Sachant parfaitement que si la grève s’arrêtait sous couvert de « trêve de Noël », elle ne reprendrait sans doute pas, les innombrables perroquets médiatiques du pouvoir mènent une énorme campagne pour opposer les « méchants » cheminots CGT aux « gentils-Français-qui-veulent-travailler » et aux « commerçants-parisiens-au-bord-du-gouffre ». Et surtout à saint Laurent Berger, qui , tel l’Achille « immobile à grands pas » de Zénon d’Elée, « rejoint le mouvement » tout en le dénigrant à longueur d’antenne.
Déjà en 1944, la droite du CNR militait pour la « trêve » en pleine insurrection parisienne. Elle voulait surtout éviter que les FFI dirigés par les communistes Rol-Tanguy et André Tollet ne libèrent tout seuls Paris (ce qui fut fait : sans qu’il soit question d’en diminuer les mérites, la division Leclerc est entrée dans « Paris soi-même libéré » comme l’a écrit Aragon) : à l’insu de Rol, chef des FFI parisiens, ces éléments anticommunistes décrétèrent la « trêve » contre l’occupant allemand et ses collabos d’alors. Si cette manœuvre à la fois anticommuniste et antinationale avait réussi, elle eût permis à la Wehrmacht de se réorganiser pour contre-attaquer. Et après avoir subi de terribles représailles allemandes, Paris eût été libéré… bien plus tard, et par les Américains, ce qui eût changé le sort de la France, en en faisant une colonie étasunienne pure et simple. Et ce sont les communistes, Pierre Villon en tête, qui imposèrent au CNR un vote tendu qui, de justesse, décida la reprise immédiate du combat et la fin immédiate de la « trêve »…
La cause fondamentale de cette tension cruciale au sein du camp antinazi ? Certains ne voulaient pas, pour d’évidents motifs de classe, que les communistes apparussent pour ce qu’ils étaient : les fers de lance de la Résistance armée intérieure et que, forts de l’immense soutien populaire d’alors au « Parti des Fusillés », ils pussent ensuite… mettre en œuvre au gouvernement les dispositions très avancées du programme du CNR intitulé Les Jours heureux : nationalisations bancaires et industrielles, sécurité sociale, retraites par répartition, statuts, généralisation des conventions collectives, salaire minimum, bref, tout ce que les ministres communistes d’alors mirent en place en un temps record de 945 à 1947, d’abord sous la présidence du Général de Gaulle, puis sans lui, voire contre lui quand il eut précipitamment démissionné. Bref, si l’on trouve que notre comparaison est historiquement choquante, il s’agit là de toutes les conquêtes sociales que Sarkozy, Hollande, et maintenant Macron démantèlent SANS TRÊVE l’un après l’autre en exécutant la feuille de route antisociale de la nouvelle Europe du Mark travesti en euro.
Observons que pour autant, les actuels plaideurs de « trêve »…unilatérale ne demandent aucunement au gouvernement de SUSPENDRE SA CONTRE-RÉFORME : seuls les cheminots devraient interrompre leur pression, il est entendu que pendant ce temps, l’ex-financier Macron, le crypto-assureur Delevoye et le jaune sans gilet Berger accéléreront la mise en place de la contre-réforme ; voire en lanceront d’autres, par ex. la casse finale du CAPES et du statut des profs sous couvert d’augmenter leur temps de travail annuel des enseignants (donc de supprimer des milliers de postes) en échange, peut-être, de trente euros en plus par mois… Drôle de match où les uns lanceraient le sprint final pendant que les autres seraient sommés de jouer à « un, deux, trois, soleil ! »…
Trêve… de plaisanterie ! Personne n’a jamais crié « pouce ! » pendant un bras de fer et la première condition pour le gagner, ce n’est pas seulement de disposer de biceps puissants, c’est d’avoir les nerfs solides, de ne pas se laisser impressionner par des loups déguisés en moutons, voire en bergers, et de soutenir les courageux cheminots tout en faisant notre possible pour élargir la grève aux usines, aux facs… Et aux millions de gens qui plongeront dans la misère si la contre-réforme passe.
Alors, vraiment,
Tous ensemble, tous ensemble, non à leur trêve ! Tous ensemble, tous ensemble, tenons la grève !
pouvez vous le dimensionner en tract?
Ayant vu la CFDT et son Berger dans la grève je me suis demandé à quel moment ils allaient trahir ?
C ‘est exagérer ? Non 1995 avec Notta , puis avec Chérèque et avant avec Edmond Maire déclarant en 1981 « » il ne faut pas laisser la CGT imprimer sa marque au changement » et accompagnant le tournant de la rigueur de Pierre Mauroy
Recevoir les syndicats individuellement c’est une vieille tactique pour diviser et faire des promesses
que nous ne connaîtrons pas dans le secret des boudoirs gouvernementaux
Les mots sont une arme