par Floréal
Pour détruire la République une et indivisible héritée de la Révolution et lui substituer l’Europe des régions (si possible « transfrontalières »…), pour transformer les conseils municipaux en comités des fêtes supervisés par d’énormes « métropoles européennes » (Paris, Lyon, Marseille…), pour liquider la nation et mettre en place l’Empire européen piloté par Merkel, pour instituer l’« Union transatlantique » exigée par Obama et par ses groupies du MEDEF, pour liquider la fonction publique territoriale et les services de proximité qu’elle rend aux Français, nos « élites » politico-médiatiques frappent à tour de bras sur le « millefeuille administratif ». Ce « mal français » est accusé d’ « empiler » sans fin les niveaux de responsabilités et de coûter cher au contribuable.
Alors, faut-il supprimer les départements (risqué ! On a vu récemment que nos compatriotes alsaciens tenaient à cette structure républicaine) ? Raboter encore et encore le pouvoir des communes ? Faire en sorte que l’Etat-nation se désengage toujours plus de ses missions de service public ?
C’est ce que réclame le Manifeste du MEDEF, qui appelle à « reconfigurer les territoires » pour édifier les « Etats-Unis d’Europe, notre nouvelle patrie ».
C’est ce qu’exige – et sur quel ton ! – la Commission de Bruxelles qui vient de dikter à son petit télégraphiste de service, François Hollande, un plan d’ajustement structurel à exécuter en deux ans : au programme, la casse des statuts professionnels, l’extinction insidieuse des retraites par répartition, la réduction de la fiscalité des entreprises et, cerise sur cet indigeste gâteau maastrichtien, le « choc de simplification » du maillage territorial français. Objectif inavoué de Barroso, de Gattaz et de Jean-Mark Euro : permettre aux monopoles capitalistes de contourner totalement les nations, mettre en concurrence les régions à l’intérieur du territoire ex-national, en finir au passage avec ces vestiges issus du Conseil National de la Résistance : le statut national des fonctionnaires (créé par Thorez), le bac et les diplômes nationaux (« trop chers ») et les grilles salariales NATIONALES des conventions collectives. Avec en prime, l’évaporation des marchés locaux et du marché national : car les PME qui en vivent ne pèseront pas lourd quand elles seront soumises à la « concurrence libre et non faussée » que seules les transnationales pourront soutenir à l’échelle régionale et transcontinentale. Et tant pis si à l’arrivée, les « petites gens » qui encombrent tant nos villes subissent des « rationalisations de moyen » telles qu’il leur faudra faire des kilomètres en voiture (avec essence chère et stationnement payant !) pour accéder aux rares services publics centralisés dans les « villes-centres » : des milliers de postes en moins à prévoir derrière les guichets de la Sécu, des préfectures, de la Poste, d’EDF et de la SNCF, etc.
Nous, militants franchement communistes et républicains, sommes pourtant fort sensibles à l’argument fiscal de MM. les euro-décentralisateurs et nous disons nous aussi qu’il faut tout faire pour « réduire le millefeuille » et « décentraliser » notre vieil Etat « jacobin », « franchouillard », « franco-français » et pour tout dire « hexagonal ».
Pour cela, c’est très simple : conservons et démocratisons le bon vieux triptyque républicain institué par la Révolution : la Commune, le département et l’Etat nation – qui sera libre de mettre en place, comme l’ont fait en Amérique latine Cuba et le Venezuela, de nouveaux traités internationaux progressistes respectueux de la souveraineté et des acquis de chaque pays : car le véritable internationalisme populaire diffère autant de la Supranationalité impérialiste que l’intercommunalité choisie diffère de la supracommunalité forcée qui corsète aujourd’hui nos communes.
En revanche, supprimons sans pitié les Communautés d’agglo, qui strangulent les communes, refusons catégoriquement les Métropoles, qui cancérisent les départements, démantelons les Euro-régions, qui désarticulent la nation ; et surtout, surtout, destituons la ruineuse UE qui chaque année nous coûte 18 milliards d’euros alors que ne reviennent en France (et encore, il faut dire « thank you » et « Danke schön » pour toucher une petite partie de NOTRE argent) chaque année que 9 milliards dont l’usage est contrôlé par Bruxelles et ne peut, de fait, servir à réindustrialiser notre pays.
Supprimons du même coup les coquets émoluments que s’attribuent, non pas les fonctionnaires territoriaux et nationaux – dont les salaires sont bloqués – mais les féodaux du PS et de l’UMP qui règnent sur les euro-régions. Et transformons les énormes « hôtels de région » en appartements pour les mal logés.
Une telle suppression du « millefeuille » peut s’effectuer en un éclair ; et pour filer la métaphore pâtissière, liquidons aussi dans la foulée le « statut spécial » de l’Alsace-Moselle en matière de laïcité : Marianne n’a pas à régler le traitement des curés, pasteurs et autres rabbins qui hantent les écoles publiques de Metz à Strasbourg en violant la loi de 1905 (« la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte »).
Tout cela génèrerait de grandes économies que l’on pourrait réinvestir dans la reconstitution – entre autres – du service public de l’Equipement : celui-ci pourrait de nouveau entretenir correctement le réseau routier national ; ou d’une SNCF enfin dotée des moyens de sécuriser le matériel roulant et les infrastructures. Des « nationales » plus sûres, des trains arrivant à l’heure, comme avant Maastricht, voilà qui donnerait du tonus et de la « compétitivité » à l’économie nationale…
Bref, supprimons la partie du millefeuille qui détruit notre pays et qui, de fait, le re-centralise à l’échelle continentale. Ce ne serait pas encore la révolution, certes, mais ce serait un coup d’arrêt à la destruction des acquis de 1945… voire à ceux de 1789-94 !
Voilà le débat très politique qui pourrait être au cœur des prochaines municipales si les citoyens veulent à cette occasion élire un maire qui soit autre chose qu’un président de fanfare municipale !