LE FAIT IRRELIGIEUX AU CŒUR DE L’EVOLUTION SOCIALE ? – par Floréal, PRCF
A PROPOS D’UNE ENQUETE ETABLISSANT L’ATHEISME MAJORITAIRE DES FRANÇAIS
« -Sganarelle : Vous ne croyez donc ni Dieu, ni diable, ni loup-garou ? – Dom Juan : je crois que deux et deux sont quatre et que quatre et quatre sont huit. – Sganarelle : Votre religion est donc l’arithmétique ? »
Dom Juan, MOLIERE
Les médias nous bassinent avec le « retour du religieux », avec la « fin de la lutte des classes » que remplacerait le « choc des civilisations » (euphémisme pour désigner les croisades et autre djihad sous l’apparence desquelles se mènent aujourd’hui les guerres impérialistes), avec l’ « urgente nécessité pour la cohésion sociale » de valoriser le « fait religieux » à l’école… Toutes les cinq minutes, nos gouvernants de droite et de « gôôche » s’affichent à côté du Pape, du Dalaï-Lama, au repas du CRIF, et Valls rivalise avec Sarkozy dans son entêtement anticonstitutionnel à « organiser l’Islam de France » en violation grossière de la loi séparant l’Etat de toutes les églises. Quant à nos grands intellectuels « postmodernes », ils croient original de ressasser la phrase attribuée à Malraux : « le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas »…
Certes, dans une période contre-révolutionnaire comme celle qui a suivi la disparition de l’URSS et l’affaiblissement concomitant du Mouvement communiste mondial, les Lumières, et plus généralement, les idéaux progressistes, ne sont pas à la fête. Alors que le capitalisme en crise étale son nihilisme et son incurable vide spirituel, les classes dominantes investissent d’énormes moyens pour tenir en main intellectuellement les milliards d’exploités et d’exclus que le système capitaliste prive de toute perspective d’épanouissement. On peut même dire que toute une part de l’idéologie dominante cultive le « néo-magisme » avec une tendresse toute particulière pour les mages, sorciers, parapsychologues, astrologues et enchanteurs de toutes sortes… Bref, le moderne opium du peuple fait dans le bas de gamme, même si la seule religion qui triomphe mondialement est celle de l’Argent-Dieu et qu’à ce titre, le déclin continu de nombre de cultes traditionnels (porteurs de spiritualité et d’idéaux, sinon d’une rationalité conséquente) n’est pas unilatéralement positif : nous communistes, sommes mille fois plus proches d’un prêtre-ouvrier militant à la CGT que d’un « trader » athée dont le seul « idéal » est de s’en mettre plein les fouilles !
Mais surtout, ce « grand retour du religieux » doit être fortement relativisé : d’une part le capital n’a pas partie gagnée et refouler à jamais le combat anticapitaliste et les luttes de libération nationale est hors de portée de la classe capitaliste. Par ailleurs, celle-ci ne peut pas totalement se passer de l’impétueux développement des sciences dont les capitalistes ont besoin pour mener leur course au profit, même si l’oligarchie fait tout pour dévoyer le savoir à son seul avantage et pour en occulter la portée matérialiste et dialectique. D’ailleurs comment croire sérieusement à notre époque que l’univers a été créé à partir du néant (le « Vide quantique », c’est tout autre chose !), donc magiquement, que notre pensée (pardon, notre « âme ») survivra à notre cerveau une fois qu’il a été détruit par la mort (c’est un peu comme si l’on croyait que notre souffle demeurera quand nous n’aurons plus de poumons), que l’évolution est une forgerie de Darwin, que le cours de l’histoire est dicté par la Providence, etc.
Même si certains éléments de l’enquête reproduite ci-dessous sont inquiétants politiquement (nombre de Français, athées compris, suivent la réaction qui amalgame laïcité et stigmatisation des « musulmans », alors que la loi de 1905 sépare l’Etat de toutes les églises pour mieux permettre la liberté de conscience), on voit que notre pays continue de se séculariser massivement, que l’athéisme et l’agnosticisme y sont de plus en plus majoritaires, qu’à cet égard la « fille aînée de l’Eglise » célébrée par Sarkozy est à l’avant-garde d’un mouvement mondial de sécularisation, et qu’il faut donc pour le moins contester la place énorme, archi-majoritaire, que les médias accordent aux dirigeants religieux alors que les mobilisations ouvrières de masse sont toujours dites « en demi-teinte »…
Et si nous exigions que l’Education nationale et les médias traitent désormais à sa juste place, qui est objectivement majoritaire, le matérialisme scientifique et le FAIT IRRELIGIEUX ?
Plus de la moitié des Français ne se réclament d’aucune religion
Le Monde.fr | 07.05.2015 à 19h04 | Par Leila Marchand
Les attentats de janvier ont ravivé la question de la place du religieux en France. Comment faire cohabiter différentes croyances ? Comment vivre sa religion dans un pays laïque ? L’importance que prend ce débat est d’autant plus paradoxale que la majorité des Français se sentent aujourd’hui loin de toute appartenance religieuse.
Les statistiques ethniques ou sur l’appartenance religieuse étant très encadrées en France, le nombre exact de personnes sans religion est inconnu. Mais plusieurs sondages effectués au niveau mondial et européen en donnent une bonne estimation.
Un tiers des Français « non religieux »
En 2012, l’association de sondages WIN/Gallup International, spécialiste de la question, a demandé à plus de 50 000 personnes dans 57 pays si elles se considéraient « religieuses », « non religieuses » ou « athées convaincues ». A cette question, environ un tiers des Français répondent être « non religieux » et presque un autre tiers « athées ». On obtient donc 63 % de Français qui ne s’identifient à aucune religion contre seulement 37 % de Français religieux.
La France compte une majorité d’athées et de personnes "sans religion".
Ces résultats ont été obtenus à partir d’une enquête publiée en 2012 à partir des réponses de 1671 personnes ; 37 %34 %29 %1 % Se déclarant religieux Se déclarant non religieuxAthée convaincu Ne sait pas / pas de réponse Source : WIN-Gallup International
40 % des Français se considèrent comme athées
En 2010, un autre sondage a permis de dresser un portrait religieux de la France : l’Eurobaromètre commandé par la commission européenne. Les réponses sont assez proches de celle du premier sondage : 40 % des Français se déclarent athées et environ un tiers « croient en un esprit ou une force supérieure ». Un avis plus nuancé mais qui les place tout de même dans les personnes « sans religion ». Près de 70 % des Français sondés ne se réclament donc d’aucune religion précise, même si un tiers d’entre eux croit en une forme de divinité.
4,5 % de Français catholiques vont encore à la messe
La question de la religiosité d’un pays est sensible à aborder et potentiellement source d’erreur car les notions de religion, de foi et de spiritualité peuvent avoir des résonances différentes selon les personnes interrogées. Comme le précise l’étude de Gallup en annexe, une part importante de sondés appartenant à une religion déclarent avoir la foi mais ne pas se vivre comme une « personne religieuse ». De même, les personnes se déclarant athées ne font parfois pas la différence avec l’agnosticisme (personne déclarant ne pas pouvoir trancher sur l’existence d’un dieu) ou le déisme (croyance en un dieu sans se réclamer d’une religion).
Certains chiffres sont en revanche catégoriques, comme ceux concernant le catholicisme collectés par l’IFOP : la part de Français pratiquants est en grande diminution. Seule une petite minorité, 4,5 %, assiste à la messe chaque semaine. Et, même si aujourd’hui encore près de 70 % de la population française est baptisée, les nouvelles générations renoncent pour la plupart à baptiser leurs enfants : on comptait 472 000 baptêmes en 1990, on n’en dénombre plus que 303 000 en 2010 (pour 800 000 naissances).
Concernant l’islam, la pratique religieuse est plus régulière. Selon une enquête IFOP pour La Croix, 41 % des personnes « d’origine musulmane » se disaient « croyantes et pratiquantes » (contre 16 % chez les catholiques), et 34 % « croyantes mais non pratiquantes » (57 % des catholiques), 25 % se disant « sans religion ou seulement d’origine musulmane » (27 % des catholiques). Seuls 25 % des interrogés disaient aller « généralement à la mosquée le vendredi ».
La France, un des pays les plus athées au monde
La tendance à l’athéisme est mondiale d’après les critères établis par l’étude Gallup. Depuis 2005, date de leur précédent sondage, la part de personnes « religieuses » a baissé de 9 % et la part de personnes athées a augmenté de 3 %. Mais la situation française reste une exception dans un monde où la religion garde encore une place de premier plan : plus de la moitié (59 %) de la population mondiale se sent toujours « religieuse » et 13 % seulement se déclarent athée.
Dans le top 5 des pays athées (parmi la cinquantaine de pays interrogés), la France tient la 4e place, derrière la Chine, le Japon et la République tchèque. L’étude met en corrélation ces résultats avec la richesse du pays concerné. Une grande partie des pays les plus religieux comptent également le plus petit revenu national brut : Ghana, Nigeria, Roumanie, Kenya, Afghanistan… A l’inverse, les moins religieux sont souvent les plus aisés, comme la France, le Japon, la Suède, Hongkong, l’Australie, l’Allemagne ou les Pays-Bas.
Leila Marchand
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