Anatole France dénonçait cela dès le lendemain de la grande boucherie que fut la première guerre mondiale.
La propagande bourgeoise fut, depuis, constante et insistante pour recouvrir cette phrase d’une montagne de proclamations glorieuses, espérant la faire oublier : le dernier exemple que nous ayons sous les yeux est le discours particulièrement indigent que Madame Darrieusseq, usant de son autorité de ministre, a fait lire devant les monuments aux morts de toute la France.
Notre gouvernement a ajouté une nouveauté au scandale de l’absence totale de compassion manifestée par ce ministre (mais un autre ministre de ce même gouvernement, ou même le président de la République, aurait été tout aussi sec et tout aussi creux) : un hommage aux soldats français tués en opération extérieure (en OPEX) !
Ces malheureux, sont-ils morts pour la France ?
Ils sont morts en obéïssant aux ordres des gouvernements français ; mais obéïssant à ces ordres, servaient-ils la France ?
Ces « territoires extérieurs » appartiennent à d’autres pays que le nôtre : ce sont des territoires étrangers !…
La question qu’il faut poser est : pourquoi, dans quel but les gouvernements français maintiennent-ils des troupes françaises à l’étranger ? Et cette question est encore aggravée par le fait que ces troupes françaises, dans les pays où ils stationnent et se livrent à des activités dangereuses au plus haut point, pour elles et pour les populations locales, s’intègrent à des administrations relevant d’autres ministères que celui de la guerre, l’ensemble faisant fonction, localement, de véritables Etats à peine masqués par les Etats locaux, et qui ont reçu le surnom de « françafrique » !
Le pourquoi est dans ce fait : comme tout Etat, ces départements de « Françafrique » exercent le pouvoir au nom de gros industriels, dont certains sont français, certes, mais pas tous : constatons que les plus gros capitalistes de l’extraction minière et pétrolière, ainsi que de l’agroalimentaire industriel le plus pollué et le plus polluant, sont présents dans la totalité du ressort de cette « Françafrique ».
Anatole France a raison aujourd’hui encore : les soldats croient mourir pour la patrie alors qu’ils meurent pour les plus grands industriels, dont les plus riches ont oublié que voici déjà quelques générations, leurs aïeux avaient une patrie !…