Pour des léninistes, une divergence tactique à propos d’une élection bourgeoise n’est pas une divergence stratégique, encore moins une divergence de principes méritant les anathèmes que nous percevons ça et là dans les rangs clairsemés de certains « identitaires » depuis le soutien critique apporté par le PRCF à la candidature Mélenchon pour la prochaine élection présidentielle. Ces reproches disproportionnés, qui amalgament le PRCF à… Pierre Laurent (alors que les auteurs de ces reproches sont membres du Parti de Pierre Laurent, lui-même affilié au PGE) n’ont en effet rien de structuré, et pour cause ; sans mettre en cause les responsable du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF, qui se sont exprimés avec mesure et auxquels le PRCF a répondu fraternellement, les attaques virulentes que nous subissons proviennent trop souvent de léninistes en paroles, de titulaires du nom de communistes, uniquement soucieux de gérer un héritage moral conquis de haute lutte par d’autres qu’eux, et dont les fondateurs et dirigeants du PRCF sont hautement fondés à se réclamer.
Nous avons déjà eu l’occasion de nous exprimer sur le paradoxe qu’il y a à prétendre lutter contre la liquidation du communisme en France en pratiquant un abandon du léninisme similaire à celui des liquidateurs sociaux-démocrates.
Pour
certains « blogueurs » péremptoires, ayant abandonné le centralisme démocratique et ne fonctionnant plus que de manière soit lassalienne sur le mode du culte du chef, soit menchevique dans un bazar régulé par une idée vague et messianique du communisme, toute idée d’alliance, fût-elle critique, est perçue par eux, non sans raison d’ailleurs, comme un danger mortel pour leur structure labile. Car forcément, l’alliance ou le soutien implique qu’on traite avec quelqu’un de différent de soi, et l’on ne peut s’allier sans se perdre que si l’on reste ferme sur ces principes, ce qui ne peut se faire que par l’exercice strict du centralisme démocratique et l’application de principes directeurs éprouvés. Notons que le PRCF n’a renié aucun de ces principes, n’a tu aucune de ces divergences avec JLM et n’a procédé à aucun révisionnisme au sens marxiste du terme, c’est-à-dire à un recul dans la théorie même, lequel diffère d’un repli tactique imposé par les circonstances. Il a simplement mesuré, avec la gravité qui s’impose, les risques majeurs pour le mouvement social, qu’entraînerait une extrême-
droitisation générale du paysage politique français à la prochaine élection bourgeoise et a tenu à souligner l’évolution, certes imparfaite, mais allant dans le bon sens, du mouvement hétérogène
mais prometteur qu’est la France insoumise.
Pour revenir à nos détracteurs les plus véhéments
, on voit clairement se profiler chez eux une surenchère gauchiste qui guette et s’accentue de façon ridicule à mesure que leurs forces vieillissent et se rabougrissent. Car ce n’est pas seulement l’idée d’alliance qui est pour eux un « péché ». Ils compensent par le fantasme rédempteur d’une parousie de la dictature du prolétariat qui tomberait du ciel. Ils adoptent ainsi le point de vue jugé « pédantesque et ridicule » par Lénine, lequel consiste à attendre une révolution sociale « pure » avec deux armées bien définies prenant position l’une pour le socialisme, l’autre pour l’impérialisme (cf. Lénine sur l’insurrection irlandaise de 1916). Et Lénine d’ajouter, dans le même texte, qu’aucune révolution sociale n’est « concevable » sans participation « d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés » (souligné dans l’original).
En lieu et place de ce à quoi nous aspirons sans nous en cacher, à savoir le rôle dirigeant et moteur de la classe ouvrière dans une alliance de type CNR (toutes les forces de progrès unies contre le grand patronat et l’extrême droite), qui est pour nous la définition même de la dictature réussie et efficace du prolétariat, nos aimables contradicteurs pensent ou pire, du moins laissent entendre, que la classe ouvrière devrait ne compter que sur elle-même et se substituer entièrement à la nation : ce qui revient à dire, court-circuitons les élections présidentielles à haut risque et laissons les bases CGT de classe, qui viennent d’essuyer une répression massive (au moins mille militants syndicaux poursuivis !) prendre en pleine figure le raz-de-marée thatchérien programmé par Fillon sans autre « arrière » politique qu’une candidature-témoignage du PCF, voire qu’un ralliement chemin faisant à ladite candidature Montebourg, si ce n’est à des candidatures communes PC/PS au 1er tour des législatives : bref, comme souci de l’avenir du mouvement social… et de l’identité communiste, on peut rêver mieux ! Le plus cocasse étant que cette surenchère en paroles s’accompagne de compromissions tendancieuses avec tel ou tel dirigeant du PCF-PGE et de son groupe parlementaire (qui a voté à l’unanimité l’état d’urgence en novembre, rappelons ce « détail »), c’est-à-dire d’un parti non seulement mutant mais désormais complètement muté sans espoir de retour.
Dans le fond, le procès qu’on nous fait à propos de ce soutien critique est de la même farine que les récriminations anti-PRCF quant à sa conception strictement marxiste-léniniste de la nation, et notamment son alliance des deux drapeaux, rouge et tricolore, alors qu’il s’agit ni plus ni moins que de la ligne historique – et victorieuse – du PCF de 1935 jusqu’à la liquidation eurocommuniste. Ces années sont pourtant un repère un peu plus solide que les spéculations sur une candidature Chassaigne, une candidature Montebourg, ou sur le redressement miraculeux du PCF « chemin faisant »
qu’on nous promet depuis vingt-cinq ans.
J’appelle donc fraternellement nos grands excommunicateurs « identitaires »… en apparence, à un peu de modestie, et à réétudier l’histoire. En pleine réaction stolypinienne, Lénine n’hésitait pas, par exemple, à propos des troudoviki (parti socialiste agrarien, majoritairement petit-bourgeois), d’appeler à « venir en aide aux faibles démocrates petits-bourgeois » et à « les arracher à l’influence des libéraux, former un camp de la démocratie contre les cadets contre-révolutionnaires » (Histoire du PCbURSS, éd. 1949, p. 107). Lénine avait, de plus, identifié deux formes de liquidation, la liquidation opportuniste proprement dite et l’autre, plus subtile, représentée par lesdits « otzovistes » (dont le terme signifie « partisans du retrait »), lesquels prétendaient décliner au nom d’une pureté identitaire toute participation aux institutions légales (syndicats, parlement) et risquaient ainsi par leur intégrisme d’isoler les bolcheviks et de les couper des masses.
Rappelons aussi à ces camarades qu’il ne s’agit pas seulement de s’unir entre communistes (au contraire, tant mieux si des divergences constructives apparaissent entre nous et que nous les traitions fraternellement, sans perdre de vue la stratégie de plus en plus partagée des « quatre sorties ») mais de s’unir au peuple de France, dans ses diverses composantes.
Merci Camarades pour cette mise au point, elle était nécessaire.
À proposer en lecture — entre autre :
Lutte contre le trotskisme : pages d’histoire (1903 -1927)
de S. Dmitriev et V. Ivanov
Ed. de l’agence de presse Novosti – Moscou- 1974
Le marxisme-léninisme, théorie internationaliste de la classe ouvrière
de M. Souslov
Ed. du Progrès- Moscou- 1975
Voir l’article paru dans la revue Kommouniste n° 15 (1969)
V. LÉNINE
œuvres – tome32
Ed. du Progrès – Moscou – 1976
Chapitre : À nouveau les syndicats, la situation actuelle…..
Salutations fraternelles
Roberte et Serge
«…l’évolution, certes imparfaite, mais allant dans le bon sens, du mouvement hétérogène mais prometteur qu’est la France insoumise.» ??????? Ce n’est plus du tout un soutien «comme la corde soutient le pendu».
Il serait temps qu’on retire «La maladie infantile…» des mains des opportunistes, qu’ils agitent comme leur petit livre rouge.
Decu du choix du PCF a suivre Melenchon dans ses delirs!
Oui a un pcf fort.Non au « batardage » de socialos.