A la suite du dernier G7 Trump a décidé de sortir les USA de l’accord de Paris sur le Climat. Confirmant à nouveau la nature profondément exterministe du capitalisme. www.initiative-communiste.fr et les militants communistes – donc écologistes – du PRCF ont expliqués immédiatement les dangers de cette décision. Pourtant, certain – sans doute adepte du sophisme les ennemis de mes ennemis sont mes amis – se félicitent de la dangereuse décision des USA, se rallient à Trump. Floreal s’insurge contre les dangers que font peser de telles postures. Explications.
Le père – Jean Lévy – s’était déjà distingué en appelant à demi-mots à voter Le Pen au nom du comité Valmy (il paraît que Macron était « l’ennemi principal » : logiquement, la Le Pen était donc le moindre mal : des raisonnements de ce style mènent tout droit à la doriotisation du mouvement ouvrier dont on voit déjà d’étranges effets en divers endroits (par exemple à Lens (62) où un ex-secrétaire fédéral du PCF-62 en rupture de ban candidate pour la députation au titre du FN)).
Le fils – Pierre Lévy – félicite désormais Trump pour son message climato-sceptique et pour son retrait de l’Accord de Paris (voir l’édito ci-dessous du journal « Ruptures », ex-BRN).
Tout cela au nom d’une idéologie pseudo-marxiste et faussement « prométhéenne » qui méconnaît la subtilité de la pensée marxiste sur la dialectique de l’histoire et de la nature.
Bref, faute d’une approche de classe de la nation et de l’écologie, faute de s’intéresser à la question stratégique de la reconstitution du véritable parti communiste, « Ruptures » continue d’évoluer vers le soutien aux forces les plus réactionnaires en se présentant comme un journal « progressiste », voire communiste.
Il faut rompre avec la fausse alternative Clinton/Trump à l’échelle mondiale et avec son « modèle réduit » qu’est la fausse alternative Macron/Le Pen en France. Ce serait une énorme erreur stratégique – une trahison ! – pour la renaissance communiste, que de ne pas assumer la défense des libertés (antifascisme), que de rejeter avec mépris l’héritage de la gauche populaire (c’est-à-dire les combats – fussent-ils inconséquents – pour la République, pour les Lumières et la laïcité, contre l’antisémitisme et pour la réhabilitation de Dreyfus, pour la République sociale, pour la démocratie, pour la paix, l’égalité hommes/femmes…). En réalité, la nation, la paix, la démocratie, l’ENVIRONNEMENT sont des affaires trop sérieuses pour qu’on les abandonne aux « bobos » : tous ces combats doivent être menés centralement par la classe ouvrière dans la perspective, non pas du « souverainisme » bourgeois ou d’un climato-scepticisme rance à la Claude Allègre, mais du socialisme et du communisme assumant la défense de l’environnement sous prétexte de s’opposer au néolibéralisme euro-atlantique.
Car les beaufs trumpo-lepénistes et les euro-otano-bobos du type Hamon/Macron ne sont pas les deux termes d’une alternative, comme essaie de le faire croire ici Pierre Lévy, mais les deux faces de l’impérialisme, du capitalisme et de l’EXTERMINISME que ce mode de production décadent porte dans ses flancs « comme la nuée orageuse porte la foudre ».
En semant la confusion sur ce point décisif, « Ruptures » empêche la vraie rupture antifasciste, patriotique, progressiste, pacifique… et oui, ECOLOGIQUE.
La tribune de Pierre Lévy publiée par Rupture le 2 juin : Extraits
La décision annoncée par Donald Trump de sortir de l’accord de Paris sur le climat suscite un tollé sans précédent. Chacun sait que dans ces colonnes, on ne donne pas dans le soutien inconditionnel au maître de la Maison Blanche. Mais cette fois…
Il l’a fait ! Donald Trump avait jusqu’à présent si fréquemment tourné le dos à ses promesses électorales qu’on désespérait qu’il tînt cet engagement-là. Finalement, il a eu le courage d’aller contre les objurgations des élites mondialisées (lire le compte-rendu du G7 du 26 mai dans l’édition papier de Ruptures), des partis installés, des médias les plus divers – bref, de l’idéologie dominante qui, sur le dossier « environnement », flirte carrément avec le terrorisme intellectuel.
Le président américain a donc, le 1er juin, annoncé la sortie de son pays de l’accord « climat » signé à Paris. Ce faisant, il désespère tout ce que l’Union européenne compte de sommités, du président du Conseil, Donald Tusk, à celui de la Commission, Jean-Claude Juncker, de la chancelière allemande au président français. S’il ne s’était pas agi des Etats-Unis mais des îles Fidji, gageons qu’un corps expéditionnaire européen, alimenté en carburant bio, serait déjà En Marche pour rétablir la sacro-sainte défense de la planète.
(…)
On n’a ici aucune légitimité pour trancher le débat sur la réalité du réchauffement, ni sur son origine anthropique. Une majorité de scientifiques penche pour une réponse positive, même si le terme « consensus » est délibérément exagéré. Mais là n’est nullement la question. (Au passage, notons que le dossier est toujours exclusivement instruit « à charge » : aucun des procureurs énumérant les effets négatifs dudit réchauffement n’imagine un seul instant se pencher sur des effets positifs – comme par exemple les millions d’hectares que le dégel sibérien rendrait cultivables).
En revanche, il est permis d’analyser le contexte idéologique qui assène comme vérité obligatoire qu’il faut « prendre soin de la nature ». Les quatre éléments suivants mériteraient d’être largement développés. Résumons les ici drastiquement.
Quatre éléments
Un : la « sobriété » que sous-tend (explicitement pour certains, implicitement pour d’autres) « la lutte pour le climat » n’est que le faux-nez de l’austérité que tentent d’imposer les maîtres du pouvoir et propriétaires des capitaux (ce sont les mêmes). Et pour cause : leur système est arrivé à bout de course, et s’avère incapable de promouvoir un développement impétueux des forces productives. Du reste, l’amour de la nature est bien souvent la trace de la haine refoulée de l’industrie… et de la classe ouvrière. Dès lors, il faut aux dirigeants capitalistes un habillage idéologique présentable pour dissimuler leur impuissance.
Deux : n’en déplaise aux innombrables « idiots utiles » qui psalmodient leur amour de la nature, la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles (et au nucléaire) recouvre en réalité des rivalités et des ambitions géostratégiques, entre firmes mais aussi entre puissances. Car, pas de chance, une large part du pétrole et du gaz a été installée par Dieu – décidément distrait sur ce coup-là – dans des pays arabes et en Russie, ce qui n’est évidemment pas acceptable… Dépendre de Moscou, de Téhéran, voire de Riyad, voilà qui ne doit pas durer !
Trois : le climat a ceci de particulier qu’il ne connaît guère de frontières. Ca tombe décidément à pic pour les adeptes de Bruxelles, Bilderberg et consorts qui rêvent de voir celles-ci effacées au plus tôt, afin de laisser place à une gouvernance globalisée. La lutte « contre le réchauffement » justifie en substance l’abolition, ou à tout le moins la limitation, des souverainetés.
Quatre : l’impératif comminatoire enjoignant de « préserver l’environnement » s’apparente à la jadis célèbre formule des toilettes ferroviaires : veuillez laisser la planète dans l’état où vous l’avez trouvée. Une pensée profondément réactionnaire qui, si elle avait été appliquée dès l’origine par les sociétés humaines, nous cantonnerait encore aujourd’hui dans la grotte de Lascaux. Une régression anthropologique potentielle qui pose implicitement qu’on est allé « trop loin » alors même que les ressources de la planète seraient « limitées ». Ce qui fait l’impasse sur l’intelligence humaine : le même hectare cultivé en blé nourrit aujourd’hui infiniment plus de personnes que dans l’antiquité. Or nous ne sommes encore qu’au début de la préhistoire de l’humanité.
(…)
En matière de justification, on en a connu de pires.
Bravo Donald, et encore un effort : en réfléchissant bien, l’OTAN pourrait bien redevenir « obsolète ». Au vu de la réaction des dirigeants européens, tout espoir en ce sens n’est pas perdu…
Pierre Lévy