« Si j’ veux rester en haut de l’affiche / Faudra que je chante en angliche, / Si je n’ veux pas finir en loques / Il me faut braire en amerloque».
Jean Ferrat.
Sir Luc Besson fait délicatement pression sur l’ex-« Young Leader » Fleur Pèlerin (faudra-t-il désormais écrire Flower Pilgrin ?) pour que la ministre de la culture abroge la loi obligeant les producteurs de cinéma à tourner en français s’ils veulent obtenir des subventions d’Etat (et à travers elles, l’argent de ces demeurés de contribuables francophones)… Et si l’Etat-PS – qui ne demande que ça*– restait sourd à ses sommations (hypothèse d’école !), Besson quitterait aussitôt le 93 pour licencier son petit personnel et tourner ailleurs ses futures « superproductions »… Que c’est beau le patriotisme et la dignité humaine dans certains milieux de la « culture »… et du parti « socialiste » !
Relayant le chantage bessonien, M. Leroux, le député PS du 93 (qui est aussi le patron du groupe PS) demande aussitôt, non pas que le 93 soit réindustrialisé pour rendre un vrai travail à chacun, mais que la loi républicaine soit amendée et re-calibrée selon les vœux très désintéressés de M. Besson… Tant pis pour le principe selon lequel la loi est faite pour tous et non pour offrir des privilèges à certains, et surtout, tant pis pour la langue française, cœur de la « personnalité de la France » aux termes de la loi Toubon, que nos « élites » sacrifient derechef au tout-anglais cher au MEDEF et à l’UE atlantique…
Après tout, ce gouvernement ne va-t-il pas prochainement demander au Congrès parlementaire de « désétablir » encore un peu plus la « langue de la République » en ratifiant la Charte européenne des langues régionales et minoritaires ? Qu’importe que ce texte dangereux détricote la citoyenneté républicaine en institutionnalisant l’idée de « minorités » linguistiques, créant une sorte de droit opposable à ne pas parler le français en France ? Cette charte vise-t-elle à promouvoir nos langues régionales, ce patrimoine indivis de la nation qu’il faudrait associer à l’apprentissage du français et non pas opposer à la langue nationale et à l’unité de la République ? Nullement : la « charte » favorisera au contraire les groupes euro-séparatistes qui, de la Bretagne à la Flandre et de la Corse au Roussillon rêvent d’en finir avec la République une et indivisible pour inscrire leur « indépendantisme » médiéval dans le cadre de l’Europe des régions. Au final, qui bénéficierait d’un tel désétablissement du français si ce n’est le tout-anglais patronal qui s’apprête à faire un nouveau bond en avant avec la mise en place annoncée du « Grand Marché Transatlantique » ?
Ainsi procède le Raminaglobish transatlantique : de même que notre peuple est pris en étau entre le Parti Maastrichtien Unique (PS et droite classique) et le « rassemblement bleu Marine », de même notre langue – celle de Molière et d’Hugo, des Lumières et du CNR, excusez du peu ! – est prise en tenaille entre les requins du tout-anglais transatlantique et les piranhas aux dents longues des séparatismes régionaux.
Or non seulement la gauche établie et l’extrême gauche-caviar ne bronchent-elles pas devant cet arrachage linguistico-institutionnel (il est vrai que presque tout l’arc politique hexagonal s’apprête à valider la contre-réforme territoriale en participant aux régionales !), mais le PCF-PGE, qui a tout oublié d’Aragon et de Ferrat, soutient la Charte européenne. Fi des Sans Culottes, l’heure est aux déculottades, qui précèdent les déculottées !
Quant à nous nous répétons que, pas plus que la « collaboration », la résistance ne se divise.
Ne nous laissons pas couper la langue, résistons de tout notre corps, de toute notre langue, de tout notre cerveau !
*Si vous en doutez, demandez à Lady Fioraso, qui a institué l’anglais comme langue universitaire ! – ou à Mister Schrameck, le patron du CSA qui suggère d’insérer dans les quotas de chanson francophone les chansons de « Français » chantant en anglais…