« Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur Paris? ».
Plus provoquant (faut-il dire « provocateur »?) que jamais, le préfet de police Lallement (il n’y a pas de faute d’orthographe sur son nom, contrairement à ce que pourraient croire certains européistes…) vient d’éditer une carte de voeux portant en exergue une citation de Trotski. Alors que la guerre civile faisait rage en Russie soviétique à l’initiative des « Blancs » et des impérialistes occidentaux, Trotski écrivait ceci:
« je suis profondément convaincu, et les corbeaux auront beau croasser, que nous créerons par nos efforts communs l’ordre nécessaire. Sachez seulement, et souvenez-vous bien que, sans cela, la faillite et le naufrage sont inévitables » (21 avril 1918).
Une fois de plus le violent personnage que Macron a nommé préfet de police pour mater les syndicalistes rouges et les gilets jaunes, provoque, clive et affiche cyniquement son positionnement « classe contre classe ». La seule différence qu’il y a entre la citation originale de Léon Trotski et l’usage qu’en fait le sieur Lallement, c’est qu’à l’époque, Trotski, membre du C.C. du Parti bolchévik dirigé par Lénine, mettait ses grands talents d’organisateur militaire au service de la dictature du prolétariat (la carrière politique ultérieure de Trotski est un tout autre sujet…), alors que M. Lallemand met, lui, son carriérisme étriqué et sottement brutal au service de la croassante dictature du grand capital. Et fait objectivement acte de pré-candidature au rôle d’ « homme à poigne » de la grande bourgeoisie dans le cadre de cette marche à l’État policier que nous, militants franchement communistes, appelons « fascisation » et « euro-fascisation ».
L’ « ordre », la « sécurité », nous militants communistes sommes pour… À LA CONDITION qu’ils soient au service des travailleurs, c’est-à-dire de l’immense majorité de la population, avec, en complément obligatoire, la démocratie prolétarienne et populaire la plus large. C’est ce que résume l’expression « dictature du prolétariat » chez Marx et chez Lénine.
Alors que l’ « ordre » et la « sécurité » tels que les entend Lallement, l’homme qui fait régulièrement nasser et gazer les manifs, qui couvre les violences policières et qui s’affirme ouvertement comme l’un des maîtres du « camp » dirigé par Macron, est celui de la grande bourgeoisie néo-versaillaise et maastrichtienne.
Un « ordre » dans lequel la souveraineté du peuple (par ex. le Non majoritaire du peuple français à la constitution européenne) est bafouée en permanence au profit des actionnaires du CAC 40 et de l’Europe berlinoise.
Une « sécurité » qui ne vaut que pour les 10% de privilégiés qui profitent de la « mondialisation heureuse » pendant que des millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités, d’étudiants pauvres, de migrants jetés sur les routes de l’exil par les guerres impérialistes, sont rejetés dans la pauvreté, la honte et la précarité, quand ce n’est pas tout bonnement l’errance sans toit et sans pain. Un « ordre » et une « sécurité », Monsieur Lallement, qui signifient en réalité l’euro-destruction des hôpitaux, de l’école publique, de la protection sociale, des services publics, du produire en France, en un mot, la domination des riches et l’humiliation permanente pour les « petites gens ». C’est-à-dire, en fait d’ « ordre », le désordre social profond, l’injustice permanente, l’anarchie de la production et des échanges, les crises économiques à répétition, le saccage de l’environnement et l’insécurité sociale généralisée, en un mot: le CAPITALISME et l’IMPÉRIALISME.
Entre ces deux « ordres »-là, l’ordre prolétarien du socialisme-communisme et l’ordre oligarchique du capitalisme-impérialisme, Lallement aura beau citer tous les révolutionnaires qu’il voudra, il n’y a pas de conciliation possible.
Comme le disait Fidel Castro en 1989 en ripostant aux prétendues « valeurs universelles au-dessus des classes » de Gorbatchev, « il y a la démocratie des riches et la démocratie des pauvres, la paix des riches et la paix des pauvres ». Et il y a l’ordre des prolétaires construisant une société sans classes qui, une fois parvenue à son terme, n’aura plus besoin de matraques et de fusils-éborgneurs, et il y a l’ordre fauteur de désordre permanent d’une société de classes qui ne peut subsister sans mener en permanence une violente guerre de classe aux peuples opprimés et aux travailleurs exploités.
Entre ces deux ordres-là, chacun est appelé à choisir et les militants du combat de classe pour une société sans classes que sont les communistes ont déjà choisi leur camp. Qui n’est pas celui de Lallement mais celui de la République sociale, souveraine et fraternelle en marche vers le socialisme.
Merci donc, en un sens, à M. Lallement de rappeler involontairement l’urgence de ce choix à tous les amateurs de « démocratie universelle au-dessus des classes » et autres bonimenteurs de la social-démocratie et de l’inexistante « UE sociale, démocratique et pacifique » qui voudraient nous le faire oublier.