« Quand les « Borne » sont franchies, il n’y a pas de limites »… Par Floréal
Notre « nouvelle » ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, la célèbre « femme de gauche » grande amatrice de 49/3 qui a dynamité la retraite à 62 ans (laquelle était déjà une régression sociale par rapport à l’âge limite antérieur…), vient encore de montrer combien elle est « progressiste »: elle a en effet déclaré sans rire que pour s’insérer dans le marché du travail où la concurrence est si rude, les enfants français devraient très tôt, « y compris dès la maternelle », réfléchir à leur « vocation » et à leur « projet professionnel »…
Immédiatement, une nuée de blogueurs rigolards est tombée sur le dos de Madame la Ministre en raillant la sottise évidente du propos. Mais il faut dépasser les questions de forme tant la sortie de notre polytechnicienne (qui l’eût cru?) formée au très plébéien lycée Jeanson de Sailly est révélatrice de son inconscient de classe, voire de caste: pour cette bourgeoise née coiffée, le petit enfant n’est pas d’abord un humain à part entière, dût-il ne jamais produire un jour le moindre profit pour le capital, ni même un futur citoyen en formation et encore moins un petitou qui doit d’abord découvrir la vie en s’amusant, en s’ouvrant aux autres et en « cueillant le jour » comme eût dit le poète latin Horace. Comme c’est déjà tristement le cas en Corée du Sud et au Japon, ces paradis capitalistes bien connus de l’épanouissement humain, les gosses doivent être mis sous pression dès leur plus jeune âge car évidemment, le sens profond de l’existence, c’est de devenir un jour de la chair à patron, voire, à l’aune de l’ « économie de guerre » que concocte Macron, de la chair à canon pour l’Ukraine ou Taiwan…
Ne parlons pas non plus de la grossière méconnaissance dont témoigne Mme Borne, ex-DRH de choc à la RATP, à propos de ce qu’est la maternelle à la française, ce joyau pédagogique nourri des travaux scientifiques d’Henri Wallon et de bien d’autres penseurs qui l’ont orientée vers l’épanouissement de la créativité enfantine.
Enfin et surtout, tournons-nous vers les rieurs et faisons-leur observer que, en réalité (et c’est pourquoi nous parlions d’inconscient de classe), le propos de Mme Borne est au fond moins stupide qu’il n’est glacialement cynique: car elle décrit moins ce qui devrait être que ce qui existe déjà souterrainement dans nos sociétés de classes où, dès leur petite enfance, les individus sont… classés, triés, orientés de fait puisque, statistiquement parlant, la plupart d’entre atterrissent « spontanément » dans les « cases » socioprofessionnelles et socioculturelles que leur prédestine le monde capitaliste: l’immense majorité des petits prolétaires « hérite » en effet des travaux durs et mal payés qu’exerçaient déjà leurs parents et grands-parents précocement usés tandis qu’à l’inverse, beaucoup de petites filles modèles, qui sait filles et petites-filles de pharmacien (et éventuellement prénommées Elisabeth…) font précocement leur nid dans un conseil d’administration capitaliste ou dans un gouvernement bourgeois occupé jour et nuit… à préparer des guerres impérialistes ou à liquider des acquis sociaux: cela s’appelle la « reproduction sociale » et est bien connu de tous les sociologues.
Pas grand chose à faire en somme avec la « vocation ». Et beaucoup à voir avec… l’exploitation capitaliste sans bornes !