Nous reproduisons les commentaires d’André Bellon, ancien député et animateur du groupe Constituante à propos de la réception au Parlement d’une jeune icône médiatique, laquelle, à défaut de mettre en cause le rôle du capitalisme et du libre-échangisme mondial dans le délabrement environnemental, permet aux bien-pensants de toute l »UE de communier, en anglais comme il se doit, dans le culte abstrait de Gaïa tout en votant concrètement le CETA comme un seul homme. ..
La carte du vote des députés sur le CETA
On a les icônes qu’on mérite !
La visite de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale en dit plus sur l’état du Parlement que sur le réchauffement climatique.
Nous vivons un moment historique formidable. On ne doute pas de l’importance du défi climatique pour la nation et au-delà pour l’humanité. Mais c’est alors qu’intervient la petite bergère, personnage traditionnel des contes de fées, mélange de Cendrillon et de Bernadette Soubirou, qui rassemble au Palais Bourbon les députés de tous bords. Fallait-il cela pour éveiller la conscience nationale ? Greta Thunberg, sympathique personne, a soudain surgi pour expliquer à nos parlementaires, qui l’ignoraient (?), que la terre se réchauffe et qu’il faut se référer en la matière aux scientifiques du GIEC.
On s’étonnera que nos braves députés n’aient pas jugé utile jusqu’alors de convier les scientifiques en question avec autant de solennité et de créer un large débat autour de leurs thèses, autour des causes du défi autant que des moyens d’y faire face. On s’inquiétera, par exemple, qu’ils n’aient apparemment pas jugé utile d’auditionner Yves Coppens, le célèbre paléo-anthropologue, découvreur de Lucie, qui a longuement écrit sur les relations entre l’homme et le changement climatique.
Faut-il le rappeler ? Le rôle du député est de représenter et de décider au nom du peuple après un débat libre et raisonné, pas de servir de faire valoir aux Bernadette Soubirou des temps modernes.
On remarquera que la gentille petite Greta demande surtout que nous donnions, sans autre débat, notre intellectuelle obole quotidienne à la cause climatique, permettant ainsi aux parlementaires d’ignorer toute interrogation sur le mode de production et sur le système économique et social.
Ayant ainsi obtenu l’absolution de la sympathique innocente, les députés ont alors pu masquer leurs contradictions criantes, par exemple entre le larmoiement collectif et le vote quasi concomitant du CETA, entre libre-échange et écologie.
De nos jours, les grands gestes d’émotion collective se substituent souvent au débat démocratique, permettant ainsi au système dominant de se perpétuer sans soulever de grande hostilité.
L’incapacité à débattre et les enthousiasmes faciles traduisent bien la déliquescence des démocraties et la menace qui pèse sur nos libertés et notre avenir. À quand la prise de conscience de la crise démocratique ?
Une majorité des députés de droite ont boycotté la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale.
Je déplore qu’à gauche ce semble être aussi de mise.
Des scientifiques se sont exprimés depuis des décennies sur le sujet de l’écologie; sans succès. Des économismes ont proposé d’autres solutions que celles qui perdurent et produisent les mêmes effets délétères. On les a trainé dans la boue, ridiculisé.
Il est un terme qui est totalement honni du langage politico-économique c’est celui de « décroissance ».
On peut y ajouter d’autres mots dérangeants tels que « économie d’énergie », « moindres déplacements ».
Le choix des dirigeants politiques et de leurs associés est plutôt celui de l’encouragement à la « sur-consommation », au « gaspillage organisé », au « tourisme dévoyé », « au déplacement des populations pour booster artificiellement une croissance difficile à maintenir par le système libéral », « à la surpopulation encouragée pour les mêmes raisons », à la recherche effréné de la création d’emplois qui abouti irrémédiablement à l’exploitation des salariés et après quelques années à nouveau à leur chômage et à la misère. Entre temps, les petits emplois indépendants déjà mal rétribués auront disparus: petites propriétés agricoles rachetées ou détruites, artisanats et services monopolisés par les investisseurs ne sachant plus quoi acheter pour utiliser cette manne toujours grandissante qui leur est offerte par…
…la complicité consciente ou inconsciente à tout ce qui précède.
Alors si quelques enfants, adolescents, adultes inexpérimentés osent maladroitement dirent et manifester leur malaise quant à cette folie humaine sourde, aveugle et condescendante, il est aussi possible d’écouter humblement, de remercier leur courage et leur disponibilité, voire même de les accueillir et de les aider.
Et pour ceux dont c’est le métier d’écrire, de commenter, d’analyser, de critiquer, qu’il veuillent bien mettre au service du « bien » plutôt que du « bien-pensant » leur plume et leur art qui traceront peut-être les formes et contours d’un nouveau paradigme plus « humainement correct ».
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Ce n’est pas l’initiative de la jeune Greta Thunberg qui est condamnable,et sa comparaison dans l’article comme une soubirou des temps modernes est sévère et ne correspond pas à la volonté de cette jeune personne, sans doute victime de sa candeur. C’est davantage l’utilisation qu’en font les médias en cherchant à faire le buzz dans sa veine simplificatrice dont elle est coutumière. Jouer sur l’émotion, sur l’image, sur tout ce qui n’amène pas à la réflexion et à l’analyse, voilà comment traitent les sujets d’information la plupart des médias; nous sommes invités à consommer de l’info tout comme nous pourrions consommer du Coca (vert? ça n’existe pas encore). Le message de Greta était une alerte dans laquelle se sont retrouvés de nombreux jeunes. C’était aux journalistes de l’inviter à approfondir et à le faire eux-mêmes.
Mais, combien de jeunes se soucient de l’avenir de la planète, river qu’ils sont sur leur smartphone? adsorber par le dernier clip de Machin Machine. Ou pour les plus sérieux et déjà presque vieux, complètement engagés dans leur formation et déjà préparant la carrière qu’ils ou elles auront en sortant de leurs études.
C’est tout le jeu du capitalisme et du libéralisme d’utiliser ces bonnes volontés à des fins de grands messes qui auront valeur de faire valoir: « Voilà, nous, dans nos démocraties, nous sommes ouverts à toutes opinions, en voilà la preuve! ». Et c’est à nous, autour de nous, et aux députés et aux élus dans leur sphère, à dénoncer la mystification, mais ne demandons pas à une jeune étudiante – en plus dans un contexte où toutes les caméras et micros sont braqués sur elle- d’avoir le propos argumenté et critique d’un Yves Coppens. Et quand vous dites la gentille Greta, je trouve cela carrément blessant.
C’est nous, par nos lâchetés, ou nos compromissions qui sont avant tout responsables de l’état de notre démocratie, et celle tout aussi préoccupante de notre planète. Et encore une fois, combien de nos gosses de l’âge Greta se contrefoutent de l’environnement, moutons moutons ils suivent le mouvement, et j’en vois beaucoup pencher sur leur machin multifonction à 900 euros ou plus, à dce prix, ce sont les parents qui ont payer et sans doute fiers de payer ça à leurs gossess.