Coucou déjà, cinq ans les revoilà, nos bons amis de Lutte « ouvrière ».
Il y a une grosse décennie, ils avaient presque obtenu 10% avec leurs petits frères de la LCR, entretemps rebaptisée NPA (plus de faucille et de marteau ni de référence au communisme…). Mais qu’ont donc fait « Arlette » et « Olivier » de ce bref regain populaire des partis trotskistes, qu’avait alors rendu possible le retrait social-démocrate du PCF « mutant » ? Comment ont-il transformé ce potentiel électoral en dynamique de luttes, de rapport des forces et de construction de construction du « parti révolutionnaire du prolétariat » que les trotskistes promettent toujours et qui ne vient jamais ?
Pourtant, ces mouvements dit d’ « extrême gauche » disposent d’un accès permanent aux médias et d’un « réseau » suffisant de maires « apolitiques » (sic) qui doivent se dire qu’un peu de folklore « écarlate », pourvu qu’il ménage la sacro-sainte « Europe », ne saurait offrir que des avantages : retirer quelques voix à la gauche euro-critique (naguère, au PCF, aujourd’hui à Mélenchon), donc aider le PS à garder sa 1ère place à gauche pour le plus grand dommage du mouvement ouvrier de classe…
Alors N. Arthaud va bien entendu nous expliquer que « les élections bourgeoises importent peu » et que « ce qui compte c’est la lutte ». Sauf que c’est surtout aux élections qu’on la voit. Cette pseudo-internationaliste, dont le mouvement a jadis soutenu le contre-révolutionnaire Walesa et les « combattants de la liberté » afghans (c’est-à-dire en fait, les … talibans : car tout était bon pour abattre l’URSS !) va reprendre sa rengaine inusable : « travailleurs, ne combattez par l’UE, car Maastricht ou pas, UE ou pas, euro ou pas, l’exploitation capitaliste restera l’exploitation capitaliste ». Sauf que ladite exploitation est plus ou moins brutale selon les armes institutionnelles et internationales dont elle parvient ou pas à se doter : or, une UE qui se définit comme « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » est une arme létale pour les capitalistes qui veulent détruire les acquis, délocaliser l’industrie, privatiser les services publics, démonter les retraites et la Sécu, et affaiblir la résistance ouvrière… Plus clairvoyant pour sa classe que ne l’est Arthaud pour la classe laborieuse qu’elle dit servir, Alain Madelin avait jadis expliqué qu’il voyait en Maastricht (sur lequel L.O. s’abstint jadis si courageusement) une « assurance tous risques contre le socialisme » en France et en Europe…
La même L.O. est déjà en train d’expliquer qu’il ne faut pas être patriotes, qu’il faut laisser la France, son drapeau, sa langue, la Marseillaise à la disposition du FN – qui les dévoie au profit du racisme – et qu’un ouvrier ne doit surtout pas défendre son pays et sa production industrielle locale alors même que la bourgeoisie les désosse à l’abri de l’intouchable « construction » européenne…
Heureusement que les Communards, qui combattirent à la fois Thiers et l’envahisseur prussien, heureusement que les FTP, qui résistèrent à la fois à Hitler et à Vichy, ne l’ont pas entendu de cette oreille. A l’époque, que ce soit à l’appel d’Eugène Varlin ou à l’invitation de Maurice Thorez, le « camp des travailleurs » a défendu à la fois sa classe, son pays et toute l’humanité en associant le patriotisme populaire à l’internationalisme prolétarien.
Il est vrai que nos grands révolutionnaires trotskistes ne sauraient poursuivre des objectifs aussi bas : défendre le « produire en France », revendiquer la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie ? Vous plaisantez : rien n’est digne de lutte si ce n’est « le service public européen » (sic) et la « révolution permanente » (au moins européenne et si possible mondiale…). Ces « marxistes » ignorent-ils le proverbe matérialiste qui dit que « qui ne peut pas le moins peut rarement le plus » ?
En réalité, le drapeau rouge opposé au drapeau tricolore, la classe ouvrière opposée à la nation, c’est l’isolement et la défaite assurée pour la classe ouvrière qui a obtenu ses plus belles conquêtes quand, à l’initiative du PCF, elle a associait clairement l’antifascisme, le patriotisme et la solidarité de classe internationale en les tournant à la fois contre la xénophobie, contre le racisme, contre le colonialisme et contre l’oligarchie capitaliste. Et à notre époque, le prix à payer d’un découplage du patriotisme et de la conscience de classe n’est plus seulement celui des régressions sociales sans fin : c’est le TGV pour la fascisation au profit d’une Le Pen qui sait mieux que tout le monde opposer le rouge au tricolore pour le grand profit de l’oligarchie !
Dès lors, apportons un soutien « critique, dynamique et constructif », comme y invite le PRCF, à la candidature Mélenchon tout en militant pour la reconstruction d’un vrai parti communiste – ni mutant ni trotskiste – , pour une France Franchement Insoumise à Hollande, à Fillon, au FN, à Macron, à Gattaz, et à la funeste UE/OTAN de l’exploitation et de la guerre !