J’ignore si Stéphane Bern, nommé « Monsieur Patrimoine », sinon le Roi Soleil, du moins par le président jupitérien, est ou non qualifié pour recenser les chefs d’œuvre en péril.
Il est cependant curieux qu’un monsieur qui vénère l’Ancien Régime devienne le garant de ce qui est au cœur de notre patrimoine : la République. D’autant que M. Bern annonce une couleur bien moins républicaine et nationale que… néolibérale et patronale puisqu’il s’agit pour lui de « recenser les chefs d’œuvre en péril, comme cela avait été fait par un illustre prédécesseur au XIXe siècle, Prosper Mérimée et de trouver de nouveaux moyens de financement, sans surcharger le budget de l’État ». En clair, d’accompagner la PRIVATISATION du patrimoine, sous une forme directe ou indirecte (« mécénat d’entreprise »… avec défiscalisation à la clé, comme aux « States » ?). Tout cela à l’heure où Macron veut en finir avec l’impôt sur la fortune tout en réduisant celui qui « pèse » sur les grandes entreprises (pourtant de plus en plus soustraites à l’impôt !).
Cerise sur le gâteau, il s’agira d’abord pour S. Bern de restaurer le château de Villers-Cotterêts pour en faire « le château de la francophonie ». L’idée n’est pas condamnable en soi sauf que… à l’heure du tout-anglais déferlant sur la pub, les enseignes, les grandes entreprises (Renault, PSA…), les médias, la science, la chanson, le cinéma, et cela pas seulement en France, mais en Wallonie, à Bruxelles, à Montréal, à Genève, à l’appui d’une politique forcenée d’anglicisation conduite par l’UE et le MEDEF dans la perspective du CETA et du TAFTA, c’est d’autre chose que de mondanités châtelaines que le français, « langue de la République » (art. II de la Constitution), socle de la Francophonie internationale et bien commun des habitants de notre pays aurait besoin 476 ans après l’Ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François 1er pour faire du « langage maternel françois » la langue officielle du royaume : tout simplement d’un gouvernement patriotique, progressiste et populaire refusant l’euro-mondialisation néolibérale et défendant en bloc, dans une perspective démocratique, le patrimoine social, culturel, linguistique, laïque, progressiste et universaliste de notre pays au lieu de le brader à la découpe sur l’autel du profit immédiat.