Mille et mille fils numériques
Comme des liens entre mille
Lieux courent sous les cieux de
La cité. Nos ordis sont obèses
Et nous voici riches de cent accès
De cent huis et de cent croisées
Et nous nous tenons là à
la porte béante du monde
interdits et cois,
aussi affairés qu’ isolés
aussi effarés que surveillés
Sous la toile, par mille et cent,
travaillent les indigents avec le
Ventre à moitié creux pour le
conserver à moitié plein alors que
mille agences donnent l’assaut et
téléversent dans les terminaux TV
l’assurance que l’enfer
c’est l’ailleurs lointain et les autres,
ou que ce sont les autres venus d’ailleurs
Et lorsque la misère s’importe ici,
ainsi qu’une menée spoliatrice et aveugle,
semant l’effroi dans les cœurs
de douces fables allégoriques
scénarisées et télédiffusés montrent
Combien le pays est ennoblis par
de spectaculaires vitrines, combien
la richesse boursière flue et
les investisseurs influent combien
Il est l’écrin de chapelles nouvelles
Les mains d’argent natif
des affairistes et d’autres benoîts bien lotis
enserrent le pays en prolongeant
leurs longs doigts de transis
dans les artères de nos contrées
de nos quartiers et au cœur de nos demeures
tandis qu’ à la veillée les conteurs du J.T.
susurrent sans contredit qu’ils est
des rues désertées, des échoppes éborgnées
des fabriques murées et des usines déportées
en raison de la clameur et de l’emportement
d’ ouvriers pontant en villégiature
de hordes de disetteux accumulant
oboles, prébendes et secours
et d’allocataires levant l’impôt.
A l’ unité épurée, cooptés et
nominés les peoples et les boys
demeurent en des presqu’iles sereines
en des contrées pérennes situées
a cent lieues du premiers loqueteux
à mille arpents du premier indigent
à mille et cent verstes du premier ouvrier
Leur panthéon est peuplé
de divinités marchandes, toutes singulières
dans la bande, luttant sans merci
alors que des pisse-copie à l’allure
de nouveaux prélats officiants
rédigent leur geste pour la postérité
Et Leur ciel est saturé de marques
dont les icones cernent des stades
où s’affrontent et se démarquent
des arénaires encensés et adulés…
Par mille et cent en des banlieues
ségrégées, nous voici congédiés et
isolés en des quartiers séparés
et nous voici forts, par écran interposé,
d’une escouade « d’amis » ramageurs,
de rhétoriciens tapageurs
adeptes du décorum impérial portant
le loup sous pseudonyme et
et dont le rêve est de s’embarquer
sur une nef dorée et privatisé
dont la figure de proue
d’électrum plaquée est empanachée
Ainsi se font ils appeler Charlie
sur le réseau ou dans les localités,
comme des copains de bordée
mais revêtent à l’entreprise
l’habit de premier de cordée,
alias premier de condée
Ainsi devenus familiers
en tout lieux ils stimulent en congédiant
accompagnent en expulsant
insèrent en exploitant pacifient
en guerroyant civilisent en colonisant.
Nous faut il, à leur image, vivre ainsi que
des rivaux vénaux et dissociés
nous faut il ,comme inféré, vivre ainsi que
des vassaux chérissant leur liberté
ou leur quête d’un foyer
dans un monde onirique et marchant
au pas sans subsides ni toit
dans le monde physique?
nous faut il vivre ainsi, et finir
dans un ultime burn out ou terminer
bridé, caparaçonné, et casqué
de polycarbonate et de plexi au
champs d’honneur des libres concurrents?
Résonnent, de nouveau
Les tambours du retour d’octobre
revienne à nouveau la varsovienne
car il est dans ce ban fécond
Des rêves affranchis qui
Veulent être de ce monde
comme il est dans leur sillage
roulant, une place où s’effacent
errance et désespérance
C’est par des chemins toujours renaissants
En des réseaux communisants
Que les désirs débordent des canaux
Que les rêves franchissent les nuits
Par million nous ne pouvons siéger, devant
nos récepteurs T.V. alors qu’il est promis
le bâton et l’incarcération
la coercition et la molestation à nos
enfants, qui la vie et qui la lumière ont quêtés.
Le temps est advenu où nos pères nous
appellent et nous rappellent que bien
que de trente ans différée, notre riposte
ne peut être d’avantage ajournée, que notre
nombre est une clef vers notre monde qui
notre deviendra, qui autre deviendra.
Résonnent de nouveau les tambours
d’octobre; revienne la Varsovienne.
Patrick Grelait 21 mars 2019