Prométhée dont le nom signifie « celui qui réfléchit avant » et qui s’était mis en tête de délivrer l’humanité de la dictature des Olympiens, était, nous dit-on, toujours flanqué d’un frère un peu simplet nommé Épiméthée, dont le nom signifie « celui qui réfléchit après ». Le prévoyant d’un côté, l’étourdi de l’autre. L’histoire de ces deux immortels traîne fatalement en longueur et je vous en passe les détails. Notons seulement qu’entre entre ceux qui réfléchissent avant et ceux qui réfléchissent après, les organisés et les spontanés, entre le parti et le mouvement, la querelle est presque aussi ancienne que l’histoire de la lutte des classes, laquelle se confond, comme chacun sait, avec celle de toute société jusqu’à nos jours.
Bien entendu, l’organisation et le mouvement ne sont pas aussi fatalement opposées. Depuis un certain Lénine, dont le slogan le plus martelé était non sans raison « tout le pouvoir aux Soviets » (et non « tout le pouvoir au Parti », quoi qu’on en dise), l’organisation vise à organiser la spontanéité des luttes, à en tirer le meilleur… parti révolutionnaire.
Récemment, Jean-Luc Mélenchon s’est targué au contraire de vouloir en quelque sorte « mouvementiser » l’organisation. En tout cas, il a vanté l’évolution « post-léniniste » des partis de gauche, qui d’ailleurs ne sont plus des partis mais des réseaux (air connu).
L’anti-léninisme est en effet si puissant qu’il a causé l’auto-dissolution du PCF. On peut comprendre que cet effondrement n’ait pas nui aux ambitions politiques de JLM. Mais du moins ne souffrira-t-il sans doute pas de reconnaître le caractère hautement toxique de ce prétendu remède de cheval anti-léniniste.
Mais notre JLM national a déjà le regard tourné vers la ligne bleue de l’internet, du réseau en ligne qui va tout résoudre. Mutatis mutandis, et surtout, comme dirait le chanteur, « misogynie mise à part », on retrouve là la fascination de l’irréfléchi Épiméthée, prêt à accepter tout ce qui brille, et même les dons de ses ennemis, comme la plus belle femme du monde, Pandore, envoyée par les dieux sous une apparence chatoyante pour mieux amener à la catastrophe.
Car, oui, on ne va pas délaisser l’épicentre, le barycentre, le point nodal de tout l’affrontement capital/travail, sur le lieu de travail, dans la rue, pour le ghetto mental du tout-internet, qui tourne le dos à la classe ouvrière, laquelle est actuellement en première ligne contre la répression (mille syndicalistes poursuivis sous gouvernement PS, nous ne cesserons de le répéter). On ne va pas non plus résoudre ce qui pour Lénine était la seule force qui reste au prolétariat dans un système où tout lui est défavorable : l’or-ga-ni-sa-tion.
Certes, nous voulons bien admettre que la barricade se trouve actuellement au niveau de « La France Insoumise », en tout cas pas au niveau de l’actuel PCF qui ne fournit aucune garantie d’une rupture claire avec la social-démocratie, et a fortiori avec l’UE.
Nous n’avons pas non plus de leçons de léninisme à donner à un partenaire qui n’en revendique pas les prestiges, ce dont nous sommes parfaitement conscients. Mais nous lui demandons, socratiquement, de se mettre d’abord en accord avec lui-même : « Connais-toi toi-même ».
On peut admettre qu’il n’ait gardé du léninisme qu’une vision pour le moins schématique et réductrice, néanmoins il doit gérer une coalition avec d’authentique léninistes comme nous ou d’autres camarades encore encartés au PCF. Il serait donc utile, y compris électoralement, qu’il s’interroge sur l’efficacité de ce discours quelque peu condescendant. On peut, ensuite, admettre que Mélenchon se voit moins en bolchevique qu’en jacobin. Mais dans ce cas, pourquoi dauber l’existence, y compris jusqu’à l’ancien RPR, d’un « comité central ». JLM ignore-t-il vraiment que cette forme d’organisation ressortit à la Révolution française, à la Commune de Paris avant celle d’Octobre ? Nous comprenons parfaitement qu’il lui faille s’adresser également à un électorat républicain non communiste, mais dans ce cas il faut veiller à ce que l’anticommunisme ambiant n’emporte pas les dernières digues de défense.
Enfin, décréter la mort de la vieille politique des partis au nom du postmodernisme (d’une Chantal Mouffe quand il est en veine d’inspiration ; d’une Clémentine Autain pour repasser les plats) va l’amener à d’autres contradictions.
Bref, il faudra bien un jour choisir entre le Front Populaire et Patriotique et Podemos. Notons d’ailleurs que les Laurent et les Chassaigne ont déjà choisi pleinement leur camp, volé au secours de Tsipras, et occupent pleinement le créneau de ce mouvementisme qui ne va nulle part, en tout cas ni vers la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN.
Rappelons donc fraternellement à notre candidat que dans ce contexte de réaction épouvantable, il tire sa légitimité de quelque chose de plus grand que lui, et qui exige de lui des perspectives claires et cohérentes comme le Frexit progressiste et la sortie de l’OTAN.
Si nous ne pouvons parler ensemble de Lénine, revenons du moins à Robespierre, que nous aimons tous. Et méditons tous ensemble les paroles de l’incorruptible, incorruptible en premier lieu aux mirages de la politique personnelle :
« D’abord, apprenez que je ne suis point le défenseur du peuple ; jamais je n’ai prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétention d’être quelque chose de plus. » Robespiree
Aymeric Monville, 10 décembre 2016
Salut Camarades,
Jean Luc Mélenchon est anti-communiste. Il est donc normal qu’il rejette le léninisme. Je ne voterai pas pour lui en 2017. Ni pour lui, ni pour personne d’autre.
Oui, la seule priorité aujourd’hui est la construction d’un véritable parti communiste révolutionnaire. Sans rien renier du passé, construisons ensemble un avenir socialiste pour la France.
excellent
Texte écrit à Chaud !!!
Nous avons trop en mémoire les évènements vécus par les grecs — dupés par Tsipras — malgré les avertissements du KKE — voir les journaux Rizospatis.
Aussi merci Camarade pour ton billet Rouge.
Nous pensons qu’une seule chose doit nous guider — changer de système. Cela a fonctionné à l’Est de l’Europe — malheureusement, il y a eu des salopards payés avec des dollars pour tuer le peuple russe !
Vive le communisme !
Roberte et Serge
Je ne pense pas que JL.Mélenchon soi anti-communiste par contre ce qui est vrai c’est qu’il n’est pas pour la nationalisation des groupes capitalistes du CAC 40, ce qui fait que même s’il arrive à gagner les élections les vrais communistes resteront sur leur faim, car un vrai changement politique n’aura pas lieu puisque le grand capital gardera ses prérogatives. Autrement dit les riches peuvent dormir tranquille.