151 collégiens et lycéens, âgés de 12 à 20 ans, filles et garçons, à genoux par terre, les mains sur la tête, encadrés par des policiers en armes dans la cour d’une maison. Une image terrifiante qui a fait le tour des réseaux sociaux provoquant condamnation et indignation de toutes parts.
Quand bien même certains de ces enfants alignés à genoux et les mains sur la tête baissée auraient été eux-mêmes auteurs de violences graves (toute violence possède un caractère de gravité), a-t-on démontré qu’ils n’avaient pas été entrainés par quelque professionnel de la violence ? Et croit-on que leur humiliation physique et morale (les quolibets à eux adressés par des hommes en uniformes) seraient de nature à les aider à trouver la vérité de leur revendication dans le maëstrom de violence qui les a emportés?
Croit-on que l’humiliation subie de la part de membres des « forces de l’ordre » en uniforme serait la matrice d’un véritable esprit civique? Si vous le croyez vraiment, expliquez donc ce que c’est que ce régime que vous appelez une République!
Au lendemain des journées de Juin 1848, Georges Sand écrivait:
Je ne crois pas à une République qui fusille ses prolétaires!
Pouvez-vous croire à une République qui humilie ses enfants avant même de savoir s’ils sont coupables?
Comment peut-on en 2018 traiter des enfants, des adolescents de cette façon, humiliante, dégradante ? Le préfet, le commissaire de police de la ville tentent de s’expliquer en faisant référence à des violences urbaines qui auraient eu lieu en marge de manifestations lycéennes, éléments de langage commun jusqu’au plus haut sommet de l’État car repris par le ministre Blanquer, se déclarant choqué mais ne condamnant pas. Mais ce qui distingue un État de droit d’un régime autoritaire, une démocratie d’une dictature, c’est que la police agit selon les règles de l’ordre de républicain. Elle ne rafle pas, elle n’humilie pas, elle ne frappe pas, elle ne punie pas. Ce dernier rôle est dévolu à la justice, dans le cadre de la procédure judiciaire garantissant le respect des droits. Rien ne peut donc justifier ces images choquantes, qui plus est accompagnées du tournage d’une vidéo glorifiant ces méthodes vraisemblablement par un policier ayant participé à cette opération. Rien ne justifie de détenir et d’humilier en public durant près de 4h plus d’une centaine d’adolescents voire même d’enfants, en les maintenant à genoux et les mains sur la tête. Rappelons qu’un tel traitement consistant à des postures contorsionnées imposées pendant de longues heures pourrait relever d’acte de torture selon la définition qui en est donnée par l’ONG Amnesty International
Ce qui est qualifié par nombre d’observateurs comme une rafle sans précédent s’inscrit plus largement dans une large opération de répression des manifestations lycéennes s’opposant à la loi ORE, la casse du diplôme nationale du bac et la réforme des lycées attaquant l’Éducation Nationale et visant en premier lieu les lycées des quartiers populaires. Plus de 700 lycéens ont été embastillés, les violences policières ont provoqué des centaines de blessés, et déjà au moins 4 jeunes très grièvement blessés par des grenades et des tirs de flashball.
FASCISATION : la preuve photographique ! par Floreal
D’autres images de l’interpellation de dizaines de lycéens, aujourd’hui à Mantes-la-Jolie. pic.twitter.com/ghv8K91e7l
— Violences Policières (@Obs_Violences) 6 décembre 2018
La vidéo de la honte que nous reproduisons ici montre où l’on en est en France en 2018 sous la présidence d’un personnage « moderne » et « progressiste » qui se réclame du « nouveau monde » et pour lequel certains états-majors politiques nous ont angéliquement appelé à voter le 6 mai 2017 pour « barrer la route à l’extrême droite ».
Que faudra-t-il encore et encore à une certaine « gauche radicale » ( que serait-ce si elle ne l’était pas ?) pour apercevoir enfin un éléphant dans un couloir et comprendre que la fascisation* « en marche » en France et dans le reste de l’Union Européenne ne se réduit pas aux émules du FN et d’Orban, Slavini, Kaczynski ?
Avec à l’arrière-plan la dictatoriale « construction » européenne qui interdit la faucille et le marteau (courageusement reniés par le PCF « identitaire »), persécute les partis communistes de l’Est et collabore sans état d’âme avec des gouvernants nostalgiques d’Hitler et de Mussolini !!!
par Floreal – PRCF
*On espère que, répétition aidant, il ne nous faudra pas expliquer pour la millième fois aux durs de la feuille politico-théorique que la fascisation n’est pas le fascisme achevé (les SS déferlant dans les rues) mais la dégénérescence de la démocratie bourgeoise qui y conduit sur fond de marche aux guerres impérialistes, de répression du mouvement populaire et d’anticommunisme exacerbé.
Témoignage d’un professeur de Mantes La Jolie
– Les premières images vidéo viennent d’un policier qui a filmé la scène avec comme commentaire « en voila une classe bien sage ». ll l’a fait supprimer ensuite, apparemment sur ordre de la préfecture, mais les réseaux sociaux avaient déjà capté le film qui témoigne d’une véritable volonté d’humilier et d’un sentiment d’impunité incompatibles avec la simple gestion d’un regroupement violent.
– Les jeunes ont dû rester deux heures dans la position où on les voit.
– Des jeunes se sont pris des tirs de flash ball.
– De nombreux jeunes arrêtés juste devant la grille du lycée n’étaient que de simples badauds qui n’avaient pas participé au cortège sauvage. L’information est confirmée par des profs qui étaient à la grille et leur demandaient, trop tard, de rentrer.
– Des jeunes ont vu leur garde à vue prolongée au motif qu’il fallait voir toutes les vidéos avant de les libérer. On a donc franchi les 36 heures de GAV.
– Sur les 50 arrêté-es, la police a trié ceux qui avaient des objets suspects dans leur sac et d’autres non, mais ont arrêté tout le monde. Ils ont libéré d’abord les jeunes filles, les plus jeunes après vérification d’identité. Le reste a été en GAV avec libération de certain-es selon des critères qui sont obscurs.
– Certains arrêtés sont dans de lointains commissariats : Trappes, Plaisir. Certains parents n’ont pas de véhicule pour aller les chercher.
– Tous les jeunes et les parents avec qui j’ai discuté m’ont indiqué venir à Paris demain samedi pour la manif des gilets jaunes, ce qu’ils n’auraient pas fait sans cette arrestation.
– Enfin, Mantes a été le lieu en 1991 d’émeutes similaires, où le jeune Aïssa a été arrêté (l’enquête montrera qu’il n’avait pas participé aux émeutes), enfermé dans une cellule où il est mort d’une crise d’asthme pendant la nuit, alors que les gendarmes et le médecin de garde refusaient que la famille lui apporte sa ventoline.
Assez de la violence des casseurs macronistes !
Les deux premières photos ont été prises à Mantes-La-Jolie après une manif lycéenne.
Les deux autres pendant la guerre d’Indochine et d’Algérie.
La police de Macron serait-elle en guerre contre la jeunesse de France ?
Le refoulé colonial est-il à l’œuvre ?
Ces images, qui doivent scandaliser tout républicain sincère, sont le résultat des ordres que le président des riches aux abois a donné aux policiers.
La politique du pire semble être le choix de Macron, Philippe; Castaner ou Blanquer. Ils excusent ces images nauséabondes et scandaleuses en parlant du « contexte ». Ce contexte a été créé par qui Messieurs ? Par vous ! Votre politique a mis un peuple et sa jeunesse dans la rue. Votre réponse est la matraque et les provocations. Hitler a mis le feu au Reichstag pour justifier l’interdiction du KPD (parti communiste allemand) mensongèrement accusé de l’incendie allumé en fait par les nazis. La ficelle est connue. Francesco Cossiga, ancien ministre de l’intérieur et ancien président de la République italienne déclarait lors d’une interview à quelques journaux italiens :
«Laisser faire. Retirer les forces de police des rues et des universités, infiltrer le mouvement avec des agents provocateurs prêts à tout et laisser pendant une dizaine de jours les manifestants dévaster les commerces, mettre le feu aux autos et mettre les villes à feu et à sang. Après, fort du consensus populaire, le son des sirènes des ambulances devra surpasser celui des voitures de police et des carabiniers. » ( voir la longue liste des provocation sur le lien http://www.gauchemip.org/spip.php?article274).
La violence sociale se déchaîne contre le monde du travail depuis des décennies, des millions de nos concitoyennes et concitoyens sont frappés par le chômage qui n’est pas une calamité naturelle et le résultat d’une politique délibérée mise en œuvre pour enrichir les très grand capitalistes (dont les profits ont bondis) en appauvrissant les ouvriers, les salariés et les couches non-monopolistes (couches moyennes, petits paysans, petits commerçant, petits patrons, artisans….). Le chômage détruit des vies, il est autrement plus violent que des manifestants en colère. L’injustice, la précarité et les inégalités de la société capitaliste sont d’une violence inouïe. Mais de celle-ci pas une image sur France 2 ou BFM.
Et voilà qu’au sein de notre peuple des gens se lèvent pour dire ça suffit ! Après la grande grève des cheminots, les gilets jaunes ont pris la relève. Rejetant les grands partis institutionnels, valets du MEDEF et de l’ UE c’est-à-dire des milliardaires, ils tentent de s’auto-organiser. Leurs revendications sont essentiellement progressistes. Enfin ils réclament le départ de Macron qui n’a cessé de servir les très riches et de casser le peu de qui restait au peuple et sans oublier de l’insulter, le mépriser. Macron dégage ! disent-ils : ils ont raison. Car seul le peuple est légitime et souverain. Certainement pas un ridicule et arrogant banquier soutenu par 18% du corps électoral au premier tour des présidentielles et qui n’a donc aucune légitimité pour casser nos conquêtes sociales et la République française au sein de cette prison des peuples qu’est l’UE et son euro.
Pour vaincre il faut unir nos forces, ce qu’on appelle la convergence des luttes vers le « tous ensemble, en même temps ». Pour nos revendications communes. Pour le souveraineté du peuple et de notre patrie. Avec un Front populaire, patriotique, antifasciste, internationaliste et écologique en marche vers une société nouvelle et juste, plaçant le monde du travail au pouvoir. Une société que nous appelons le socialisme.
par Aris
Dans toutes la France, des lycéens à genoux mains sur la tête contre la répression