Le 26 janvier 2014
Par Georges Gastaud et Annie Lacroix-Riz
Les congratulations du M.E.D.E.F., de l’U.E., d’A. Merkel, de Raffarin, des notables euro-régionalistes bretons, corses, alsaciens, catalans, etc., ne suffisent plus au « social-démocrate » de l’Elysée. Hollande courtise désormais le Vatican ; du moins, il veut réfréner les inquiétantes ardeurs réactionnaires de la hiérarchie catholique romaine et hexagonale. A cent lieues de Vatican II, celle-ci met au pas les enseignants de la catho, elle fédère dans la rue la droite et l’ultra-droite (ce que le P.R.C.F. appelle l’U.M.’Pen) sur les questions « sociétales », elle soutient les séparatistes à peine déguisés du MEDEF breton, et maintenant, elle anime un combat d’arrière-garde contre l’IVG en soutenant tout ce que l’Espagne comporte de forces néo-franquistes. Bref, ceux qui comptaient sur un « Pape François » latino-américain, donc progressiste, doivent déchanter encore plus vite que prévu : dans l’Eglise comme ailleurs, il existe des rapports de forces…
Après tout, nous sommes heureux que ce président prétendument de gauche, « laïque » et « républicain », soit cordialement reçu au Vatican alors qu’il est indésirable chez Good Year, à Aulnay et plus généralement, chez tous ceux qui sont attachés aux acquis du CNR, aux retraites par répartition, à la République une et indivisible sacrifiée sur l’autel de l’Europe des Länder, aux communes et aux départements, prochainement remplacés par des « métropoles », sans parler des amis de la langue française, désormais prise en étau entre le tout-anglais impérial et la « charte européenne des langues régionales et minoritaires ».
Mais qu’au moins on ne nous fasse pas le coup de la « tradition (ANTI-)républicaine » qui consisterait, pour tout président de la « République », à visiter l’ « Etat » du Vatican.
Car si dans son discours romain Hollande a donné un coup de chapeau purement formel à la laïcité, il a aussitôt précisé que ladite laïcité lui permettait de « dialoguer avec l’Eglise et avec tous les cultes ». Bref, Hollande met ses pas dans ceux de Sarkozy en violant à son tour la loi constitutionnelle de décembre 1905. Car celle-ci stipule que « la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ».
En effet, la « laïcité à la française » ne consiste nullement à mener un « dialogue institutionnel avec les Eglises », ce qui revient à accorder un privilège exorbitant aux membres des Eglises, quels qu’ils soient, aux dépens des athées, des agnostiques et des croyants qui refusent toute Eglise organisée, c’est-à-dire à la majorité des Français, et plus encore, à la majorité des jeunes. Bien entendu, les citoyens ont toute latitude pour pratiquer un culte à titre privé. Et les catholiques, comme les juifs ou les musulmans, ont toute liberté d’influer sur l’Etat par l’intermédiaire des seuls délégués que puisse reconnaître un Etat laïque : leurs élus, leurs syndicats, tout cela en respectant formellement le cadre non-religieux (ni religieux ni irréligieux) de la République laïque.
Mais Hollande n’en a cure. D’une part il s’agenouille, comme toute la social-eurocratie, devant l’UE cléricale, cette création supranationale due, pour une bonne part, au Vatican anticommuniste et antisoviétique de l’après-guerre, avec ses Jean Monnet et autres Schuman notoirement pilotés par l’impérialisme américain. Le drapeau bleu de l’U.E. – qui soit dit en passant n’a aucune légalité en France depuis que le peuple français a rejeté l’euro-constitution – ne représente-t-il pas un drap marial frappé des douze étoiles apostoliques ?
Mais surtout, Hollande ne veut plus d’ennemi sur sa droite : il veut fédérer tout le camp euro-capitaliste pour imposer sans coup férir au peuple français le « saut fédéral européen » (c’est-à-dire la substitution des « Etat-Unis d’Europe » à la France souveraine, comme le revendique officiellement le MEDEF), l’ « Union transatlantique » sous domination U.S., les ingérences de l’Europe atlantique en Ukraine et en Syrie, l’euro-régionalisation de notre pays gravement malade (le social-féodal Martin Malvy se réclame de Hollande pour envisager l’indépendance de la « région transfrontalière » Midi-Méditerranée !!!), et, cerise sur le gâteau, la casse du statut de la fonction publique et la fin des cotisations patronales à la Sécu, c’est-à-dire tout l’héritage du C.N.R., sans parler de la manière dont l’actuel retour en force du cléricalisme menace l’héritage des Lumières et de la Révolution française.
A chacun son « sacré ». Pour nous, communistes, laïques et francs républicains, c’est l’appel constant à la classe ouvrière, aux démocrates et à tous les vrais patriotes pour que, dans la période crépusculaire où est entré notre pays, le peuple français – y compris les catholiques laïques et progressistes que trahit lâchement la fausse gauche – se dresse contre les casseurs de pays.
Et qu’il se souvienne par la même occasion du préambule de la première Constitution républicaine de la France,
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».