En 1994, le Parlement français votait quasi-unanimement la loi Toubon destinée à protéger la langue française de l’invasion du tout-anglais.
Dès 2004, le Baron Seillères qui venait juste d’être promu patron des patrons européens déclarait devant les chefs d’Etat de l’U.E. qu’il ne leur parlerait plus désormais qu’en « anglais, la langue des affaires et de l’entreprise » (pauvre langue de Shakespeare !).
Depuis lors, la loi Toubon et la Constitution elle-même, qui dispose que « la langue de la République est le français », est impunément piétinée par le grand patronat, par les services de l’U.E., par nombre d’enseignes (« Carrefour Market », « Simply Market », « Total Access ») et de « services publics » (« Family TGV », « TGV Night » « Airfrance »…). Et au lieu de faire respecter la loi, le gouvernement P.S. a fait voter la loi Fioraso qui institue l’anglais comme une des langues officielles de l’Université « française ». Histoire de prendre en tenaille la langue de Molière entre le tout-anglais impérial et les forces euro-régionalistes, le gouvernement P.S. – hélas soutenu par la plupart des députés du P.C.F. – veut maintenant faire ratifier par le parlement la Charte européenne des langues minoritaires et régionales, qui contrevient au principe constitutionnel d’indivisibilité de la République.
Ce n’est pas tout : le Conseil supérieur de l’audiovisuel, dont une des missions est de faire respecter la loi Toubon dans les médias, s’interroge publiquement sur l’opportunité de quota dévolus à la chanson française (déjà si malmenée !) sur les ondes ; et voici que la Délégation générale à la langue française (D.G.L.F.), dont on croirait naïvement qu’elle est payée pour défendre notre langue, organisera bientôt au Sénat un colloque pour mettre en débat la loi Toubon à l’occasion de son 20ème anniversaire ! Mais sans doute cette législation linguistique « protectionniste » fait-elle désordre à l’heure où l’U.E. négocie en secret l’accord sur le Marché Transatlantique qui parachèvera le monopole linguistique et culturel de l’anglo-américain et des Etats-Unis en Europe…
« Ma patrie, c’est la langue française », disait Camus. « My country is business ! », répondent en chœur MM. Hollande et Gattaz : car de son propre aveu, le chef de file du M.E.D.E.F. rêve d’annoncer bientôt aux « investisseurs » mondiaux que, grâce à son offensive permanente contre les droits sociaux, « France is back ! » sur le marché mondial. Yèèèèèssssssss !
Drôle de France en vérité qui, sans sa langue, sa protection sociale, sa souveraineté nationale, ses services publics et ses emplois productifs (son « made in France », dirait Lord Montebourg), ressemblera bien vite au tristement fameux « couteau sans manche dont on a perdu la lame »…
Fort opportunément, M. Toubon – dont on se demande ce qu’il a fait pour les libertés quand il dirigeait le R.P.R. – vient d’être nommé « défenseur des droits » par Hollande. Et il nous faut vraiment beaucoup de mauvais esprit pour imaginer que cette nomination-surprise ait quoi que ce soit à voir avec la volonté d’abroger la loi Toubon en obligeant le tout nouveau « défenseur des droits » à observer son « devoir de réserve » quand on rouvrira le débat à haut risque sur « sa » loi (en promettant, bien entendu, de « défendre le français autrement… »)…
Bien entendu, nous ne demandons qu’à être démentis ! But, we’ re speaking, we’ re speaking… Do you only understand one word of what we’ re saying, Sir Hollande* ?
*Mais nous parlons, nous parlons… Comprenez-vous seulement un mot de ce que nous disons, M. Hollande ?