En septembre 1992, le PCF fut, avec la CGT d’H. Krazucki, le fer de lance du Non à Maastricht. Un Non lucide qui, malgré la propagande oui-ouiste du tandem Chirac-Mitterrand, rassembla 49% des Français contre un Traité cyniquement totalitaire (l’article VI de Maastricht rend obligatoire « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée »).
Aujourd’hui, les sondages indiquent que, expérience faite des « beautés » de la « construction » européenne, 67% des Français voteraient Non à Maastricht s’ils étaient de nouveau consultés à son sujet. 55% de ces mêmes électeurs (72% chez les ouvriers, 62 % des 18/25 ans…) avaient d’ailleurs voté Non à la constitution européenne un certain 29 mai 2005… Un verdict « souverain » que Sarko et Hollande ont aussitôt piétiné… en faisant avaliser le Traité de Lisbonne par la voie parlementaire.
On aurait pu croire que dans ces conditions – celles d’un rejet populaire massif de la destructive UE – la direction actuelle du PCF prendrait appui sur le juste positionnement passé du Parti pour impulser l’opposition populaire à l’UE et à ses proconsuls successifs, qu’ils aient nom Sarko ou Hollande ; et que sur cette base d’airain, le PCF se donnerait les moyens de redevenir le grand parti qu’il était encore, malgré de premiers et graves abandons idéologiques, à l’époque où G. Marchais défendait à la fois le drapeau tricolore de la nation et le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau.
Il n’en est rien, hélas ! Devenu le président de la Gauche Européenne, le secrétaire actuel du PCF-PGE pourra bientôt postuler au Prix Charlemagne, attribué chaque année par Bruxelles au meilleur défenseur de la « construction » européenne. A la suite de la « commission économique » du PCF, qui vient de publier un texte qu’aurait pu contresigner Moscovici, la direction du PCF monte en première ligne pour défendre en son principe la monnaie unique menacée par les vilains souverainistes.
Et de nous expliquer que si la France sort de l’euro, il y aura une récession terrible, que ce sera affreux pour l’emploi, les services publics et la production industrielle, sans parler de l’Europe du sud, qui se sentira abandonnée… Qu’en conséquence, il faut revendiquer un « autre » euro et une « autre » UE, comme il faut sans doute, tant qu’on y est, exiger une « autre » mondialisation, une « autre » OTAN et pourquoi pas, un « autre » capitalisme…
Le malheur, c’est que toutes ces calamités, que MM. Boccara, Dimicoli, Laurent et consorts nous prédisent pour demain si nous quittons l’euro, nous les vivons déjà aujourd’hui à cause de l’euro et de l’UE, ces armes de destruction massive utilisées par le capital contre l’emploi, les services publics, la liberté des nations et la solidarité entre les peuples. Exceptés les « économistes » du PC-PGE*, chacun peut en effet vérifier ce que le PRCF, fidèle au vrai PCF d’antan, n’a cessé d’affirmer depuis sa fondation : l’EURO, l’UE, ce n’est pas si nous en sortons que nous ne nous en sortirons pas, c’est au contraire si nous n’en sortons pas que nous « y resterons »… et que toutes les conquêtes de notre peuple depuis 1789 y passeront sans la moindre exception !
La question se pose alors : que s’est-il donc passé entre 1992 (où même le super-européiste Robert Hue affirmait que « la monnaie unique est antinomique de progrès social ») – et aujourd’hui, qui ait influencé la direction du PCF, au point qu’elle choisisse désormais – pour le plus grand profit du « souverainisme de droite » ravi de dévoyer la fronde anti-UE de notre peuple – de s’accrocher à la bouée de plomb de l’ « Europe sociale », de la « refondation de l’UE », de l’ « autre euro » et des autres sornettes social-maastrichtiennes qui enchaînent de nos jours la Place du colonel Fabien aux eurocrates de la rue de Solferino ?
La réponse est hélas très simple : il s’est passé la « mutation » (aujourd’hui, on dit la « métamorphose ») du PCF, c’est-à-dire en clair, l’abandon du marxisme-léninisme et de l’ancrage prioritaire du PCF dans le monde ouvrier, en un mot, l’abandon des positions de classe anticapitalistes et anti-impérialistes.
Il s’est passé que le PCF, conduit au suicide politique par ses dirigeants « euro-constructifs », est devenu le prisonnier volontaire de la Gauche Européenne, cette courroie de transmission de Bruxelles et de l’Internationale « socialiste ».
Il s’est passé que la direction du PC-PGE, reniant l’héritage patriotique du « Parti des Fusillés », a abandonné la défense de la souveraineté française et qu’il en est aujourd’hui à confondre l’internationalisme PROLETARIEN avec la monstrueuse « construction » d’une dictature continentale pilotée par la Troïka impérialiste Washington-Berlin-MEDEF. Il s’est passé que, malgré les rodomontades des hauts dirigeants du Front de gauche, la direction du PCF est désormais hors d’état de s’affranchir de la tutelle du PS, dont elle partage l’essentiel : l’allégeance de principe à l’intégration capitaliste européenne qui permet la casse des nations AUJOURD’HUI en échange d’une introuvable « Europe sociale » toujours reportée aux calendes… grecques !
Avant que notre peuple ne soit broyé par la tenaille formée par l’UMPS maastrichtienne et par l’UM’Pen réactionnaire, il est donc urgent que les vrais communistes lancent ensemble, en s’adressant aux travailleurs, une campagne communiste permanente pour sortir de l’euro et de l’UE, forger un large Front populaire et patriotique et remettre à l’ordre du jour, non dans les mots mais dans les actes, l’objectif du socialisme pour la France.