Par Georges Gastaud – 8 avril 2021 – Comble de ce… « populisme » par ailleurs si décrié, l’énarque Macron, figure caricaturale de la bourgeoisie nantie, vient de décider autocratiquement de dissoudre l’Ecole Nationale d’Administration (ENA)… école dont il est lui-même issu! Décision non seulement ingrate et scandaleusement autoritaire, mais totalement démagogique.
Loin de nous l’idée, bien évidemment, de disculper l’ « énarchie » de ses responsabilités écrasantes dans la morgue de classe écrasante dont nos hauts fonctionnaires écrasent d’ordinaire les humbles administrés et autres cochons de contribuables qui paient les traitements exorbitants des premiers ; mais tout d’abord, il est un peu court d’accuser l’ENA d’être responsable de la coupure flagrante qui sépare le peuple de son « élite » oligarchique: car la bonne vieille attaque poujadiste contre les (hauts) fonctionnaires vise en réalité à discréditer à travers eux l’ensemble des agents publics malmenés par les euro-réformes. Ce type d’attaque évite aussi et surtout de remettre en question les politiques maastrichtiennes que les politiciens du capital, les Sarkozy, Hollande, Macron et Cie, mènent depuis des lustres pour dissoudre la France dans l’acide sulfurique de la « construction » euro-atlantique.
Trop facile aussi d’ignorer que le principal vice démocratique que comporte le système politico-économique français s’appelle moins « ENA » que capitalisme monopoliste d’Etat et que ce vice de construction rédhibitoire se définit par le passage permanent du haut personnel bourgeois de la haute fonction publique à la direction générale des monopoles capitalistes et de cette dernière à la direction politique du pays, Elysée et Matignon inclus : bref, par ce que le PCF, quand il était encore marxiste, appelait « le mécanisme unique Etat bourgeois/monopoles capitalistes ». Ainsi en fut-il de Georges Pompidou, l’ancien fondé de pouvoir de la Banque Rothschild devenu chef de l’Etat en 1969, de Valéry Giscard d’Estaing, l’homme de confiance de la finance qui succéda à Pompidou en 1874… et d’E. Macron qui, lui aussi, faisait partie du haut encadrement de la banque Rothschild avant de devenir, avec le soutien financier et médiatique massif de la haute finance hexagonale et internationale, le premier magistrat de cette Cinquième République qui n’a de républicain que l’appellation.
Enfin et surtout, qu’est-ce qui est, sinon le mieux, du moins le « moins pire », d’une ENA où l’on entrait encore par concours anonyme à l’issue d’un parcours universitaire dûment validé, ou d’un accès redevenant totalement arbitraire à la Haute administration, via le piston familial, les recommandations des copains, les affinités politiques, les réseaux capitalistes ou les diplômes universitaires obtenus aux USA, en anglais et en payant des frais d’inscription universitaires astronomiques, comme, très certainement, l’Irrépublique en marche voudrait bien nous l’imposer ICI ? M. Macron, ne voulez-vous pas en réalité que ne puissent tout bonnement devenir hauts fonctionnaires que les individus comme vous que l’Oncle Sam aurait préalablement doté du titre de « Young Leader » que vous avez vous-même arboré toute fierté nationale ravalée ? Quel beau progrès démocratique ce serait là, en effet! Du moins l’ENA actuelle s’intitulait-elle encore, ne serait-ce qu’en théorie et pour le principe, Ecole Nationale d’Administration!
Alors, faut-il réformer l’ENA et l’Etat français? Bien entendu, et il faut même les révolutionner pour que les mots « souveraineté nationale » et « souveraineté populaire » deviennent des réalités, comblant du même coup le fossé de classe entre le peuple français et ses soi-disant « élites » qu’il a bien raison de mépriser autant qu’elles le méprisent.
Mais cela ne passe pas par les mesures démagogiques et régressives de Macron, et encore moins par sa propension à supprimer en tous domaines les concours publics et la méritocratie républicaine – si formelle et parfois vide de contenu qu’elle soit -, mais par la sortie progressiste de l’UE, par la nationalisation démocratique des monopoles capitalistes, par l’émergence d’une véritable démocratie populaire.. et par la reprise par notre pays de sa marche séculaire, interrompue par des décennies de mensonges social-démocrates, « eurocommunistes » et « mutants », vers une société SOCIALISTE remettant le monde du travail, centre de gravité naturel de toute démocratie véritable, au centre de la vie et de l’administration nationale.