Au nom de la « laïcité », M. Hollande et le gouvernement « républicain » au complet ont assisté à une cérémonie religieuse dans une synagogue en l’honneur de nos compatriotes juifs (et non-juifs) assassinés par un terroriste.
Bien entendu, la solidarité nationale envers les juifs victimes d’un assassinat antisémite caractérisé doit s’exprimer au plus haut niveau, comme d’ailleurs doit s’exprimer la solidarité de la Nation avec les compatriotes musulmans, chrétiens, agnostiques, athées (ceux-là n’ont pas de lieux de culte, par définition !) qui ont été frappés par les tueurs. Mais cette solidarité n’a PAS à s’exprimer dans un cadre CULTUEL et RELIGIEUX : la loi organique de 1905, qui fait partie du « bloc de constitutionnalité » et que l’on doit notamment à Jean Jaurès, est en effet formelle puisque son article II dispose très clairement que « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ».
Déjà, le Premier ministre Valls s’était déplacé à Rome, illégalement et anticonstitutionnellement, pour cautionner au nom de la République « laïque » la cérémonie vaticane à l’occasion de laquelle ont été canonisés Jean XXIII et Jean-Paul II.
Quant à Sarkozy, il a été fait « chanoine du Latran » par Benoît XVI et il n’a pas craint, à cette occasion, de faire l’éloge du « curé, du pasteur et du rabbin », mieux placés d’après lui que les instituteurs laïques pour enseigner les « valeurs »…
On objectera que face à l’ampleur des massacres actuels*, l’heure n’est pas à respecter des babioles telles que la loi républicaine, la séparation de l’Etat et des Eglises ou l’Etat de droit… Outre que cet argument démagogique est scandaleux (le premier magistrat de l’Etat est tenu plus que tout autre de faire respecter la loi !), son utilisation montre combien nos dirigeants se moquent de la « laïcité » dont ils se réclament A SENS UNIQUE pour fustiger une partie de la population (les travailleurs musulmans), tout en humiliant sans discontinuer les Français qui ne professent aucune religion (et qui ne sont pas loin d’être majoritaires !). Le comble de l’hypocrisie est atteint quand ceux qui violent la laïcité au sommet de l’Etat somment les enseignants de prêcher en classe une « morale laïque » qui n’est, à bien regarder les textes très suspects qui la cadrent, qu’une resucée de consensus bien-pensant.
Mais il n’y a pas qu’en ce domaine que prédomine le « deux poids deux mesures » en France. Il n’est que d’observer combien, sur un autre plan, les dispositifs linguistiques légaux et constitutionnels sont lourdement violés dans notre pays, qu’il s’agisse de l’article II de la Constitution (« la langue de la République est le français ») ou de la la loi Toubon (votée à l’unanimité par le parlement en 1994, et qui dispose que « le français est la langue de l’enseignement ») puisque c’est le gouvernement lui-même qui a institué l’anglais comme langue officielle bis de l’Université : en effet, la loi scélérate de Geneviève Fioraso autorise des Français à enseigner en anglais à d’autres francophones dans l’enseignement supérieur au mépris de notre langue nationale, premier service public de France !
Si toi, ami lecteur, tu hausses les épaules et que tu juges déjà que « face à la menace terroriste, toutes ces objections ne sont que roupies de sansonnet », c’est que tu es déjà mûr pour l’adoption en France de l’équivalent d’un Patriot Act. On appelle ainsi le dangereux arsenal législatif américain qui, sous l’égide de G.W. Bush, a dévasté les libertés et autorisé la torture à Guantanamo. Qui plus est, ce type de loi scélérate est inefficace contre le terrorisme : en France, la loi Cazeneuve fraichement votée, s’ajoutait aux dizaines de lois « sécuritaires » portées par Sarkozy : or elle n’a pas empêché les massacres de ces derniers jours. Et pour cause, car ces lois « sécuritaires » ne visent qu’à corseter les libertés individuelles, syndicales et politiques sans combattre les causes du terrorisme, dont l’analyse critique serait terriblement accusatrice à l’égard de nos gouvernants successifs. Vous qui manifestiez en masse pour la liberté d’expression dimanche derrière Merkel, Cameron, Sarko et Hollande, vous doutiez-vous que nos dirigeants s’apprêtaient déjà dans votre dos à exploiter votre généreuse indignation pour resserrer encore un peu plus les mailles de l’Etat policier sur notre pays ? Est-ce bien pour cela qu’ont péri Charb, Wolinski, Maris et les autres ?
Ce n’est pas en détruisant les fondamentaux républicains de notre pays – et la séparation laïque de la République et de TOUTES les religions en est un de premier plan – que l’on défendra la France contre les tueurs. C’est au contraire en défendant l’héritage des Lumières, de 1789, de 1905, de 1936 et du CNR : mais pour cela il ne faut pas se ranger derrière le Parti Maastrichtien Unique qui attente en permanence à l’identité progressiste de notre peuple. Ces dirigeants capitalistes de la vraie droite, de l’extrême droite et de la fausse gauche, il faut au contraire s’unir CONTRE eux ! Et c’est à la classe ouvrière qu’il revient de prendre pleinement le flambeau des combats laïco-républicains de notre grand passé. Non pas en se fondant dans le consensus liberticide qui se dessine derrière ces grands amis de la fraternité humaine que sont à n’en pas douter Sarko, Valls, Cameron, Rajoy, Porochenko, Netanyahou, Gattaz, Merkel et Kerry, mais en construisant, avec l’aide des communistes, un large Front antifasciste, patriotique et populaire.
C’est urgent et c’est vital !
*A propos de massacreurs, que vient faire Netanyahou dans leur dénonciation, lui dont l’armée a massacré en masse les Palestiniens cet automne, dont un grand nombre d’enfants innocents ?
Floréal
Trois bourreaux du peuple palestinien à Paris le 11 janvier : quelle honte !
Union juive française pour la paixBenjamin Nétanyahou, Avigdor Lieberman et Naftali Bennett représenteront le 11 janvier l’Etat d’Israël à la grande manifestation européenne de riposte aux fusillades contre Charlie Hebdo et contre le magasin casher à Paris. Ces trois personnages sont des criminels de guerre qui relèvent de la Cour Pénale Internationale pour les meurtres de masse commis à Gaza et ailleurs.
Ce sont trois sinistres artisans de la volonté d’Israël d’écraser le peuple palestinien : Nétanyahou, le dirigeant des massacres à Gaza, Lieberman et Bennett, deux ministres colons, l’un prévoit l’expulsion de tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël et l’autre se vante d’avoir tué des Palestiniens.
Ce qui est tout aussi grave, c’est la signification que leur présence confirme, concernant la nature de cette manifestation.
C’est pourquoi nous exhortons les diverses associations amies du peuple palestinien qui comptent se rendre à cette manifestation à reconsidérer leur décision.
La manifestation devait être soi-disant « d’unité nationale » contre le terrorisme et pour la liberté d’expression.
Elle sera en réalité une représentation des « valeurs du monde civilisé occidental » contre les « menaces terroristes du monde arabo-musulman », une manifestation bien dans la tonalité du « choc des civilisations » qui d’après nos gouvernants, même quand ils se défendent de diffuser ce point de vue, régit le monde actuel.
En fin de compte tous ceux qui souhaitaient manifester demain leur solidarité avec les victimes de ces terribles attentats et pensaient sincèrement montrer une société française unie contre le crime, se sont fait confisquer leur manifestation par les organisateurs autoproclamés d’une grande messe de « l’Axe du Bien » : le gouvernement, ses amis et tous ses concurrents de droite – hormis le Front National, dont l’idéologie n’a nul besoin d’invitation pour prospérer. Les grands alliés internationaux seront présents : ces mêmes représentants d’État dont les politiques contre les peuples ont permis l’apparition du terrorisme djihadiste, les courants islamophobes, les amis de l’État d’Israël et bien sûr les représentants de cet État.
Quant aux populations dangereuses, postcoloniales, jeunes, éventuellement porteuses de signes ostentatoires musulmans, elles subiront le dispositif de contrôle renforcé dans la période qui s’ouvre. Nous ne pouvons oublier qu’à tous ceux-là les manifestations de solidarité et la liberté d’expression ont été interdites, l’été dernier, pendant l’opération « Bordure de protection » menée contre Gaza par les trois invités israéliens de demain.
Les représentants d’Israël ont commencé à faire de grands appels à la population juive française, soi-disant victime d’un déferlement antisémite sans précédent, pour qu’elle émigre en Israël, pays « de grande liberté ». Une fois de plus, les dirigeants israéliens mettent sciemment en danger les Juifs français par la peur et l’incitation au départ.
Le Bureau National de l’UJFP
le 11 janvier 2015