Le 31 juillet 1914 Jean Jaurès, grand dirigeant du mouvement ouvrier en France tombait sous les balles de Raoul Vilain, un militant de droite fanatisé par les discours haineux des chefs de la droite qui détestaient Jaurès parce qu’il consacra la fin de sa vie à lutter contre la guerre impérialiste que les bourgeoisies d’Europe préparaient pour se partager le monde et gagner la suprématie de leur impérialisme.
La mort de Jaurès permet à la droite du Parti Socialiste de rallier « l’union sacrée » et donc la guerre, débarrassée de cette personnalité attachée à la paix et à l’internationalisme. Adversaire historique de Jaurès et prétendument plus ‘marxiste » que lui, Jules Guesde entre rapidement dans le gouvernement d’union sacrée…
Le 29 mars 1919 le meurtrier de Jaurès est scandaleusement acquitté. La veuve de Jaurès est condamnée aux dépens (paiement des frais du procès). Plus tard, les républicains espagnols confrontés au franquisme exécuteront Vilain, réfugié en Espagne.
Ce grand républicain de gauche, cet humaniste socialiste restera dans les mémoires des ouvriers de France comme le dénonciateur du capitalisme fauteur de guerre et un combattant de la paix, comme l’un des co-auteur de la loi laïque de séparation de l’Etat et des Eglises, comme un promoteur des lois sociales et associatives des années 1901/1905 (dont l’interdiction du travail dominical, rapportée par Macron), comme l’unificateur du premier Parti socialiste et comme le fondateur de l’Humanité. Son célèbre « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » reste d’une vérité toujours actuelle et en fait indépassable.
Comme l’a bien dit Trotski, pas toujours aussi bien inspiré, « Jaurès, athlète de l’idée, tomba sur l’arène en combattant le plus terrible fléau de l’humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l’homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte« .
C’est pourquoi le Parti Communiste Français, le 23 novembre 1924, alors que la dépouille de Jaurès est conduite au Panthéon et bien que mesquinement exclu de la cérémonie officielle, organise son propre défilé d’hommage et arrache Jaurès aux traîtres réformistes et bellicistes de la IIe Internationale faillie.
L’héritage pacifique, républicain, internationaliste, laïque et et patriote de Jaurès (il faut lire son admirable discours à la Chambre de l’an 1905 sur le sens de l’histoire) appartient au mouvement ouvrier et à son avant-garde ce qui n’exclut nullement des critiques sur son œuvre et sur son action.
Mais comme lui-même le disait dans sa magnifique Histoire socialiste de la Révolution française : » Ici, sous ce soleil de juin 93 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre, et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux Jacobins. » Et nous, communistes, sous ce chaud soleil de ce 31 juillet 1914, nous sommes assis aux côtés de Jaurès au café du Croissant luttant hier comme aujourd’hui contre les guerres impérialistes et contre les assassins de la paix.
Antoine Manessis