Certaines comparaisons sont extrêmement pénibles à évoquer, fût-ce en pointillés, mais en l’occurrence, il n’y en a aucune autre possible. Que chacun(e) en juge par lui-même:
– Le Nouveau Front Populaire est le premier regroupement de députés à l’Assemblée nationale, et de loin; il n’aura donc pas Matignon pour que le peuple puisse voir ce que valent ses promesses de « changer la vie des Français » sans sortir de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme. Dommage pour les travailleurs et scandale institutionnel majeur pour l’ainsi-dite « démocratie française »…
– Les LR, c’est-à-dire ce que l’on nomme par antiphrase la droite « républicaine », sont la cinquième force de l’Assemblée et, sans le cadeau royal du « Front républicain » que leur a fait la gauche institutionnelle au second tour des législatives, ils n’auraient peut-être même pas obtenu de groupe parlementaire. Il est donc extrêmement logique, n’est-ce pas, qu’ils héritent de Matignon et que, très vraisemblablement, ce parti archi-minoritaire fournisse l’armature du futur gouvernement, avec bien sûr, l’appoint du parti macroniste désavoué par les électeurs…
– une des exigences fortes des Français, qu’ils aient voté NFP ou RN, était l’abrogation de la réforme des retraites. Or Barnier qui veut, dit-il, « améliorer » cette contre-réforme inamendable, est officiellement partisan de la retraite à 65 ans. Belle « amélioration » en vue, donc… Et nouveau grand bond en avant, à n’en pas douter, pour la démocratie !
– Au second tour des législatives, alors que le RN était donné gagnant par les commentateurs politiques, l’électorat s’est mobilisé, la gauche est arrivée première et l’extrême droite… troisième. Ce sera donc, de plus en plus logiquement, le RN qui fera en réalité le prochain gouvernement: car si les lepénistes ne s’abstiennent pas obligeamment lors de la motion de censure annoncée par la gauche, le gouvernement sera officiellement mort-né. Bref, les Français ont dit non au RN et c’est ce parti que Macron met en situation d’introniser Barnier, puis de le faire chanter en permanence pendant au moins un an. On annonce déjà du reste la mise en place d’un ministère de l’immigration, histoire pour Barnier de payer d’avance l’abstention lepéniste sans laquelle il pourra vite retourner « poser un pied devant l’autre », comme il le dit si intelligemment, dans ses frais alpages…
Poursuivons:
– en 2005, les Français ont dit non à 55 % à la constitution européenne. C’est pourquoi sans doute, les eurocrates Mario Draghi et Ursula von der Leyen, avec bien entendu l’appui de Macron, ce partisan déclaré de la « souveraineté européenne », préparent fébrilement le « saut fédéral européen » qui, s’il est mis en oeuvre par cet autre eurocrate qu’est Barnier, fera de la France une province de l’Etat fédéral piloté par Berlin et supervisé par Washington. Vous ne vouliez pas de l’Europe supranationale, atlantique et néolibérale? Eh bien vous en boufferez quand même, avec beaucoup de sauce et à tous les repas !
– les journalistes se demandent gravement ce que sera l’orientation sociale du gouvernement Barnier. Or on la connaît d’avance: la Troïka (Commission de Bruxelles, BCE, FMI) qui a déjà ruiné la Grèce arpente déjà les ministères français pour racler 110 milliards en trois ans sur les dépenses sociales afin de préserver le sacro-saint euro (c’est-à-dire le deutsche Mark) et de payer rubis sur l’ongle les usuriers des « marchés financiers » internationaux en dépiautant ce qui reste des services publics et de la protection sociale. « Rembourser la dette est une question de souveraineté » a même ajouté sans rire Barnier. Le mot « souveraineté » désignerait-il désormais, en patois maastrichtien, ce qu’on appelait jusqu’ici « esclavage volontaire »? Mais Barnier qui a négocié le Brexit au compte de l’UE et aux dépens du peuple anglais n’a bien entendu que faire, tout « gaulliste » qu’il se dise, de la souveraineté des peuples d’Europe !
– tous les sondages le montrent: la majorité de Français veut qu’on arrête les frais en Ukraine et refuse que la France devienne chaque jour un peu plus, sous l’égide de l’OTAN, cobelligérante officielle contre la Russie. Laquelle nous a sauvés de Hitler en 45 et… dispose aujourd’hui de missiles nucléaires hypersoniques dont chacun peut raser Lille ou Bordeaux. Eh bien, Barnier a déjà prévenu, le menton carré et l’air martial, que la France continuerait de gaver d’armes le régime de Kiev qui nous entraîne « un pas après l’autre » vers la troisième guerre mondiale. Là encore, vive la France, vive la paix, vive la démocratie, vive l’intelligence !
Mais au fait, comment s’appelle donc une personne, physique ou morale, qui passe systématiquement outre au consentement d’une seconde personne physique ou morale, en l’occurrence Marianne, c’est-à-dire la République française, c’est-à-dire nous tous, et qui lui impose systématiquement, qui plus est en la faisant souffrir, en l’humiliant et même en la mettant froidement en danger de mort, le contraire de ce qu’elle désire explicitement?
Voilà, vous avez trouvé par vous-mêmes les noms qu’il faut donner à ce qui nous arrive collectivement ainsi qu’à tous ceux qui nous infligent ça.Il ne nous reste donc plus, sans tarder, qu’à crier et qu’à manifester très fort ensemble… ou qu’à perdre définitivement toute liberté et toute dignité.
Choisissons!
Par Floréal, PRCF, 13 septembre 2024
* Pour ceux qui n’auraient toujours pas résolu l’énigme, rappelons l’Article XXXV de la Déclaration des Droits de l’homme de 1793: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».