« Comme le scorpion, mon frère ! ». Par Floréal
« Les politiciens » nous trompent et ils sont « tous pourris ».
« Manifester, faire grève, ça ne sert à rien, et d’ailleurs je ne peux pas me le permettre, j’ai un crédit à rembourser ».
« Ils » font ce qu’ils veulent sans s’occuper de « nous », mais « nous, gens honnêtes, ne faisons pas de politique ni d’ailleurs de syndicalisme »…
Combien de fois les militants franchement communistes, les syndicalistes de classe, les vrais progressistes qui se lèvent à six heures du matin pour tracter à une entrée d’usine, auxquels leur engagement a toujours coûté plus qu’il ne leur a personnellement rapporté, qui ont même souvent été harcelés professionnellement au motif de leurs idées, ont-ils entendu ces propos venimeux qui font mal tant ils portent d’aigreur rance, d’injustice crasse, et pour finir, de veulerie consentante ? Car enfin, engueuler tout le monde, c’est n’engueuler personne et c’est accepter que les dirigeants qui nous méprisent aient raison de le faire puisque nous ne faisons rien contre eux…
Car enfin, ce n’est pas en mettant « tout le monde dans le même sac », sans s’engager soi-même dans la moindre action personnelle ou collective, que l’on fait avancer NOTRE pays et l’avenir de NOS enfants, que nous disons aimer.
Et ce n’est pas en ne lisant rien, en ne cherchant pas activement des solutions, en ne confrontant pas les programmes des uns et des autres, en ne mettant jamais les pieds dans une réunion publique, en enviant aigrement « les autres » qui ont toujours trop, en jalousant le voisin chômeur, fonctionnaire, immigré, trop jeune ou trop vieux, en restant constamment branché sur des chaînes bas de gamme, en relayant à longueur de « tweet » des micro-évènements et des « selfies » sans le moindre intérêt, en colportant une mentalité de colonisé chronique drapeau US ou « Union Jack » sur les fesses, que des ADULTES censés être des citoyens cultiveront la dignité en eux-mêmes et chez les autres…
Bien entendu, les politiciens de la droite – c’est leur métier de servir les riches et de voler les pauvres – et de la fausse gauche – c’est leur tradition de matraquer leur camp – ont méthodiquement démoli la France et le monde du travail : et c’est encore plus vrai depuis que s’est accélérée la néfaste « construction » européenne qui a suivi l’implosion sous influence de l’URSS et de l’Europe socialiste.
Bien entendu, il y a de quoi être perdu, égaré, désorienté, paumé, dans un pays qui est pris en étau entre les xénophobes du FN et les autophobes antinationaux du Parti Maastrichtien Unique, PS, LR, avec leurs rabatteurs tous terrains d’Europe-Ecologie, des partis euro-trotskistes (LO en tête), voire du parti euro-« commmuniste » qu’est devenu le PCF-PGE à l’issue de son interminable « mutation-dénaturation ». Et combien il est triste de voir que certains syndicats, qui se veulent encore sincèrement de classe et de lutte, n’ont pas dit un traitre mot de l’origine européenne de la Loi Travail, en ne tapant QUE sur la lampiste El Khomri, la petite télégraphiste française de Bruxelles…
Bien sûr, il n’y a plus d’avant-garde politique digne de ce nom dans notre pays depuis que, à l’orée des années 70, le PCF a procédé, sous couvert de « modernité » anti-léniniste, à l’effeuillage complet de ses fondamentaux (abandon de la dictature du prolétariat : 1976 ; du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien : 79 ; rupture révolutionnaire avec le capitalisme et enlisement dans la Mitterrandie : 81/84, reniement de Lénine et adhésion à la Gorbatchévie (87/91), conversion à la « construction européenne » et participation au gouvernement Jospin d’euro-privatisation et de bombardement de Belgrade : 97/2002), abandon des références au centralisme démocratique, au marxisme, au socialisme et à la classe ouvrière (94). Comment les masses y verraient-elles clair quand les dirigeants et ministres du PCF finissent régulièrement chez les Verts (Juquin), au PS (Fiterman), chez Macron (Hue, Gayssot), quand ce n’est pas au FN, comme c’est le cas d’une ex-étoile du PCF-62 dans le bassin minier ?
Mais si paumé qu’il soit, l’homme n’en est pas moins doté d’une raison, d’une conscience, d’un sentiment inaliénable de la dignité. Quand l’avant-garde n’existe plus, soit on travaille à la reconstruire, soit, du moins, on ne se précipite pas en masse pour être « prem’s » à l’abattoir, par ex. en votant CFDT aux élections professionnelles ! Même les moutons, s’ils pouvaient voter, n’éliraient pas forcément le « Berger » qui les tond !
Ce cri douloureux, qui n’est pas mépris mais rappel à la responsabilité personnelle, le grand poète communiste turc Nazim Hikmet, qui passa une bonne partie de sa vie dans les geôles fascistes, le fait entendre dans son poème « La plus drôle des créatures ».
« Tu es comme le scorpion mon frère
(…)
Et si nous sommes humiliés, exploités, opprimés,
Irai-je à dire que c’est de ta faute, mon frère ?
Non.
Mais tu y es quand même pour beaucoup, mon frère ».
Et si paradoxalement, cette « engueulade » du militant à ses frères, dont certains, non seulement baissent la tête, mais « engueulent » les militants qui les défendent, était encore le cri d’amour pour le peuple que firent jadis entendre, sans démagogie, Rousseau, Robespierre ou Louise Michel qui, jamais, ne flattèrent le peuple et qui toujours au contraire, l’incitèrent à entendre en eux cette force énorme qu’est le sentiment collectif de la dignité ?
Terminons par la conclusion que Maurice Thorez et Jacques Duclos apportèrent en 1940 dans leur appel clandestin à relever la tête : « jamais, non jamais, un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ».
Oui, vous ne devriez pas oublier Patrick BRAOUEZEC, ancien maire de St-Denis (93) ayant rejoint MACRON…! comme naguère DORIOT…. Et puis le maire de Sevran (93), coco puis écolo, puis… et maintenant chez MACRON ! Ca nous fait dégueuler.