.jpeg)
Quand le PRCF affiche sur les murs « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre », quand ses militants expliquent, dans les manifestations pour les retraites, que le report du départ à 67 ans et la baisse des pensions, ont été faits, en partie, pour financer les guerres de l’Axe USA UE OTAN, idem pour les coupes budgétaires dans l’Education Nationale ou les hôpitaux, certaines personnes sont incrédules. Sans doute effrayées, ou sous la pression de la propagande systémique, ont-elles du mal à faire confiance à ces travailleurs communistes, décrivant l’éléphant au milieu du salon, que tant d’organisations de gauche veulent refuser d’évoquer, de voir, ou pire, tel le PS ou EELV, s’emploient à cacher ?
Mais cette explication, cette description de la réalité, ce n’est pas celle du PRCF uniquement. Les communistes ne font en effet que dire la réalité factuelle, parfaitement exposée dans les cercles de pouvoir du système capitaliste. Eux ne se trompent pas. En témoigne le discours, prononcé au parlement européen, par l’ancien premier ministre néerlandais, devenu dirigeant de l’OTAN. Un discours qu’il faut absolument faire connaître, pour qui est soucieux, tout à la fois, de pouvoir se faire soigner aux urgences de sa ville, lorsqu’il en aura besoin et d’éviter que ses enfants, ou petits enfants, ne soient envoyés dès demain dans les sanglantes tranchées de l’OTAN et de sa guerre mondiale en préparation.
Au moment où le patron de la Gendarmerie demande à ses officiers de préparer la guerre, ne vous bouchez pas les oreilles ! Entendez ce que dit l’OTAN, pour comprendre que la meilleure façon de défendre la paix, c’est de défendre les droits sociaux, les salaires des travailleurs de France !
Alors oui plus que jamais, l’argent pour les salaires pas pour la guerre !
L’OTAN le confirme, il n’y a pas de risque de guerre pour la France…
« Il n’existe aucune menace militaire imminente pour nos 32 alliés », affirme en préambule Rutte. Voilà qui est clair. Voilà qui démontre de manière incontestable qu’il n’y a aucune raison que la France se saigne pour payer 417 milliards d’euros de dépenses militaires ordonnées conjointement par l’OTAN et l’Union européenne, alors que tant de services d’urgences sont fermés, faute de médecins et de soignants, et que tant de nos enfants n’ont pas de professeurs pour leur faire classe.
Privatiser les retraites pour disposer de fond de pension investissant dans l’armement : des canons ou des pensions, il faut choisir
« Aux citoyens des pays de l’OTAN, et notamment d’Europe, je dis :
dites à vos banques et à vos fonds de pension qu’il est tout simplement inacceptable qu’ils refusent d’investir dans l’industrie de la défense. »
Retraites, sécurité sociale, santé ou guerre de l’OTAN il faut choisir
« Je sais que dépenser plus pour la défense revient à dépenser moins pour d’autres priorités.
En moyenne, les pays européens dépensent facilement jusqu’à un quart de leur revenu national pour les retraites, la santé et la sécurité sociale.
Nous avons besoin d’une petite fraction de cet argent pour renforcer considérablement notre défense et préserver notre mode de vie. »
« J’ai vu cet article dans le Financial Times aujourd’hui, et ce chiffre de 3 % (ndlr de dépense des États pour l’OTAN) a été mentionné, et j’ai décidé aujourd’hui de ne pas mentionner un nouveau chiffre. Nous aurons besoin de plus de temps pour consulter les Alliés sur le nouveau niveau exact à atteindre. Mais il est considérablement supérieur à 2 %. Mais permettez-moi d’être très franc, si vous ne voulez que dépenser plus et non pas mieux dépenser, vous devez passer à au moins 4%. »
Pour mémoire, le budget de l’armée en France pour 2025, avec le gouvernement Bayrou, est de 50 milliards d’euros, en augmentation de 25% par rapport à 2022 (41 milliards d’euros). Mais pour correspondre aux 4% minimum exigés par l’OTAN, il devrait être de 117 millions d’euros. 67 milliards d’augmentation, qui nécessitent de couper deux fois plus dans les dépenses sociales, de justice, de solidarité, de services publics que ce que fait déjà le budget 2025. Rappelons que la réforme des retraites de 2023 est censée rapporter 17 milliards d’euros d’économies sur le dos des travailleurs de France, dont 8 milliards directement. Huit milliards déjà absorbés par la hausse du budget de l’armée entre 2022 et 2025.
L’OTAN pour augmenter les crédits de guerre cible la Sécurité sociale
« N’oubliez pas qu’en Europe, nous représentons la moitié de la population mondiale, pardon, nous représentons 10% de la population mondiale, et nous consacrons 50 % de toutes les dépenses mondiales à la sécurité sociale. Donc, en ce sens, nous avons une certaine marge de manœuvre. »
Discours du Secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, au Concert Noble, Bruxelles
![](https://www.initiative-communiste.fr/wp-content/uploads/2025/01/20241212-MarkRutteOTAN-1800x1200.jpeg)
Merci beaucoup Rosa, et merci beaucoup à Carnegie Europe d’avoir organisé cet événement aujourd’hui dans ce lieu spectaculaire.
Et c’est formidable de voir autant de gens ici dans la salle et je sais que beaucoup d’autres nous rejoindront en ligne, du monde entier.
Alors bonjour, bon après-midi et bonsoir à vous tous !
C’est pour moi un grand honneur d’entamer une conversation cruciale avec les citoyens des pays membres de l’OTAN, en particulier ceux d’Europe et du Canada.
C’est à vous que je m’adresse.
C’est de votre soutien dont j’ai besoin.
Ce sont vos voix et vos actions qui détermineront notre sécurité future.
Je vais être honnête : la situation sécuritaire n’est pas bonne.
C’est sans doute la pire de ma vie.
Et je soupçonne qu’elle l’est aussi pour vous.
Depuis Bruxelles, il faut une journée pour se rendre en Ukraine.
Une journée,
c’est à cette distance que les bombes russes tombent.
C’est à cette distance que volent les drones iraniens.
Et pas très loin, les soldats nord-coréens se battent.
Chaque jour, cette guerre provoque davantage de dévastation et de morts.
Chaque semaine, plus de 10 000 personnes sont tuées ou blessées de tous côtés en Ukraine.
Plus d’un million de victimes depuis février 2022.
Poutine tente d’effacer l’Ukraine de la carte.
Il tente de modifier fondamentalement l’architecture de sécurité qui a assuré la sécurité de l’Europe pendant des décennies.
Et il tente d’écraser notre liberté et notre mode de vie.
Son modèle d’agression n’est pas nouveau.
Mais pendant trop longtemps, nous n’avons pas réagi.
En Géorgie en 2008.
En Crimée en 2014.
Et beaucoup ne voulaient pas croire qu’il lancerait une guerre ouverte contre l’Ukraine en février 2022.
De combien de signaux d’alarme avons-nous encore besoin ?
Nous devrions être profondément préoccupés.
Je le suis, en effet.
L’économie russe est sur le pied de guerre.
En 2025, les dépenses militaires totales représenteront 7 à 8 % du PIB, voire plus.
Cela représente un tiers du budget de l’État russe et le niveau le plus élevé depuis la guerre froide.
L’industrie de défense russe produit des quantités énormes de chars, de véhicules blindés et de munitions.
La qualité de la production russe est compensée par la quantité, avec l’aide de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord.
Tout cela pointe dans une direction claire :
la Russie se prépare à une confrontation à long terme.
Avec l’Ukraine.
Et avec nous.
Les actions hostiles contre les pays alliés sont réelles et s’accélèrent.
Des cyberattaques malveillantes des deux côtés de l’Atlantique.
Des tentatives d’assassinat sur le sol britannique et allemand.
Des explosions dans un entrepôt de munitions en Tchéquie.
L’utilisation d’armes pour militariser les migrants qui traversent illégalement la frontière vers la Pologne, la Lettonie, la Lituanie et la Finlande.
Des brouillages visant à perturber l’aviation civile dans la région baltique.
Ces attaques ne sont pas des incidents isolés.
Elles sont le résultat d’une campagne coordonnée visant à déstabiliser nos sociétés et à nous dissuader de soutenir l’Ukraine.
Elles contournent notre dissuasion et amènent la ligne de front jusqu’à nos portes.
Et même jusque dans nos maisons.
Poutine estime qu’une « lutte sérieuse et irréconciliable est en cours pour la formation d’un nouvel ordre mondial ».
Ce sont ses propres mots.
D’autres partagent sa conviction,
notamment la Chine.
Nous devons être lucides quant aux ambitions de la Chine.
Elle renforce considérablement ses forces armées, y compris ses armes nucléaires, sans aucune transparence ni limitation.
La Chine devrait disposer de 200 ogives nucléaires d’ici 2030, contre 200 en 2020.
Ses investissements dans les lanceurs spatiaux montent en flèche.
La Chine tyrannise Taïwan et cherche à accéder à nos infrastructures essentielles d’une manière qui pourrait paralyser nos sociétés.
La Russie, la Chine, mais aussi la Corée du Nord et l’Iran travaillent d’arrache-pied pour tenter d’affaiblir l’Amérique du Nord et l’Europe.
Pour rogner sur notre liberté.
Ils veulent remodeler l’ordre mondial.
Non pas pour créer un ordre plus juste, mais pour sécuriser leurs propres sphères d’influence.
Ils nous testent
et le reste du monde nous regarde.
Non, nous ne sommes pas en guerre.
Mais nous ne sommes certainement pas en paix non plus.
***
Je tiens à être clair :
il n’existe aucune menace militaire imminente pour nos 32 alliés,
car l’OTAN s’est transformée pour assurer notre sécurité.
Les dépenses de défense ont augmenté.
L’innovation s’est accélérée.
Nous disposons de davantage de forces armées en état de préparation plus élevé. Nous
menons des exercices militaires plus importants et plus fréquents.
Nous avons davantage de troupes et de matériel sur notre flanc est.
Et, avec la Finlande et la Suède, nous avons davantage d’alliés au sein de l’OTAN.
Avec tout cela, notre dissuasion est bonne – pour l’instant.
Mais c’est demain qui m’inquiète.
Nous ne sommes pas prêts à affronter ce qui nous attend dans quatre ou cinq ans.
Le danger avance à toute vitesse vers nous.
Nous ne devons pas détourner le regard.
Nous devons y faire face :
ce qui se passe en Ukraine pourrait se produire ici aussi.
Et quelle que soit l’issue de cette guerre, nous ne serons pas en sécurité à l’avenir si nous ne sommes pas prêts à affronter le danger.
Nous pouvons y parvenir.
Nous pouvons empêcher la prochaine grande guerre sur le territoire de l’OTAN.
Et préserver notre mode de vie.
Cela nous oblige tous à être plus rapides et plus féroces.
Il est temps de passer à un état d’esprit de guerre
et d’augmenter notre production et nos dépenses de défense.
***
En ce qui concerne la production de défense, je suis absolument convaincu que son accélération est une priorité absolue.
Depuis que j’ai commencé à travailler pour l’OTAN, je suis allé en Ukraine et j’ai vu ce dont ce pays avait besoin pour se battre pour sa liberté.
J’ai rencontré des ingénieurs de Thalès en France, une usine de Rheinmetall (non, pas en Allemagne, mais en Italie) et Turkish Aerospace Industries en Turquie et j’ai vu les capacités qu’ils fournissent.
Et j’ai rencontré des représentants de l’industrie qui m’ont dit qu’ils avaient besoin de ce dont ils avaient besoin pour augmenter leur production.
Je peux vous le dire :
il reste beaucoup à faire pour assurer une dissuasion à long terme et rétablir la paix.
Nous ne sommes pas encore là où nous le souhaitons.
Notre industrie de défense, ici en Europe, a été vidée de son substance par des décennies de sous-investissement et d’intérêts industriels nationaux étroits –
alors que notre continent était en paix et que la défense était devenue un supplément facultatif.
En conséquence, notre industrie est trop petite, trop fragmentée et trop lente.
Pendant ce temps, les usines d’armement russes produisent 24 heures sur 24 du matériel de guerre.
Et malgré les efforts héroïques de nos amis ukrainiens,
la Russie reconstitue ses forces beaucoup plus rapidement que prévu.
Elle apprend vite sur le champ de bataille.
La base industrielle militaire chinoise est également en pleine croissance.
Selon certaines sources, la Chine acquiert des systèmes d’armes et des équipements de pointe cinq à six fois plus vite que les États-Unis.
Elle investit massivement dans les munitions, accélère ses capacités spatiales et étend son arsenal nucléaire – je le répète – sans aucune transparence ni limitation.
La Chine remet également en cause notre avance technologique – en investissant massivement dans les technologies de rupture de demain, notamment l’intelligence artificielle, les technologies quantiques et l’espace.
Tout cela aidera la Chine à planifier, à commander et à contrôler, ainsi qu’à cibler.
La Russie et la Chine sont en tête du peloton.
Nous risquons de rester à la traîne.
C’est très dangereux.
Mais ce n’est pas une fatalité.
Si nous dynamisons notre industrie, nous pourrons devancer nos concurrents.
Alors qu’est-ce qu’on attend ?
Nous disposons déjà de plans de défense solides.
Nous savons exactement comment nous défendrons notre Alliance et de quels moyens et capacités nous aurons besoin à l’avenir :
des navires, des chars, des avions, des munitions et des satellites aux nouvelles technologies de drones.
Les Ukrainiens se battent contre des essaims de drones russes.
C’est à cela que nous devons nous préparer.
Nous nous sommes également déjà engagés à accélérer la croissance de la capacité industrielle de défense et de la production dans l’ensemble de l’Alliance.
Il nous faut maintenant tenir – je dis bien tenir – nos engagements.
Nous avons tous un rôle à jouer pour y parvenir.
Aux gouvernements, je dis :
accordez à nos industries les commandes importantes et les contrats à long terme dont elles ont besoin pour produire rapidement davantage et de meilleure qualité.
Acheter uniquement des articles coûteux qui sont livrés trop tard ne nous protégera pas.
Nous avons également besoin de capacités modernes qui utilisent les technologies les plus avancées. Et nous en avons besoin maintenant.
Alors, acceptez le risque et investissez dans le vivier d’innovateurs de nos pays.
Accepter le risque exige que vous, les gouvernements, changiez les règles d’approvisionnement obsolètes
et que vous réexaminiez vos exigences nationales détaillées.
Avec un million de victimes à nos portes, vous n’avez pas de temps à perdre.
Prenons l’exemple des véhicules blindés de transport de troupes :
un pays doit avoir une porte arrière qui s’ouvre vers la gauche.
Un autre doit l’ouvrir vers la droite.
Un troisième doit l’ouvrir vers le haut.
Toutes ces exigences sont obligatoires.
Est-ce ainsi que nous définissons nos besoins et nos priorités, surtout lorsque le temps presse ?
Cela doit changer !
Je dis également aux gouvernements :
cessez de créer des barrières entre eux et entre les industries, les banques et les fonds de pension.
Au contraire, faites tomber ces barrières.
Elles ne font qu’augmenter les coûts de production, étouffer l’innovation et, en fin de compte, entraver notre sécurité.
Je dis à l’industrie de la défense :
vous devez faire tout ce que vous pouvez pour assurer notre sécurité.
Il y a de l’argent sur la table, et il ne fera qu’augmenter.
Alors, osez innover et prendre des risques !
Trouvez des solutions aux essaims de drones et autres nouvelles tactiques de guerre.
Mettez en place des équipes supplémentaires et de nouvelles lignes de production !
Et enfin, aux citoyens des pays de l’OTAN, et notamment d’Europe, je dis :
dites à vos banques et à vos fonds de pension qu’il est tout simplement inacceptable qu’ils refusent d’investir dans l’industrie de la défense.
La défense n’est pas dans la même catégorie que les drogues illicites et la pornographie.
Investir dans la défense, c’est investir dans notre sécurité.
C’est une nécessité !
Et cela m’amène à mon point principal :
les dépenses de défense.
Il est vrai que nous dépensons aujourd’hui davantage pour la défense qu’il y a dix ans.
Mais nous dépensons toujours beaucoup moins que pendant la guerre froide,
même si les menaces qui pèsent sur notre liberté et notre sécurité sont tout aussi importantes, voire plus grandes.
Pendant la guerre froide, les Européens consacraient bien plus de 3 % de leur PIB à la défense. C’est
grâce à cette mentalité que nous avons gagné la guerre froide.
Les dépenses ont diminué après la chute du rideau de fer.
Le monde était plus sûr.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Il y a dix ans, les Alliés ont convenu qu’il était temps d’investir à nouveau dans la défense.
Le seuil de référence a été fixé à 2 %.
D’ici 2023, les Alliés de l’OTAN ont convenu d’investir « au moins » 2 %.
Au moins…
Je peux vous dire que nous aurons besoin de bien plus que 2 %.
Je sais que dépenser plus pour la défense revient à dépenser moins pour d’autres priorités.
Mais ce n’est qu’un tout petit peu moins.
En moyenne, les pays européens dépensent facilement jusqu’à un quart de leur revenu national pour les retraites, la santé et la sécurité sociale.
Nous avons besoin d’une petite fraction de cet argent pour renforcer considérablement notre défense et préserver notre mode de vie.
Donner la priorité à la défense exige un leadership politique.
Cela peut s’avérer difficile et risqué à court terme.
Mais c’est absolument essentiel à long terme.
Certains vous diront le contraire.
Ils pensent qu’une défense forte n’est pas la voie vers la paix.
Eh bien, ils ont tort.
Car sans défense forte, il n’y a pas de sécurité durable.
Et sans sécurité, il n’y a pas de liberté pour nos enfants et nos petits-enfants.
Pas d’écoles, pas d’hôpitaux, pas d’entreprises.
Il n’y a rien.
Ceux qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale le savent.
Et nos amis ukrainiens le vivent tous les jours.
Quand j’étais à Kharkiv plus tôt cette année, j’ai vu de nombreux bâtiments complètement détruits.
Je me suis retrouvée dans les décombres où se trouvaient autrefois des maisons,
où vivaient des familles.
J’ai vu des écoles déplacées sous terre, dans des stations de métro.
C’était très émouvant de voir des enfants si désireux d’apprendre, et des enseignants si désireux d’enseigner… malgré le bouleversement complet de leur vie.
J’ai rendu visite aux blessés dans les hôpitaux.
Aux soldats qui avaient perdu des membres.
La guerre est brutale et laide.
La guerre est également très coûteuse en termes économiques.
L’Ukraine, à l’heure où nous parlons, consacre près d’un quart de son PIB à la défense l’année prochaine.
C’est plus de dix fois ce que dépensent les alliés européens de l’OTAN.
Un rappel brutal que la liberté n’est pas gratuite.
Si nous ne dépensons pas davantage aujourd’hui pour prévenir la guerre, nous paierons plus tard un prix bien plus élevé pour la combattre.
Pas des milliards, mais des milliers de milliards d’euros.
Si nous en sortons vainqueurs… et si nous gagnons.
***
En politique, il y a un temps pour parler, un temps pour décider et un temps pour agir.
Je sais que les politiciens parlent beaucoup.
C’est ce que je fais ici aujourd’hui !
Ils prennent des décisions, quand il le faut.
Parfois des décisions difficiles.
Mais pour agir, les citoyens doivent soutenir ces décisions.
C’est entre vos mains.
Aujourd’hui, j’en appelle à votre soutien.
Il est urgent d’agir.
Pour protéger notre liberté, notre prospérité et notre mode de vie, vos politiciens doivent vous écouter.
Dites-leur que vous acceptez de faire des sacrifices aujourd’hui pour que nous puissions rester en sécurité demain.
Dites-leur qu’ils doivent dépenser davantage pour la défense afin que nous puissions continuer à vivre en paix.
Dites-leur que la sécurité est plus importante que tout.
Je suis convaincu que, collectivement, à l’OTAN, nous pouvons continuer à assurer la sécurité de notre milliard de citoyens.
Nous disposons d’énormes atouts.
Nous sommes 32 Alliés.
Ensemble, les Alliés de l’OTAN représentent la moitié de la puissance économique et militaire mondiale.
Nous disposons de services de renseignement exceptionnels. Nous disposons
d’industries et d’entreprises innovantes. Nous disposons
de certaines des meilleures universités et institutions de recherche au monde.
Et nous avons de nombreux partenaires dans le monde entier.
Si nous y mettons du cœur et de la volonté politique, rien ne nous sera impossible – l’Europe et l’Amérique du Nord ensemble.
Nos adversaires se croient durs et nous mous.
Ils envahissent d’autres pays, alors que nous respectons les règles internationales.
Ils oppriment leur peuple, alors que nous chérissons la liberté.
Ils devraient se rappeler qu’il n’y a pas de plus grande puissance que celle des démocraties qui s’unissent.
Lorsque nous sommes attaqués, notre réponse est féroce.
Pour éviter que quiconque envisage de nous attaquer, nous devons maintenir une dissuasion à long terme.
Nous pouvons y parvenir.
Nous l’avons déjà fait.
Nous pouvons le faire à nouveau.
Merci beaucoup.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir. C’était un discours très puissant et franc. Je suis sûr qu’il sera écouté partout en Europe et au Canada, comme vous l’avez mentionné au début. J’aimerais vous poser quelques questions avant de l’ouvrir au public, et ce faisant, je voudrais vous remercier de votre volonté de vous adresser à un large public. Nous répondrons donc aux questions des gens ici, mais aussi en ligne. Alors, préparez vos questions. Mais d’abord, j’aimerais peut-être vous demander de développer un peu plus les questions que vous avez soulevées. Vous vous concentrez beaucoup sur les dépenses de défense et sur l’explication de l’importance de ces dépenses pour les citoyens ordinaires. Bien sûr, dans la communauté des experts et des décideurs politiques, les dépenses de défense sont devenues une priorité, un ordre du jour politique. Pas plus tard qu’aujourd’hui, le Financial Times rapportait l’idée qui circule dans vos cercles de relever l’objectif de 2 % du PIB à 3 % du PIB pour les dépenses de défense. L’Union européenne, qui vient de débuter son nouveau mandat, a créé un poste de commissaire à la défense. De nombreuses idées circulent, notamment un nouveau livre blanc sur la défense, afin de renforcer la capacité de défense de l’UE. Mais je pense qu’il ne s’agit pas seulement de dépenser plus, mais aussi de mieux dépenser. Votre prédécesseur, Jens Stoltenberg, lorsqu’il est parti, a lancé un avertissement sur les risques de duplication. Ma question est donc la suivante : comment les États européens peuvent-ils s’organiser politiquement pour surmonter les obstacles que vous avez vous-même évoqués dans votre discours, et s’assurer qu’il ne s’agit pas seulement de dépenser plus, mais aussi de mieux dépenser, d’améliorer la coordination, de mieux organiser les achats communs, de mieux partager, de s’assurer que ce que les Européens peuvent faire en matière de défense soit plus que la somme de ses parties. Quelles sont vos idées pour surmonter les obstacles que nous avons vus jusqu’à présent ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
C’est une très bonne question, une question tout à fait cruciale. J’ai vu cet article dans le Financial Times aujourd’hui, et ce chiffre de 3 % a été mentionné, et j’ai décidé aujourd’hui de ne pas mentionner un nouveau chiffre. Nous aurons besoin de plus de temps pour consulter les Alliés sur le nouveau niveau exact à atteindre. Mais il est considérablement supérieur à 2 %. Mais permettez-moi d’être très franc, si vous ne voulez que dépenser plus et non pas mieux dépenser, vous devez passer à au moins 4 %. Et vous pouvez réduire ce chiffre de 4 % en faisant deux choses. La première est l’innovation, en veillant à ce que vous disposiez des technologies les plus innovantes dans votre base industrielle de défense, et donc dans vos organisations de défense. La deuxième est l’achat en commun. Donc, l’achat en commun. Et comme je l’ai dit dans mon discours, nous devons nous débarrasser de ce système idiot dans lequel chaque Allié a des exigences détaillées, ce qui rend presque impossible l’achat en commun, l’achat en commun, etc. Il est donc crucial que nous dépensions non seulement plus, mais aussi mieux, car sinon l’impact financier sera énorme. Et puis, même avec 4 %, vous ne pouvez pas vous défendre, car vous n’auriez alors pas les dernières technologies mises en œuvre dans vos organisations de défense, dans vos armées, dans votre marine, dans l’ensemble de votre armée.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Oui, c’est bien la deuxième question que je voulais vous poser. Il ne s’agit pas seulement de savoir comment mieux dépenser. Il s’agit aussi de savoir à quoi l’on dépense et ce que nous avons vu en Ukraine, c’est qu’en même temps, nous avons vu une guerre qui a montré beaucoup de choses sur la guerre conventionnelle, la guerre, les tranchées, etc., mais aussi le rôle essentiel de la technologie et de la créativité ukrainienne pour utiliser la technologie à bon escient. Nous avons donc vu les Ukrainiens combattre la flotte russe sans même avoir de marine. Et vous-même, dans votre discours, avez mentionné les nombreux défis et menaces hybrides auxquels nous sommes confrontés. Le MI6 a émis des avertissements concernant les services de renseignement russes qui se déchaînent. Il y a constamment des éléments d’actualité qui montrent simplement que la menace est également hybride, cybernétique. Il y a donc une large gamme d’innovations technologiques et d’équipements avec lesquels nous devons nous préparer. Alors, comment pouvons-nous y parvenir ? Encore une fois, je veux dire, vous savez, il s’agit de travailler ensemble, mais pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Donc, quand vous parlez de l’Ukraine, je veux dire, c’est la preuve que nous avons besoin des deux. Nous avons besoin des deux systèmes plus traditionnels. C’est pourquoi certains pays ont livré des F16 à l’Ukraine. C’est pourquoi vous voyez certains de ces équipements lourds, ces gros équipements, arriver en Ukraine. Et en même temps, l’Ukraine nous enseigne et nous montre qu’en mettant en œuvre les technologies les plus récentes, nous pouvons être très efficaces. Mais je crois que dans un avenir proche, nous aurons besoin des deux. Nous aurons donc besoin de certains de ces gros équipements, des gros systèmes, mais aussi des dernières technologies, notamment de ce que nous pouvons apprendre de l’IA, de la physique quantique, etc. Mais vous avez également mentionné autre chose, à savoir les cyberattaques, le sabotage, le fait que la Russie et d’autres tentent de nous mettre sous pression. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles, dans mon discours, j’ai dit que nous n’étions pas en guerre, mais certainement pas non plus en paix, car nous voyons cela se produire. Regardez ce qui s’est passé au Royaume-Uni, où nous avons subi des cyberattaques contre le National Health Service. En Belgique, nous avons subi des cyberattaques dans les ports. Nous avons vu des brouillages dans les pays baltes, dans l’aviation civile. Et beaucoup d’autres. Nous avons vu des tentatives d’assassinat au Royaume-Uni et en Allemagne. Cela prouve donc qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout. Et ce n’est pas une guerre traditionnelle. Ce n’est pas une guerre relevant de l’article 5, mais nous devons nous défendre. Et je suis très heureux de dire que l’OTAN, sous la direction de Jens Stoltenberg, et je continuerai à le faire, a travaillé extrêmement dur avec tous les Alliés pour s’assurer que, dans le domaine de la cybersécurité, de ces actes de sabotage, de la militarisation des problèmes d’approvisionnement en gaz et en pétrole, etc., nous avons fait en sorte qu’en tant qu’Alliance, nous soyons solidaires, que nous travaillions ensemble et que nous ayons mis en place les systèmes pour nous défendre. Mais c’est crucial, car il s’agit d’une évolution très inquiétante.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Nous avons parlé de l’Ukraine, et j’aimerais en parler un peu plus, car depuis le résultat des élections américaines, on entend beaucoup parler de l’imminence de négociations de paix. Nous n’avons pas vraiment de plan. Personne ne semble en avoir encore. Et bien sûr, la situation sur le terrain n’est pas en faveur de l’Ukraine pour le moment, c’est donc un moment très difficile, y compris du point de vue de cette transition de leadership en Europe. Je pense que ce que j’aimerais vous demander, c’est quels seraient les grands principes d’une sorte de négociation ? Quel rôle les Européens devraient-ils jouer dans tout cela ? Et là, je m’adresse aussi à l’Européen en vous, au fait que vous ayez passé 14 ans à la table du Conseil européen, quel devrait être le rôle des Européens ? Parce qu’on a beaucoup parlé de négociations de paix entre le nouveau président Trump et le président russe. Où cela mène-t-il les Européens ? Mais il faut aussi écouter la façon dont le président ukrainien Zelensky a abordé ce moment difficile. Il a parlé de garanties de paix. Ma deuxième question est la suivante : je me rends compte que nous avons deux questions ici : le rôle des Européens, quels sont les principes qui devraient être respectés dans le cadre des négociations de paix ? Et aussi, y a-t-il autre chose que l’adhésion à l’OTAN qui puisse offrir à l’Ukraine des garanties de paix ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Il y a un risque énorme ici, et le risque est que nous négociions entre nous ce à quoi pourrait ressembler un accord de paix sans Vladimir Poutine à la table des négociations. Et comme nous sommes des démocraties, nous le faisons ouvertement. C’est notre force. Mais c’est aussi un petit problème ici, car discuter… Je vois tout cela dans la presse à propos des garanties et de l’adhésion à l’OTAN, oui ou non, et de l’acceptation ou non de céder des morceaux de territoire en Ukraine. Et je pense que si j’étais assis aujourd’hui au Kremlin et que je m’appelais Vladimir Vladimirovitch Poutine, je dirais que cela évolue de manière très positive pour moi, et je ne suis même pas à la table des négociations. Donc, je me retiens un peu sur ce point. Je me souviens quand Volodymyr Zelensky, dans les premiers jours de la guerre, s’est vu offrir l’asile, je crois que c’était à Varsovie ou dans un autre pays européen, et qu’il a dit : « Je n’ai pas besoin d’un véhicule, j’ai besoin de munitions ici ». Je dirais qu’il n’a pas besoin de plus de plans. Il a besoin de munitions, de défense aérienne, etc. Car ce que nous devons faire en premier lieu, c’est nous assurer que l’Ukraine se trouve dans une situation où le front avance dans la mauvaise direction, très lentement, au prix de lourdes pertes pour les Russes, qui ont déjà perdu 700 000 personnes ou ont été blessées. Ce mois-ci est à nouveau un mois record en termes de nombre de victimes, mais malgré tout, la ligne de front ne se déplace pas vers l’est, mais vers l’ouest. Nous devons donc nous assurer que lorsque ces négociations commenceront, et c’est le gouvernement ukrainien qui doit décider en premier lieu de le faire, il le fera en position de force. Ce que je fais maintenant, cependant, et c’est ce dont nous devons également discuter, bien sûr, avec nos collègues aux États-Unis, l’administration actuelle, la future administration, c’est qu’en fin de compte, la question sera de savoir qui sortira vainqueur d’un accord ? Est-ce Trump ou Poutine ? Et je peux vous garantir que si Poutine sort vainqueur, si c’est un mauvais accord, un certain Xi Jinping l’observera et se demandera ce que cela signifie pour moi, en termes de grignotage de Taïwan, de mesures à prendre dans ma partie du monde. Il est donc crucial que chaque fois qu’un accord est conclu, il s’agisse d’un bon accord, avec tous les éléments qu’il contient. Vous avez rencontré, vous en avez mentionné beaucoup. Je pense que ce sont de très bonnes considérations. Mais encore une fois, pour moi, commencer à en discuter. Nous commençons à débattre entre nous, au sein de l’Alliance avec nos partenaires européens, sans que Poutine soit à la table des négociations. Et c’est risqué.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
D’accord, il faut également prêter attention à ce que l’accord de paix signifie pour les autres acteurs dans le monde.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Car pour l’instant, nous voyons que le monde est devenu un seul monde. La Corée du Nord fournit, obtient des technologies de missiles et de technologie nucléaire des Russes, et peut les utiliser contre les États-Unis. L’Iran reçoit de l’argent des Russes en échange de technologies de drones et d’autres choses, et l’Iran s’en sert pour semer le trouble au Moyen-Orient. La Chine, les biens à double usage et le contournement des sanctions, aident l’effort de guerre russe, soutiennent l’effort de guerre russe, et bien sûr, à un prix. Donc, ce n’est pas l’Ukraine, la Russie, l’Europe. C’est mondial. Et cela a un impact sur la Corée du Sud, le Japon. Cela a un impact direct sur les États-Unis.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Merci beaucoup. Et je m’excuse. J’ai mon téléphone à portée de main parce que j’ai toutes les questions qui viennent d’Internet. Mais d’abord, j’aimerais inviter quelques personnes du public ici, et je vois, ouhahou, fantastique. Je vais essayer de répondre à une question à la fois. Alors, on commence ? Il y a des micros. Alors, commençons, répondons à une question ici, puis on se déplace peut-être vers la gauche, et je vous poserai, il y a une question juste là, au fond. Oui, je vais vous demander de vous présenter et d’être bref et précis, merci.
Question du public
Merci beaucoup, Rosa. Bonjour, Madame la Secrétaire générale. Je m’appelle [inaudible] et je suis associée chez [inaudible] Global, où je dirige le département cyber et renseignement stratégique. Vous vous souvenez sans doute d’un sondage Gallup de l’été dernier, je crois, qui indiquait qu’en moyenne, 32 % des Européens étaient prêts à se battre pour leur pays. Ma question est donc la suivante : à quoi bon avoir plus de matériel si nous n’avons pas la capacité de générer la force adéquate pour combattre un conflit de haute intensité, premièrement. Et deuxièmement, comment convaincre des populations dont seulement 32 % sont prêtes à se battre qu’elles doivent dépenser plus pour la défense et donc moins pour leurs retraites, leurs soins de santé et leur éducation.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
C’est précisément pour cette raison que j’ai adressé mon discours, non pas à vous, ni aux hommes politiques, mais plus généralement au milliard de personnes qui vivent sur le territoire de l’OTAN, et bien sûr, en mettant l’accent sur la partie européenne et canadienne de l’OTAN, car nous devons avoir exactement ce débat. Et les hommes politiques doivent entendre de la part de leurs citoyens qu’ils aiment leur système de santé, leur modèle social, leurs retraites, etc., ou qu’ils ne les aiment pas parce qu’ils veulent qu’ils soient améliorés. C’est le débat politique qui a lieu dans chaque pays, en Europe, au Canada, aux États-Unis, partout. Mais quand on en arrive à ce point, quand on regarde vraiment ce qui est en jeu ici, la défense doit avoir la priorité. Parce que sans défense, sans dissuasion, sans pouvoir… Et l’OTAN n’est pas une alliance offensive. C’est une alliance défensive. Nous voulons la paix, mais la paix par la force, pour citer un célèbre homme politique américain. Et cela signifie qu’il faut de l’argent et une base industrielle. C’est aussi une demande que je formule auprès de ce public, car beaucoup d’entre vous occupent des postes d’influence qui leur permettent de toucher un grand nombre de personnes pour leur faire plaisir, amplifier, faire écho à ce dont nous discutons aujourd’hui. C’est crucial, et si nous nous en tenons à 2 %, oui, nous sommes en sécurité maintenant, mais dans quatre ou cinq ans, nous ne le serons peut-être plus, et la dissuasion pourrait être trop affaiblie pour nous protéger de ce qui se passe en Russie et dans d’autres parties du monde. Il y a un débat crucial, et au final, c’est aussi un débat équitable. Et si les gens décident, eh bien, nous ne sommes pas prêts à le faire. Nous acceptons le risque d’avoir au moins fait cela délibérément. Je ne pense pas que ce sera le résultat. Je suis absolument convaincu que, lorsqu’il s’agira de cela, les parents et les grands-parents choisiront toujours l’avenir de leurs enfants et veilleront à ce qu’ils fassent les sacrifices nécessaires, qui sont d’ailleurs limités. Lorsque vous dépensez 25 % pour la santé, la sécurité sociale et les retraites, nous ne le faisons pas. Nous n’avons besoin que d’une petite fraction de ce montant. Et n’oubliez pas qu’en Europe, nous représentons la moitié de la population mondiale, pardon, nous représentons 10 % de la population mondiale et nous consacrons 50 % de toutes les dépenses mondiales à la sécurité sociale. Donc, en ce sens, nous avons une certaine marge de manœuvre, je pense, mais aidez-nous à atteindre le milliard, puis à faire intervenir les politiques et à leur dire de donner la priorité à la défense par rapport aux autres postes de dépenses.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
J’aimerais inviter Elena. J’essaierai de répondre à autant de questions que possible. Il y en a beaucoup, mais je souhaite les poser une par une, afin que vous ayez la possibilité d’y répondre individuellement.
Question du public
Merci beaucoup, Secrétaire général. Elena [inaudible], du service de recherche du Parlement européen, je voulais vous interroger sur l’approche de l’OTAN à l’égard du voisinage sud. Et ce n’est pas sans rapport. Votre prédécesseur a lancé un processus de réflexion sur le voisinage sud, largement basé sur le principe que les théâtres sont de plus en plus liés, y compris avec l’action de la Russie en Afrique. Donc, ce processus de réflexion étant terminé, mais avec les liens entre les théâtres, je dirais, plus évidents que jamais auparavant à l’heure actuelle, notamment par le biais des menaces hybrides que Rosa a mentionnées, quelles seraient vos prochaines étapes dans le sud, l’approche vers le sud, et comment envisagez-vous le suivi de cette réflexion, et la manière dont elle relie les différents théâtres que nous examinons actuellement ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Et quand on regarde l’Afrique, on voit la Russie et la Chine gagner beaucoup d’influence, et certaines puissances européennes s’en éloignent. Il est donc crucial que nous fassions avancer notre stratégie de voisinage méridional, nous avons un représentant spécial pour le voisinage méridional. Nous allons ouvrir un bureau de liaison en Jordanie qui se concentrera sur la Jordanie, mais c’est aussi évidemment un signal que nous investissons vraiment dans la région. Nous travaillons sur un partenariat avec la Tunisie, la Mauritanie, la Jordanie. Bien sûr, nous avons la mission de l’OTAN en Irak, qui ne fait pas partie de l’Afrique, mais au moins elle se situe en dehors du territoire de l’OTAN. Nous devons donc travailler sur ce sujet, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient, pour nous assurer que nous nous engageons, que nous assurons la liaison, sans les intégrer à l’OTAN, mais en les aidant, par exemple, à renforcer leur capacité de défense. Ce n’est pas toujours difficile. Cela peut se faire par l’intermédiaire de conseillers [inaudible] qui aident un pays comme la Mauritanie à accroître son efficacité en termes de défense. Et l’OTAN peut le faire, et c’est ce que nous allons continuer à faire à un rythme plus soutenu. Je vais donc vraiment poursuivre ce que mon prédécesseur a commencé. Je suis tout à fait d’accord. Nous ne pouvons pas laisser l’Afrique aux mains des Chinois et des Russes.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Alors, que vais-je faire ? J’ai une question particulièrement provocatrice de la part de votre public en ligne. La question est donc la suivante : est-il concevable que le renforcement et l’enhardissement de l’OTAN provoquent davantage d’instabilité parce que les puissances non membres de l’OTAN deviennent plus nerveuses ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Non, ce n’est pas concevable. Et pourquoi ? Parce que l’OTAN n’est pas une organisation offensive. C’est une organisation défensive. Nous sommes fondés sur la démocratie, l’État de droit, des valeurs qui sous-tendent toute notre Alliance. Mais si nous ne sommes pas assez forts, si Poutine et d’autres pensent que nous ne pouvons pas nous défendre, ils pourraient alors commencer à essayer de nous attaquer. Et c’est déjà le cas dans le domaine du cyberespace, etc. Mais je parle vraiment d’attaques militaires. Nous ne pouvons pas, nous ne pouvons pas prendre ce risque.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Veuillez vous présenter à tout le monde.
Question du public
Merci, Secrétaire générale, Maria, journal grec [inaudible]. J’ai en fait deux petites questions. La première concerne votre point de vue sur le débat concernant la question de savoir si les programmes de défense financés par l’argent de l’UE devraient également être ouverts aux pays tiers, aux pays non européens. La deuxième question concerne un pays spécifique. Vous avez récemment visité la Turquie et la Grèce, et j’aimerais vous demander quelle a été votre impression concernant leur volonté de maintenir leur dialogue sur une base solide, et quelle importance ils accordent aujourd’hui au maintien du calme en mer Égée, notamment compte tenu de la crise en Syrie. Merci.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
En ce qui concerne la deuxième question, j’ai eu l’impression, en discutant avec le président Erdoğan et le Premier ministre Mitsotakis, qu’ils travaillaient vraiment à améliorer leurs relations. Ils sont dans une bien meilleure situation qu’il y a quelques années, ils dialoguent et nous ferons tout ce que nous pourrons pour les aider, car ils sont deux. Ce sont deux alliés clés et ils font partie de l’OTAN, et la Grèce a évidemment une défense très solide. La Turquie défend son propre territoire, mais c’est évidemment un élément clé de la défense globale de l’OTAN, et elle dispose d’une base industrielle de défense énorme et impressionnante, donc je pense que cela va dans la bonne direction. Ensuite, en ce qui concerne les dépenses de défense européennes. Je travaille avec Ursula von der Leyen et Antonio Costa. J’ai dîné hier soir avec le commissaire Kubilius. Nous travaillons dur pour garantir une étroite collaboration entre l’OTAN et l’UE. L’OTAN s’occupe des aspects concrets, comme par exemple la définition de normes et d’objectifs de capacités. L’UE possède un énorme pouvoir d’influence en termes de marché intérieur et d’aide à l’accélération de la production de défense. Et je comprends bien sûr que lorsque l’argent européen est en jeu, vous ne voulez pas que cet argent européen soit transféré dans d’autres parties du monde, c’est clair. Mais en même temps, il est également important de comprendre qu’il ne faut pas créer de nouvelles barrières et qu’il faut une communauté industrielle de défense transatlantique forte. Thales en France travaille avec des partenaires aux États-Unis. J’ai visité Rheinmetall, pas en Allemagne, comme je l’ai dit dans mon discours, mais en Italie. Je me souviens avoir dit à Giorgia Meloni, la Première ministre, que je visiterais l’usine métallurgique de Rheinmetall, et j’ai pensé qu’elle serait en colère. Elle a dit, oh, c’est l’un de nos meilleurs. Mais non, n’oubliez pas Leonardo, aussi une grande industrie italienne, évidemment. Et j’ai rencontré le patron de Leonardo après cela. Mais il est crucial que lorsque nous avons cette base industrielle transatlantique, à l’heure actuelle, depuis 2022, les alliés européens de l’OTAN ont dépensé 184 milliards de dollars aux États-Unis. Donc, environ la moitié de toutes les dépenses de défense, là où elles vont en termes d’approvisionnement, vont aux entreprises américaines, et l’autre moitié reste en Europe. Et cela augmente des deux côtés de l’Atlantique parce que nous dépensons plus d’argent pour la défense. Donc, je dirais qu’il y a tellement d’argent qui circule. L’industrie de la défense, arrêtez de vous plaindre d’avoir besoin de votre contrat de 10 ans. Comprenez-le, mais c’est toujours difficile. Et vous savez, il y a beaucoup d’argent qui circule, alors investissez, mettez en place des lignes de production et des équipes supplémentaires, et aux alliés européens et américains, veuillez travailler ensemble et évidemment, c’est un débat interne à l’UE. Je ne devrais pas m’impliquer plus que je ne l’ai fait jusqu’à présent en répondant à cette question. Mais je souhaiterais [inaudible] que ces marchés puissent fonctionner comme un seul. Et encore une fois, je comprends que, lorsque l’argent des contribuables européens est en jeu,si vous souhaitez que le retour sur cet euro soit le plus élevé possible au sein de l’UE, nous pouvons y parvenir sans nuire à la coopération transatlantique en matière de défense.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Merci beaucoup. Je voudrais, pour des raisons de diversité, donner la parole à ce monsieur ici présent. Il est au deuxième rang, devant, parce que c’est agréable de voir autant de femmes intervenir, c’est inhabituel, mais il est aussi temps de faire intervenir un monsieur.
Question du public
Merci, monsieur. Merci pour votre discours. Je m’appelle [inaudible] et je travaille pour la Commission européenne. Ma question est la suivante : selon vous, le rôle de la Chine est-il suffisamment évoqué pour que l’opinion publique le soutienne, en Europe, mais peut-être aussi aux États-Unis ? Merci.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Oh, bonne question. Je pense que nous devrions au moins nous assurer que ceux qui savent ce qui se passe en parlent, afin qu’en tant que collectif, et c’est la démocratie, nos citoyens sachent ce qui se passe. Et bien sûr, les médias sont essentiels ici. Ils en parleront. Ils ont leurs propres sources. Mais nous aussi, en tant que politiciens, et [inaudible] organisation, nous partageons ce que nous savons et ce que j’essaie d’expliquer dans mon discours, c’est que la Chine intensifie sa production de défense ; nous avons maintenant quelques grandes entreprises industrielles de défense chinoises dans le top 10. Il y a des années, il n’y en avait aucune. Aujourd’hui, nous avons trois ou quatre grandes entreprises chinoises dans le top 10 des grandes entreprises de défense mondiales. Cela prouve donc qu’elles vont vraiment de l’avant et qu’elles nous dépasseront en termes de dépenses globales et de capacité de défense globale, et nous produisons trop lentement. Et si vous combinez la Russie et la Chine, nous produisons vraiment trop lentement. Certains chiffres indiquent que nous produisons en un an ce que la Russie produit en trois mois. Pouvez-vous imaginer, la Russie n’est pas plus grande que la Belgique et les Pays-Bas réunis. L’économie de la Russie. Pouvez-vous imaginer que la Belgique et les Pays-Bas puissent produire en trois mois ce que l’OTAN entière, de la Californie à la Turquie, produit en un an ? C’est fou, et c’est à cause de toute la bureaucratie et de certaines de ces entreprises de défense qui attendent des contrats de dix ans. Et maintenant, ce que vous voyez, c’est que la Corée du Sud entre sur le marché. De nombreux alliés européens achètent maintenant des produits sud-coréens, ce qui est une bonne chose. Je veux dire, ça ne me dérange pas, tant qu’ils mettent la main sur ce dont ils ont besoin. Mais si j’étais une entreprise de défense, je serais un peu inquiet de savoir que les Sud-Coréens entrent massivement sur le marché de l’OTAN, et c’est parce que nous devons faire plus. Ce n’est pas seulement une attaque contre l’industrie de la défense, oui, je critique dans une certaine mesure, mais aussi contre le gouvernement et l’OTAN, nous devons tous faire mieux.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Alors, j’ai… wow. Ok. Je disais juste que nous nous en sortons très bien avec notre temps, mais en fait, avec tellement de questions. Alors, si vous pouviez répondre aux questions depuis le fond, il y a plusieurs mains qui se sont levées, oui, et veuillez vous présenter.
Question du public
Français. Bonjour. Je m’appelle Joy de Jeunes [inaudible] et j’aimerais apporter le point de vue d’un jeune. Il est déjà assez difficile de prôner une augmentation de 2 % de notre PIB. Les 3 % sont donc pour nous une sorte d’utopie en ce moment. Quels conseils pouvez-vous nous donner pour rendre la défense plus attrayante? Et pensez-vous que si nous pouvions organiser des stages entre les universités et les entreprises de défense, cela pourrait être une bonne mesure pour mettre fin à ce double travail pour les industries de défense.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Je pense que ce sera une excellente idée, certes, mais cela ne résoudra pas tout le problème de savoir comment faire venir avec nous le milliard de personnes vivant sur le territoire de l’OTAN, mais cela aidera. Mais c’est aussi un problème pour moi, car cet objectif de 2 % fixé par testament en 2014 avait l’avantage d’être simple. Tout le monde pouvait comprendre qu’il fallait passer à 2 %, mais bien sûr, l’inconvénient d’avoir un chiffre unique est qu’il est aussi un peu simpliste. Donc, pour passer à un nouveau chiffre – et encore une fois, je ne m’engagerai pas sur un chiffre, un nouveau chiffre aujourd’hui, mais il est clair que dans les semaines et les mois à venir, nous devons nous mettre d’accord sur ce que devrait être ce chiffre. Il doit être étayé par ce que l’OTAN fait actuellement, et ce que nous faisons actuellement, c’est obtenir une clarté totale sur les objectifs de capacités que nous devons atteindre. Et lorsque vous examinez ces objectifs de capacités et qu’ils sont en train d’être établis, nous travaillons en tête-à-tête avec les Alliés pour nous assurer que nous comprenons exactement, et que les Alliés comprennent ce dont nous avons besoin pour renforcer leur défense dans le cadre de la dissuasion globale de l’OTAN. Ensuite, une échelle de 2 % ne suffit pas. Mais la question sera alors de savoir si nous allons adopter un nouveau chiffre. Ou du moins, il faudra étayer ce chiffre en précisant clairement le type de capacités dont nous avons besoin. Il s’agira bien sûr de la défense aérienne et antimissile, des armes à longue portée et de la logistique. Ce sont trois grands domaines dans lesquels nous devons investir, et dans lesquels nous sommes vraiment en retard. Nous devons investir dans les armées, à côté de la marine et de l’armée de l’air. Nos forces terrestres doivent être vraiment renforcées, mais il sera probablement utile de les adapter davantage à chaque pays. C’est une discussion que j’ai eue hier soir avec le commissaire Kubilius, qui réfléchissait également à la manière de porter ce débat auprès des responsables politiques, mais aussi au-delà des responsables politiques, auprès du grand public. Je suis d’accord.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Je vais donc poser une question en ligne. Ensuite, j’ai les deux Oanas qui ont levé la main, donc peut-être. Mais d’abord, laissez-moi poser cette question, car elle a été posée en ligne par plus d’une personne, et c’est l’éléphant dans la pièce. Que pensez-vous des déclarations de Trump sur la sortie de l’OTAN ?
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Aujourd’hui ? Je n’ai pas entendu ça.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Non, je pense que c’est général. Non, c’est vrai, il n’a pas dit ça récemment.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Non, je ne l’ai pas fait. Non. Je lui ai rendu visite il y a quelques semaines. Il n’a absolument pas été question de [inaudible]. Ce qu’il veut, c’est s’assurer que les États-Unis ne dépensent pas trop et que nous n’en faisons pas assez. Et il a tout à fait raison. Je veux dire, je me souviens que lorsqu’il est devenu président en 2016-2017, il a continué à nous pousser. Et depuis qu’il est devenu président, nous avons dépensé 641 milliards de plus qu’avant son arrivée. C’est un plaidoyer pour que nous dépensions plus depuis, depuis lors et depuis 2014, c’était très lent. Le passage à l’objectif de 2 % depuis qu’il est devenu président, nous avons accéléré, bien sûr, l’assaut à grande échelle, l’assaut à grande échelle de la Russie et de l’Ukraine, a également augmenté les dépenses de défense, mais il a très bien réussi à les augmenter. Il va encore nous pousser. Mais ce que je veux dire, c’est que je ne veux pas dépenser plus parce qu’il le veut, nous devons dépenser plus parce que notre dissuasion est en jeu. Notre sécurité est en jeu. Notre défense collective n’est pas ce qu’elle devrait être et nous serons en grande difficulté dans quatre ou cinq ans. C’est pourquoi nous devons dépenser davantage, non pas à cause de Donald Trump, mais il a raison. Nous devons faire plus. Et d’ailleurs, ce dont nous avons besoin de sa part. J’ai une grande demande à faire à Donald Trump, et cela concerne la capacité de défense industrielle des États-Unis. En tant que Premier ministre des Pays-Bas, je sais combien il est difficile d’acheter quoi que ce soit aux États-Unis, que ce soit des Patriots ou des missiles, peu importe, il faut passer par le Congrès et le Sénat. Non, désolé, le Congrès, le Pentagone et la Maison Blanche, ils doivent tous se mettre d’accord. Et comme je l’ai dit, nous avons nos 184 milliards que nous dépensons depuis 2022, les alliés européens aux États-Unis, cela peut être encore plus. Je suis absolument convaincu que s’il facilitait les achats aux États-Unis pour les alliés européens, il pourrait nous aider dans ce domaine et cela aiderait aussi sa propre économie. Mais je sais, je pense qu’il a eu raison de nous forcer à dépenser plus. Mais encore une fois, ne le faisons pas maintenant parce qu’il le veut. Nous le faisons parce que nous devons le faire. C’est notre défense collective qui est en jeu.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Et merci. Vous avez également répondu à une autre question en ligne sur la base industrielle de défense intégrée. Question à, et si cela vous convient, puis-je en prendre deux maintenant ? Parce que, donc Oana et puis l’autre Oana.
Question du public
Alors, je vais faire vite, pour que Oana Popescu-Zamfir, du Carnegie et du Global Focus Centre en Roumanie, ait suffisamment de temps. Et comme on pouvait s’y attendre, je vais vous demander si, suite à l’annulation récente de l’élection présidentielle en Roumanie en raison de l’ingérence russe, des leçons ont été tirées ? Y a-t-il une intention d’intensifier les efforts, peut-être en mettant en place des instruments pour faire face aux menaces hybrides, en rendant ce domaine opérationnel, peut-être comme le cyberespace, tout ce que nous pouvons espérer dans un avenir proche. Merci beaucoup.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Merci. Et Céline, je te demanderai de courir vers Oana. Tiens, qui était la porte-parole de l’OTAN.
Question du public
En effet [inaudible], maintenant membre distingué du Royal United Services Institute, RUSI. Secrétaire général, je vous encourage à vous mettre d’accord sur un budget de 3 % du PIB pour la défense d’ici le sommet de La Haye. Mais je ne vais pas vous poser de questions à ce sujet. Ma question est la suivante : craignez-vous qu’un éventuel accord de paix sur l’Ukraine puisse donner un prétexte aux dirigeants qui penseront que le danger est écarté. Donc, tout va bien. Nous n’avons pas besoin d’augmenter les dépenses de défense. Et afin de dramatiser la nécessité de dépenser davantage pour la défense, êtes-vous prêt à déclassifier, dans une certaine mesure, les objectifs de capacité de l’OTAN conformément à ce que le commissaire à la défense Kubilius semble exiger.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Français. Eh bien, pour la deuxième question, j’en viens à la question sur les capacités hybrides et cybernétiques. Lorsque vous examinez les objectifs de capacités, il faut bien sûr d’abord les définir clairement. Nous sommes en train de les établir et nous essayons de le faire avant l’été. C’était prévu pour octobre, mais nous avons avancé, car nous ne pouvons pas attendre octobre. Nous allons donc accélérer tout le processus. Et j’espère que les ministres de la Défense se mettront d’accord pour clôturer tout ce processus de révision de notre défense collective d’ici mai ou juin. Et puis, bien sûr, la question sera de savoir comment partager cela. Et cela pourrait aider, évidemment, et c’était aussi la question posée au fond de la salle, cela pourrait nous aider à souligner la nécessité de dépenser plus. Mais il y a évidemment aussi des considérations politiques dont nous devons tenir compte. Et parfois, il y a des sensibilités, mais nous y réfléchissons. À quel niveau d’agrégation vous pouvez partager les objectifs de capacités une fois qu’ils ont été établis. Et puis, si je peux faire une suggestion, ne parlons plus jamais d’hybride, parce que le mot hybride donne un sens à ce qui se passe. Ce qui se passe, c’est du sabotage. Ce qui se passe, exactement comme vous l’avez dit, ce sont des cyberattaques. L’OTAN a organisé l’un des plus grands exercices cybernétiques à Tallinn. Récemment, nous avons mis en place un centre cybernétique au sein de l’OTAN. Nous aidons avec des groupes de travail qui peuvent aller voir les Alliés s’ils ont besoin d’un soutien supplémentaire. Nous partageons davantage d’informations. Nous faisons tout ce qui est en matière de cybersécurité, mais aussi en ce qui concerne les câbles sous-marins, en ce qui concerne, plus généralement, les cybercrimes, les sabotages, nous nous rassemblons vraiment, nous travaillons ensemble, nous nous assurons que nous pouvons riposter. Et en Roumanie. Bien sûr, j’ai vu ce qui s’est passé et, bien sûr, c’est très inquiétant, mais nous l’avons déjà vu. Nous avons vu ce qui s’est passé en Moldavie, avec le référendum européen et avec l’élection présidentielle. Et puis Maia Sandu est venue cette semaine et a informé le Conseil de l’Atlantique Nord, les ambassadeurs, de ce qui s’est passé en Moldavie. Nous devons donc ne pas être naïfs. Et c’est là que je dis que nous ne sommes pas en guerre, mais que nous ne sommes pas non plus en paix. Et ce n’est pas le cas, c’est même maintenant dans nos salons, dans une certaine mesure. Et nous devons l’accepter, pour l’éliminer, nous devons riposter.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Merci beaucoup. Nous sommes arrivés à la fin de notre heure ensemble. Je dois m’excuser auprès de ceux qui n’ont pas pu poser de questions. Il y a eu beaucoup de questions, y compris en ligne, mais je voudrais vous remercier, car vous avez eu la gentillesse de répondre à toutes ces questions sans préparation. Je veux dire, vous étiez prêts à y répondre, mais les questions n’étaient pas préparées. Cela a donc été une très bonne occasion de dialoguer avec la communauté ici à Bruxelles et aussi au niveau mondial. Alors, merci beaucoup.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Faites passer le message. Aidez-moi à atteindre le milliard de personnes.
Rosa Balfour, directrice de Carnegie Europe
Et bonne chance pour diffuser votre message.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte
Merci beaucoup. Merci beaucoup.