Les supporteurs de l’Equipe de France de foot vont pouvoir pleinement exprimer leur patriotisme sportif… sinon linguistique : la fédération de ballon rond vient en effet de choisir une chanson… en anglais (et c’est aussi en anglais que la « Voice » représentant la France au Carnaval de l’Eurovision poussera son refrain). C’est « so foot » (mot à mot, « si pied », car ces gens-là ignorent aussi l’anglais), comme dirait un journal français (mais oui) consacré au football…
Libre à toute la jeunesse de s’exalter sur ordre pour des « stars » milliardaires qui, quelques années plus tard, s’écrouleront sous leurs douteux millions, comme Platini, quitteront la compétition sur un carton rouge, comme l’intouchable Zidane, loueront leurs talents à un club franco-quatari, ou se déchireront en place publique sur une affaire de « sex-tep » (pour l’honneur de la langue française il n’existe pas de mot pour dire la chose) ou de chantage exercé sur un petit camarade.
Telle est la vertu patriotique et civique de ce spectacle de moins en moins… sportif qu’est devenu un certain sport professionnel qui n’est plus qu’une insulte au bénévolat et à l’engagement quotidien de millions de sportifs amateurs. Et pendant ce temps, la contre-réforme des collèges vise à détruire l’Education physique et sportive à la française…
Dans ces conditions, pourquoi devrions-nous « supporter » (en français : soutenir) une équipe qui représente le pire de notre société et dont les pseudo-« valeurs » aident à détruire la conscience civique dans notre pays ?
Jaurès disait fort justement qu’ « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, mais que beaucoup de patriotisme y ramène ».
Un peu de patriotisme conduit à « supporter » les « Bleus » (si peu « rouges » en effet, bien que le drapeau tricolore comporte aussi cette couleur si souvent absente du maillot « national »), mais beaucoup de patriotisme, de civisme et même, d’esprit sportif, conduit au contraire à une profonde indifférence par rapport au sort de ces équipes à milliards qui prolifèrent dans notre France délocalisée, privatisée, sur-américanisée et dopée au tout-profit.
Combien d’argent pour l’ « euro », combien d’investissements capitalistes défiscalisés pendant que le capital déserte la production et que l’argent public manque pour les hôpitaux et les postes d’enseignants ?
Et vive l’équipe amateur de ma cité HLM d’origine !