Des millions de Français jubilent : les « Bleus » – puisqu’il n’est jamais plus question de « Tricolores » – sont qualifiés pour les huitièmes… Tant mieux pour le moral de nos compatriotes accablés d’austérité et inquiets pour l’avenir de leur pays en crise…
Pourtant, chers amateurs de Marseillaise clamée à pleins poumons dans les stades et les cafés, ne faudrait-il pas AUSSI que tous ensemble et plus souvent, nous nous souvenions des trois couleurs quand il s’agit, non seulement de soutenir une équipe à milliards dont certaines vedettes ont déserté l’Hexagone, mais de défendre les fondamentaux de notre pays plongés dans le bain d’acide de l’UE supranationale et du Grand Marché Transatlantique :
<! – De notre production industrielle, délocalisée par le grand patronat dans le cadre de « l’économie de marché ouverte sur le monde » prescrite par le Traité de Maastricht : car la désindustrialisation de notre pays signifie aussi le déclassement massif de sa classe ouvrière, qui a pourtant porté l’essentiel du progrès social et sociétal de notre pays depuis deux siècles ;
<![- De nos services publics, de notre protection sociale, mis en place par le Front populaire et par les ministres communistes de 45, mettant en œuvre le programme du CNR ;
– De notre cadre territorial républicain hérité de 1789, cette République une et indivisible, qui nous permet de relever de la même loi, du même code du Travail, des mêmes conventions collectives, du même SMIG, des mêmes diplômes et qualifications, des mêmes statuts publics de Dunkerque à Ajaccio et de Brest à Mulhouse : car cette République assise sur les Communes et sur les départements aura vécu quand la contre-réforme territoriale exigée par le MEDEF et pilotée par Hollande aura changé la France en une mosaïque d’euro-régions à l’allemande ;
– De notre souveraineté nationale, bafouée par l’allégeance du Parti Maastrichtien Unique (PS, UMP, UDI, Europe-Ecologie), aux Traités supranationaux européens avec l’empressement collabo de la grande bourgeoisie « française » de plus en plus « compradore » ;
– De notre langue, broyée par le tout-anglais patronal, et dont le Grand Marché Transatlantique – que la gauche bobo a déjà adopté sous son appellation américaine glamour de « TAFTA » – va broyer les derniers dispositifs protecteurs, comme la loi Toubon, au nom de la « concurrence libre et non faussée » : place nette à l’anglo-américain impérial dans les domaines de la pub, des enseignes commerciale, de l’enseignement universitaire, de la recherche, de la chanson, du cinéma, voire de l’Armée française de nouveau inféodée à l’O.T.A.N. et à sa langue impériale !
On aimerait aussi voir tous les supporteurs de Giroux et de Benzema, plus solidaires quand, secouant la veulerie ambiante dans l’intérêt de tous, les cheminots ou les travailleurs du spectacle font grève pour défendre NOS chemins de fer en cours de privatisation ou pour sauver NOTRE culture menacée par les attaques contre les travailleurs du spectacle…
Où diable est donc passé l’esprit frondeur de notre peuple qui, « aux peuples étrangers donnait le vertige », comme le chantait Jean Ferrat ? Un esprit frondeur qui se mue trop souvent aujourd’hui en aigreur jalouse contre l’ «autre pauvre », sur fond de xénophobie et d’autophobie nationale, ces deux faces de la même euro-décomposition sociale et nationale ?
Alors, bonne chance à Didier Deschamps qui a su rendre tenue et esprit collectif à cette sélection encore il y a peu décomposée par le fric, l’incivisme crasse et les querelles d’ego.
Mais NOUS, les Français héritiers de la Grande Révolution, secouons-nous aussi, renouons avec l’esprit d’équipe du combat solidaire et retrouvons le DESIR de nos BUTS collectifs : la liberté, l’égalité et la fraternité !
Et souvenons-nous du joli mot d’Eric Cantona : « mon plus beau but fut une passe ! ».