Les chiffres de la mortalité routière : ce n’est pas lié aux routes, à l’abandon (6 postes sur 7 d’agents de l’Équipement partant en retraite ne sont plus remplacés depuis dix ans) ni au beau temps qui revient après un mois d’averses, C’EST LA FAUTE AUX GILETS JAUNES qui ont occulté des radars !
La croissance stagne, la France ne cesse de reculer sur le plan économique* : ce n’est pas la faute à l’euro qui, aligné sur le Deutsche Mark, plombe nos exportations depuis vingt ans, ni à l’austérité salariale, ni aux millions de précaires et de sans emploi condamnés aux vaches maigres suite à des années de privatisations et de délocalisations : c’est la faute aux Gilets jaunes qui plombent le petit commerce !
Le moral des Français plonge, ils croient massivement que l’avenir des enfants sera pire que le leur, et d’ailleurs la démographie française fléchit : la faute aux Gilets jaunes vous dis-je, qui passent leurs samedis à se faire bêtement gazer par les gentils CRS au lieu de se reproduire après avoir visionné The Voice !
Quant au climat, s’il se dégrade, cela n’a rien à voir avec le turbo-capitalisme mondial qui fait faire trois fois le tour du monde à un paquet de yaourt avant de le faire atterrir dans votre assiette, ou qui hypertrophie le transport aérien à l’usage des couches aisées pendant que l’ouvrier au SMIC habite à 80 km de son lieu d’exploitation quotidien : c’est la faute aux Gilets jaunes qui ont sottement refusé la taxe carbone sous prétexte qu’elle n’était pas écolo-fléchée et qu’elle frappait bien plus, proportionnellement, les travailleurs pauvres que les châtelains du Touquet…
Bref, foulards rouges mes frères, il est temps de chanter en chœur ce petit refrain :
Je suis dev’nu aphone, la faute aux Gilets jaunes, / J’ai un gros panari, la faute à Ludofski, / Je suis un peu enroué, c’est la faute à Drouet, / Mon intestin me pèse, la faute à Ro-dri-guez !
Et à la fin, c’est Gavroche, coiffé du bonnet phrygien et du gilet jaune qui gagnera !