Pour sauver les retraites par répartition, dont l’existence est menacée par des hordes de centenaires repus, il suffit de diminuer les pensions, de rallonger la durée de cotisation, et le moment venu, de porter l’âge de départ à 65, 67, 69 ans comme en Allemagne… Bref, nos retraites seront sauvées quand elles n’existeront plus ou qu’elles auront cédé la place aux fonds de pension…
Pour sauver la Sécu, mise en péril par des cohortes de « malades » abusant des médocs et des amputations de confort, il suffit de dé-rembourser les soins, de rendre l’hôpital inhumain et dangereux, de faire en sorte que les patients renoncent à voir leur généraliste, de plus en plus rare et lointain. La Sécu redeviendra bénéficiaire quand les gens auront compris que se soigner tue et que rien ne vaut le sirot Typhon, les cataplasmes à la farine de lin et la poudre de perlimpinpin.
Pour sauver le produire en France, mis à mal par le farniente de l’ouvrier français, il suffit de dégraisser, de délocaliser, de privatiser ce qui nous reste d’industries. Une fois recentrée sur son « cœur de cible », la France ne produira plus que dans son « champ d’excellence » : les produits de luxe chers à Bernard Arnault. Quoi qu’en pensent les obtus, fermer Florange, c’est bon pour la sidérurgie du 4ème millénaire ; virer Pétroplus et importer du pétrole raffiné ailleurs, c’est bon pour la qualité de l’air ! Privatiser Airbus et EDF, c’est excellent pour impliquer les actionnaires privés, ces grands patriotes bénévoles, dans le développement durable de l’aéronautique tricolore et du nucléaire haute sécurité.
Pour sauver la langue française, bousculée par les SMS et le langage « djeun’s », il faut enseigner en anglais dans les facs, les lycées, les collèges et les maternelles. Ainsi les étudiants étrangers viendront-ils chez nous (ras-le-bol des étudiants venus de l’Afrique francophone : ces gens-là ne sauraient faire partie de l’élite mondiale !) ; comme l’explique Mme Fioraso, la ministre de l’enseignement supérieur, ces étudiants anglophones venus des pays convenables en profiteront peut-être pour baragouiner en français avec leur logeuse indigène et ce sera toujours ça de pris pour la « francophonie »…
Pour sauver la « France », déclassée par la nonchalance de ses habitants toujours entre deux « ponts », finissons-en avec l’ « exception française » : remplaçons la République une et indivisible par les euro-régions, les Communes par les métropoles, la laïcité par le « dialogue institutionnel avec les religions », le peuple souverain par la mise en tutelle des budgets nationaux par la Banque de Francfort ; adoptons le « modèle » allemand en supprimant le SMIG, rallions le « modèle » anglo-saxon en soumettant l’école à la concurrence. C’est ainsi que « la France » sera enfin sauvée…
Pour sauver le « communisme », discrédité par les « excès » des Communards, des Bolcheviks, des combattants de Stalingrad, des ministres communistes de 1945, abandonnons la référence à la classe ouvrière, la révolution socialiste, la dictature du prolétariat et le centralisme démocratique ; sacrifions le patriotisme populaire sur l’autel de l’ « Europe sociale ». Pour finir, arborons le drapeau européen et retirons l’emblème ouvrier et paysan du drapeau rouge !
Bref, pour sauver notre existence, renions notre essence, imitons ce couteau sans manche dont on a jeté la lame qui, comme tous les fantômes, ne risque certes pas de décéder puisqu’il n’est rien, qu’il ne fait rien et qu’il ne veut rien. Bref, suicidons-nous pour éviter à nos ennemis la peine de nous descendre !
Quant à nous autres, « ringards » qui ne séparons pas le fait d’exister du fait d’être ce que nous sommes, notre existence de notre essence, nous continuerons à défendre nos acquis, notre langue, notre pays, notre classe et notre idéal communiste. Car c’est en étant franchement soi-même qu’on a le plus de chances de vivre, de lutter et pourquoi pas, de GAGNER.