Quand il s’agit de stigmatiser les jeunes musulmans ou supposés tels, nos élites euro-atlantiques ralliées par le FN n’ont en bouche que la « laïcité ».
Mais ce beau mot, ils se gardent bien de le définir. Sa définition politico-juridique est pourtant claire : elle est fournie par l’article II de la loi organique de 1905, inspirée par Jaurès, qui fait partie du « bloc de constitutionnalité » français et qui dispose que « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ». Cette séparation institutionnelle de l’Etat et des Eglises distingue nettement la France des Etats confessionnels ou semi-confessionnels qui sont très majoritaires dans la très cléricale U.E., où prédominent des régimes concordataires (Italie), des religions d’Etat (en Grande-Bretagne, la reine est le chef de l’Eglise anglicane), des impôts d’Eglise (RFA) et où, conséquemment, les athées, déistes, agnostiques et autres personnes se déclarant « sans religion » sont de fait des citoyens de seconde zone.
C’est donc en toute connaissance de cause que l’actuel ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, viole l’ordre constitutionnel français et met ses pas dans ceux de Sarkozy (l’ex- « chanoine du Latran » qui déclarait naguère au nom du peuple français « Dieu transcendant qui est dans le cœur de chaque homme ») et de Manuel Valls (qui représenta officiellement la « République » auprès du Vatican lors de la cérémonie de béatification de Jean-Paul II…) quand il publie un décret qui remodèle en profondeur le culte musulman en fonction des vœux de son Etat de plus en plus policier, sinon policé. Bien entendu l’Etat français continuera, explique Cazeneuve, de « reconnaître » le Conseil français du culte musulman (alors que la loi le lui INTERDIT formellement : la République « NE RECONNAIT AUCUN CULTE ») ; mais comme cela est encore insuffisant à ses yeux, l’Etat financera désormais aux frais du contribuable la formation des imams en piétinant le principe laïque cher à Victor Hugo, « L’Etat chez lui et l’Eglise chez elle ». Grave violation du droit français et lourde ingérence dans les affaires internes de la religion musulmane. Mais après tout, le chef de l’Etat n’a-t-il pas récemment assisté à une cérémonie religieuse, kippa sur la tête, à la Synagogue de Paris, au lieu de rendre un hommage strictement laïque et républicain aux victimes des tueries de janvier dernier ? Dans ces conditions, nous formulerons deux questions :
Question 1 : combien de députés et de sénateurs encore dignes de ce nom monteront-ils prochainement à la tribune du Parlement pour demander raison au gouvernement de Hollande qui, il est vrai, n’en est plus à une félonie près ?
Question 2 : les « musulmans » de France ou supposés tels ont-ils vraiment besoin que l’Etat « républicain » (pauvre République !) s’ingère grossièrement dans l’organisation de leur culte ? Comme tous les Français, et notamment comme tous ceux qui font partie de la classe ouvrière ou des couches moyennes, nos compatriotes de tradition musulmane (juive, catholique, protestante ou « sans religion ») n’attendent-ils pas plutôt de l’Etat qu’il assume son rôle républicain qui est, théoriquement, de développer l’emploi stable et de combattre la précarité de l’existence, de consolider le lien social, le logement et l’accès aux soins médicaux pour tous, de donner du corps à la République en développant le produire en France, les services publics, l’école républicaine, de promouvoir la langue, la recherche et la culture française à la ramasse, de combattre franchement le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie, de mettre fin aux immondes contrôles au faciès dans nos villes, de promouvoir l’amitié entre les peuples et non pas l’ingérence « humanitaire » à la BHL, la guerre civile sous influence et la recolonisation insidieuse du Proche-Orient, des pays de l’Est et de l’Afrique ?
Une « République » qui se désintègre pour entrer dans le lit de Procuste de l’Union transatlantique ne peut intégrer, non seulement ses travailleurs immigrés, mais ses populations de toutes origines. Une « République » qui s’assoit sur sa propre Constitution est illégitime pour demander aux jeunes à la dérive de respecter l’ordre légal.
Le 30 mai prochain – que nous croyions au Ciel ou que nous n’y croyions pas –, nous descendrons dans la rue à l’appel des organisations franchement communistes et progressistes pour exiger que notre Non à l’euro-constitution violé par Hollande et par Sarkozy soit enfin respecté : ce qui implique que notre pays retrouve force et dignité en se retirant de cette UE supranationale, cléricale, patronale, fascisante et atlantique qui sape tous nos acquis de civilisation.