Karachi, Bettencourt, Kadhafi… chaque fois que, conformément à la loi, un juge enquête sur ces affaires sordides (voire sanglantes), un nom apparaît qu’on ne peut prononcer sans qu’aussitôt toute la droite n’entonne urbi et orbi, et tribunes dans le Figaro à l’appui, le grand air de la victimisation. Celui-là même que ces messieurs au-dessus de tout soupçon refusent d’entendre quand les tueurs en série de leur classe sociale jettent à la rue des milliers de pères de famille, condamnent des millions de « petites gens » à ne plus se soigner, privent des millions de jeunes du droit élémentaire de gagner leur vie ou harcèlent et pressurent à ce point les salariés du privé et du public que certains d’entre eux commettent l’irréparable sur les lieux même de leur exploitation.
Mais nous, ce qui nous frappe – à la différence du Figaro – ce n’est pas que certains juges tentent de faire leur travail en enquêtant sur les agissements d’un ex-potentat « républicain » conseillé par un fasciste notoire. C’est que tant de manitous de la finance et de la haute politique échappent à la sanction légale qui foudroierait tout jeune accusé d’avoir jeté une canette sur les CRS à l’occasion d’une manif populaire.
Quant à la comparaison entre la France et la RDA qui alimente les polémiques actuelles entre la droite et le PS, elle ne révèle guère que le pitoyable anticommunisme de ces deux piliers de l’ordre euro-atlantique que sont le Parti Solférinien de Hollande et l’Union Maastrichtienne Patronale de Jean-F. Copé.
La RDA socialiste avait ses défauts, certes, mais tout le monde pouvait y vivre de son travail, s’y soigner gratuitement, faire des études sans bourse délier, se loger à bon compte, partir en vacances chaque année dans tout pays de l’ex-camp socialiste… Depuis que la RDA a été annexée par son tentaculaire voisin occidental, non seulement 20% des « Ossies » sont au chômage, mais la chasse aux sorcières anticommuniste et les interdits professionnels de fait continuent de menacer les personnes accusées d’être « staatsnah », proches de l’ex-Etat socialiste…
Quant à évoquer la Stasi, les dirigeants du monde capitaliste feraient mieux de se taire alors que, de notoriété publique, l’espionnage mondial américain écoute à sa guise chaque conversation privée et qu’il peut, s’il le souhaite, lire ce billet rouge au moment même où je l’écris. Frau Merkel, qui appartint aux JC est-allemandes avant de devenir la figure de proue de l’impérialisme allemand, n’a jamais été si bien écoutée – y compris sur son portable personnel ! – que par la NSA des « démocratiques » Etats-Unis, à côté de laquelle les fonctionnaires lourdingues de la Stasi font figure de bricoleurs du dimanche…
Dommage que les « grandes oreilles » du Big Brother capitaliste n’entendent jamais les cris du milliard d’hommes qui souffre de malnutrition, des centaines de millions de sans-emploi, des salariés surexploités, des paysans sans terre et des enfants sans-abri qui peuplent notre planète et dont beaucoup survivent, inaudiblement, au cœur même des Etats dominants.
Mais cette surdité, qui accable également l’ancien et le nouveau président français, est guérissable : elle provient sans doute, mes amis et camarades, du fait que nous ne crions pas ENCORE assez fort…