Et « France » Télévision devint le Centre de Propagande européiste (CPE) Par Fructidor
Que les médias dominants détenus à 90% par une dizaine de milliardaires fassent de la propagande anticommuniste, anti-syndicale, anti-gilets jaunes, anti-grèves, anti-musulmans, anti-cubaine, sinophobe ou russophobe, etc., on le savait déjà. Que ces mêmes médias aient, pour leur grande majorité, fabriqué et permis le « coup d’État ‘‘démocratique’’ » (Alain Badiou) du tyran Macron au printemps 2017, cela a été admis dès la campagne présidentielle même – et ce que les intervenants du documentaire Les Nouveaux chiens de garde développaient déjà au sujet du criminel Sarkozy en 2012. Que toujours ces mêmes médias se mobilisent, pour une grande majorité d’entre eux, pour sauver le soldat européiste, à l’instar de « France » Télévision qui organisa une vaste opération de propagande en avril 2020 en plein (premier) confinement avec la diffusion en direct de l’émission « La grande soirée des Européens »[1], cela est connu depuis des années – ce qu’affirment clairement les intervenants du documentaire « 2005 : quand les Français ont dit non à l’Europe » diffusé début 2017 sur… France 3.
Cependant, les crédules européistes, les chantres de « l’Europe sociale » et d’une « autre Europe » – conscients pour ces derniers de « problèmes » émanant de l’« Union » européenne (UE) tout en proposant des « solutions » dont l’application surviendrait au mieux lorsque la Terre aura explosé – continuent de regretter que les citoyens ne soient « pas suffisamment informés » et qu’ils ne connaissent pas la réalité de l’UE, ce qu’elle fait pour eux concrètement, ce qu’elle devrait faire – par exemple, « faire l’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent », ou encore « mettre la Banque centrale européenne au service des peuples ». Et naturellement, quiconque oserait appeler à la sortie de l’UE et de l’euro pour en finir avec le capitalisme serait inévitablement « nationaliste » et même « raciste », comme le proclamèrent les têtes d’affiche de la liste du PCF pour les élections européistes de mai 2019[2] ; pour les eurolâtres, dénoncer la propagande des médias dominants revenait à être qualifié de « complotiste ».
Malheureusement, les certitudes des défenseurs de la « liberté de la presse » et de la fable selon laquelle la France serait une « démocratie » risquent de prendre encore un coup. Car voici que le « journal » Le Monde, difficile d’être suspecté de « complotisme » et autres qualificatifs du genre, annonce que les rédacteurs en chef de « France » Télévision sont « incités à parler davantage d’Europe ». Mais de quelle manière ? La réponse est simple : « Une partie variable de leur rémunération dépend de leurs efforts de renforcement de la couverture des sujets européens. »[3] Derrière la fable de l’« objectivité », la « neutralité » et l’« indépendance » des « journalistes », on imagine sans peine comment ces derniers traiteront l’« information » au sujet de l’UE – l’image de Julian Bugier, le présentateur télégénique de l’émission « La grande soirée des Européens ». Vous avez dit corruption ?
Bien évidemment, les esprits « subtils » rétorqueront qu’il n’est pas indiqué de quelle manière les « sujets européens » doivent être couverts, ni de quels sujets il s’agit. Gageons toutefois, sans prendre trop de risque, qu’il ne sera nullement fait mention de « l’extravagant train de vie des députés européens » et du « Très cher Parlement européen »[4], des nombreux « conflits d’intérêt » résultant des liens consanguins entre nombre d’eurodéputés et de groupes capitalistes surpuissants… et encore moins d’une « analyse concrète » concernant les positions des opposants farouches à la mortifère UE, à commencer par celles du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) systématiquement censuré par les médias dominants.
Sans doute, la rémunération n’était même pas nécessaire pour que les « journalistes » se muent en prophètes européistes, eux qui le font d’une manière sacerdotale dès que l’occasion leur est donnée, se défendant avec force de toute accusation de « propagande » : c’est ce que fit Bernard Guetta, ancien chroniqueur de France Inter qui s’offusqua en 2005 lorsque des citoyens lassés des appels à « voter oui » au référendum proposant un Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) interpellèrent le futur eurodéputé macroniste – élu sur la liste « Renew Europe » (le tout-anglais dans toute sa splendeur) aux européennes de mai 2019 –, en réagissant avec vigueur : « Non, non, non, non, non, non ! Mais où allez-vous chercher tout ça ? […] Il ne faut tout de même pas qualifier de propagande toute explication ou argumentation qui n’est pas celle qui vous convient ». Ce qui, naturellement, n’empêche pas les tenants de l’ordre capitaliste euro-atlantique, à commencer par les macronistes, leurs satellites affidés et les médias sous l’emprise des milliardaires et de la propagande européiste hégémonique, de taxer d’office les anti-européistes de « populisme », de « nationalisme », voire de « fascisme » – qualificatifs au demeurant parfaitement adaptés à l’extrême-droite qui, de surcroît, accepte l’appartenance à l’euro, l’UE et le capitalisme, voire même l’OTAN.
En somme, rien de nouveau sous le soleil de la « démocratie libérale », dont les tenants passent leur temps à chanter les louanges du « pluralisme » et de la « liberté d’expression » tout en excommuniant toute parole un minimum critique à l’encontre du gouvernement en place. Et plus que jamais, les éditocrates et grands médias ne font que confirmer l’analyse de Lénine qui fit adopter le « décret sur la presse » le 9 novembre 1917 (27 octobre en Russie à l’époque) : « dans notre société, ce qui se cache en fait derrière cet écran libéral [la liberté de la presse], c’est la liberté pour les classes possédantes, qui se sont accaparé la part du lion dans la presse, d’empoisonner impunément les esprits et d’introduire la confusion dans la conscience des masses » ; et de rappeler que la presse constitue « une des armes les plus puissantes de la bourgeoisie, […] pas moins dangereuse que les bombes et les mitrailleuses ». N’est-il pas temps de prendre des mesures de salut (et même de salubrité) public pour en finir avec tous les semeurs de haine et les euro-propagandistes médiatiques ?
[1] À ce sujet, lire Fadi Kassem, « « La grande soirée des Européens », ou la propagande tous azimuts des européistes aux abois », revue ÉtincelleS, n°47, septembre 2020.
[4]https://www.capital.fr/economie-politique/lextravagant-train-de-vie-des-deputes-europeens-1338624; https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/16/au-parlement-europeen-un-budget-tres-genereux-mais-peu-controle_5462631_3210.html