Pourquoi, en l’état, ni Darmanin, ni Lallement ne démissionneront et comment les virer ?
En premier lieu, il ne s’agit pas ici de considérer que les mots d’ordre de démission des Darmanin, Lallement, Macron, des flics fachos et racistes etc, ne soient pas justes, ni même que les mobilisations pour réclamer la fin des violences policières, le retrait de la loi de sécurité globale ne sont pas opportunes. Non, bien sûr que non ! Et ça n’est, bien entendu, pas le PRCF, qui dénonce depuis plus de 15 ans la fascisation du pays qui se mettra en retrait des mobilisations. Tout au contraire, nous la soutenons, l’appuyons et pour dire y participons et y participerons !
Mais voila, les violences policières de ces derniers jours (Place de la République et contre le producteur noir lynché à Paris) et surtout avec la diffusion desdites violences sur les réseaux sociaux, certains voudraient croire au retrait de la loi de sécurité globale et à la démission des fauteurs de troubles que sont les Lallement et autres Darmanin.
Pourtant, en l’état, il n’en sera rien et cela tient à la situation économique et à l’état des rapports de force.
le capitalisme en phase de pourrissement et de fascisation
En effet, le capitalisme est actuellement dans une phase de pourrissement.
Malgré les énormes profits que dégagent la grande bourgeoisie mondialisée, il n’empêche que cela ne leur suffit toujours pas. D’ailleurs quel que soit le niveau de la plus value, le niveau de profit atteint, il ne suffira jamais. Le capitalisme est ainsi fait : toujours plus !
Sauf que voilà, le monde lui est « fini » – dans le sens où ses ressources sont épuisables, qu’il y a un terme à notre planète et qu’elle n’est pas extensible – et cette réalité ne fait pas bon ménage avec le principe de croissance infinie et de profits en perpétuelles augmentations.
De cela découle une exploitation tout azimut, entraînant toujours plus de misère, de guerres, de famines, de destructions écologiques, etc. Pour tout dire, le capitalisme est entré dans une phase « exterministe », dans laquelle il est prêt à sacrifier l’humanité toute entière, lui compris, pour quelques dollars de plus.
Bien sur, face à cette situation, les peuples se rebiffent, des gilets jaunes en France, au mouvement pour la démocratie en Algérie, au Pérou, au Guatemala, au Chili, etc. Les revendications sont, à peu de chose près, toujours les mêmes : justice sociale et mise en place de véritables démocraties dans lesquelles les peuples sont écoutés, sont souverains.
Sauf que le camp d’en face (comprendre la classe capitaliste), n’entend sûrement pas renoncer à ses profits, source de ses privilèges et donc à la détention de l’État. Il n’est donc logiquement ni pour la démocratie populaire (et donc la démocratie tout court !), ni pour des réformes sociales qui bloqueraient ses marges et ses profits.
Alors, que fait le capital ? Fort logiquement, il réprime et viole le peuple : ne pouvant obtenir son consentement par « la pédagogie », il utilise contre ce dernier le bâton, la matraque, le LBD et les grenades de désencerclement et demain probablement pire !
Or, vous ne réprimez pas le peuple avec des enfants de chœur, mais bien avec les parties les plus réactionnaires du peuple, les éléments les plus violents, fascistes, racistes, etc.
Aussi, pour ce qui concerne la France, progressivement la police s’est fait gangréner par des éléments ultra-violents, mouvement qu’ont alimenté, entrainé et voulu les différents gouvernements et leur ministre de l’intérieur de sinistre réputation : des Pasqua au Darmanin, en passant par Sarkozy, Valls et Castaner.
Fascisation du régime, fascisation de sa police
Ainsi, désormais, l’institution police nationale, est envahie de la tête au pied par des éléments ultra violents, le tout très bien encadré par des syndicats tous plus fascisant les uns que les autres (à l’exception de quelques-uns comme la CGT et VIGI, qui sauvent l’honneur des policiers restés fidèles à l’esprit des gardiens de la paix et de la République) et faisant la pluie et le beau temps sur les carrières et même sur les mouvements de mutation. Vous êtes un policier honnête, avec des valeurs de gardiens de la paix, non raciste et non fasciste, vous n’êtes pas prêt à faire esprit de corps avec des collègues racistes et ultra violents ? Alors dites adieu à votre carrière et à votre mutation ! Bien sûr, cela ne veut pas dire que tous les policiers sont à mettre dans le même sac ! Non, non et non ! Mais ce sont bien les éléments les plus fanatisés et haineux qui tiennent cette institution, comme en atteste la présence d’un personnage comme Didier Lallement, qui n’a pour autre fonction que celle de préfet de police de Paris… Excusez du peu…
Obtenir le retrait de la loi sécurité globale, les démissions de Darmanin et Lallement
Bien sûr, le retrait de la loi sécurité globale et les démissions de Darmanin et Lallement pourraient être un signal fort, qui permettrait très probablement l’arrêt de la contestation en cours.
Mais voila, ce serait également un signal fort qui serait envoyé envers les policiers radicalisés, qui signifierait fini d’être raciste, fini d’être fasciste, fini de tabasser un noir ou un arabe pour se détendre. Et quelles en seraient les conséquences ? La fin du régime Macron :
– soit parce que les policiers arrêteraient de faire le sale boulot et laisseraient Macron et les 20 000 adhérents LREM nus comme des vers face à la contestation ;
– soit parce que des groupes armées se constitueraient en milice et tenteraient un coup d’état en renversant le régime Macron pour mettre en place un régime encore plus fasciste et autoritaire qu’aujourd’hui.
Peut-être certains trouveront que ce scénario relève de la science-fiction. C’est pourtant bien après le limogeage du préfet de police de Paris, Jean Chiappe (qui était notoirement corrompu et en relation avec la mafia), que le 6 février 1934, les ligues fascistes (notamment « action française ») tentèrent un coup d’état, qui heureusement échoua.
C’est donc bien, aujourd’hui, parce que ce risque est réel, que ni Darmanin ni Lallement ne démissionneront et pourquoi la loi de sécurité globale ne sera pas retirée.
A ce titre, il convient de rappeler que Darmanin est arrivé au ministère de l’intérieur avec un paquet de dossiers aux fesses.
Tant qu’à Lallement, son bilan parle pour lui :
– Mutilations de manifestants pacifiques, notamment lors des manifestations de gilets jaunes, à Bordeaux puis à Paris ;
– Déclarations outrancières : « nous ne sommes pas dans le même camp » lancé à une gilet jaune ou encore, durant le confinement du mois de mars, que « ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple » ;
– Exfiltration des militants fascistes du groupuscule génération identitaire lors de la manifestation (transformer en rassemblement statique par décision autoritaire du même Didier Lallement) contre les violences policières du 13 juin ;
– Accusation de parjure devant la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale.
Et la liste n’est pas exhaustive! On rappellera également que c’est lui qui était d’abord préfet de police de Gironde et qu’il avait ressuscité à cette occasion les « voltigeurs » et que c’était sous ses ordres que le gilet jaune Antoine Boudinet avait perdu la main, arrachée par une grenade de sa police.
Pourtant Lallement est toujours en fonction et personne au sommet de l’Etat n’entend le démissionner.
Pour une simple et bonne raison : même si le gouvernement le voulait – ce qui reste à prouver! – il ne le pourrait pas !
D’ailleurs, nous oublions un peu trop vite que Castaner, l’éborgneur en chef, n’a pas été viré de Place Beauvau parce qu’il avait organisé la répression inouïe des gilets jaunes et que le nombre de violences policières avait explosé sous son autorité, mais bien parce qu’il avait commencé à lâcher les policiers racistes en déclarant que les policiers dont les suspicions de racisme sont avérées seraient suspendus. Formulation bien maladroite, qui témoigne du malaise du régime Macron à aborder le problème.
Toujours est-il que dans la foulée les policiers s’étaient « mobilisés » lors de manifestations parfaitement illégales, dont l’une s’était tenue à quelques pas du Palais de l’Elysée la veille d’une déclaration de Macron ! Tout un symbole…
Alors, que faire pour les faire reculer ?
Et bien revenons-en à notre manifestation factieuse du 6 février 1934. Le lendemain, le PCF et la CGT-U organisaient une grande manifestation à Paris, le surlendemain, le 8 février, toujours le PCF et la CGT-U ainsi que la CGT confédérale et la SFIO organisaient de nouvelles manifestations. Mais voilà, les cortèges convergèrent et allaient donner naissance au « front populaire ». Ce front adoptera pour slogan « pain, paix, liberté ». Un programme sera mis sur pied, avec de grandes avancées sociales, finalement le front populaire (contre toute attente) remportera les élections d’avril 1936, et suivra la grande grève de mai de la même année, qui débouchera sur les congés payés, la semaine de 40 heures et les conventions collectives. Ainsi, le front populaire constitue le premier acte de résistance au fascisme du peuple français.
C’est cet exemple qu’il nous faut à nouveau suivre aujourd’hui, dans un grand F.R.A.P.P.E, Front de Rassemblement Antifasciste Progressiste Populaire et Écologique, avec un programme résolument tourné vers le monde du travail, vers le progrès social, vers la réindustrialisassions du pays, vers les services publics et vers l’écologie. C’est uniquement si nous empruntons cette voie que nous chasserons les Lallement, Darmanin, Macron et leur police de malheur.
Alors, cessons de nous diviser avec des manifestations éparses : les violences policières le samedi, les fonctionnaires le lundi, les licenciés le mercredi, les hospitaliers le jeudi, etc. Seul un grand « tous ensemble et en même temps », qui englobera l’ensemble des problématiques, bâti autour d’un programme revendiquant la sortie de l’Union européenne, de l’Euro, de l’OTAN et du capitalisme, nous permettra d’arracher la victoire ! Faisons nôtre la devise des mousquetaires d’Alexandre Dumas : « un pour tous et tous pour un » !