Stupéfiante Une de Télérama cette semaine : la revue « culturelle » de l’anticommunisme « de gôôôche », de l’antisoviétisme et de l’anti-castrisme impénitents titre de manière fort insolite : « Lénine assassiné » ; mais tout est dans le sous-titre qui jouxte un buste de Lénine enfoui sous la cendre noirâtre des contre-révolutions : en effet, par qui Vladimir Oulianov a-t-il été assassiné ? Vous pensez peut-être spontanément : « par Gorbatchev », l’homme qui a bradé son pays au nom de sa fumeuse « nouvelle pensée » notoirement anti-léniniste ? « Par Eltsine ? », l’un des traîtres les plus flamboyants de l’histoire, en comparaison duquel Judas fait figure de gentil repenti (du moins ce dernier est-il censé s’être pendu après sa félonie !) ? « Par la course aux armements épuisante que l’Ouest n’a cessé d’infliger à la première expérience socialiste de l’histoire » ? Vous n’y êtes pas : « Par Poutine ! », répond triomphalement Télérama, qui veut bien pour une fois défendre (en apparence !) la révolution soviétique passée pourvu que ce soit contre la Russie… actuelle !
Ouf ! on aurait presque pu croire qu’après des décennies de « journalisme culturel » entièrement tourné contre la Révolution d’Octobre, contre l’URSS, contre les communistes et les cégétistes français, contre Cuba socialiste, en un mot contre tout ce que le léninisme a séculairement apporté aux forces d’émancipation sociale, de lutte anticoloniale et d’égalité hommes/femmes, l’hebdo catho associé au « Monde » et à « la Croix » allait enfin faire sa révolution… copernicienne et rendre enfin un peu justice à la plus grande révolution prolétarienne de l’histoire. Rien de mal venu en pleine offensive thatchérienne de Macron contre l’ensemble des acquis de la Résistance antifasciste…
Que nenni ! On l’aura compris, la Une menteuse de Télérama ne « défend » Lénine que pour mieux enfoncer la Russie actuelle, cette cible par excellence de la sacro-sainte Europe germano-atlantique…
Bien entendu, Poutine est un contre-révolutionnaire revendiqué (même s’il sait habilement jouer de certains symboles soviétiques pour couvrir la restauration capitaliste) et nous, militants franchement communistes français, n’avons de cesse de soutenir contre sa nouvelle Russie blanche, le prolétariat et les Rouges de Russie trop souvent réprimés, calomniés et censurés. Mais cette fidélité « rouge » ne nous interdit nullement de combattre AUSSI la belliqueuse entreprise d’encerclement impérialiste de la Russie que mène l’OTAN, des Pays baltes à l’Afghanistan, en passant par la Pologne clérical-fascisante et par l’Ukraine désormais aux mains des néonazis de Kiev.
Bref, contrairement aux Tartuffes de Télérama, nous sommes assez léninistes pour distinguer et articuler les deux fronts, anticapitaliste et anti-impérialiste, alors que le « léninisme » très conjoncturel et jetable de Télérama consiste à feindre très provisoirement de flatter la révolution prolétarienne d’hier pour la tourner contre la résistance actuelle à l’encerclement impérialiste des « ennemis de l’Occident ». Cet encerclement dût-il très chrétiennement nous mener à une troisième – et dernière ! – guerre mondiale archi-nucléarisée !
Bref, on l’aura compris, Télérama n’a feint momentanément d’abaisser son obsession anticommuniste que pour battre un nouveau record : celui de l’hypocrisie. Si Tartuffe ressuscitait, il n’aurait pas besoin de fonder une revue « culturelle » : elle existe déjà et elle se nomme Télérama !
Un moment j’ai cru que nous étions le 1er avril … mais non me voilà rassuré. Enfin Télérama serait capable de nous donner des leçons de communisme, un jour.. c’est une manie chez les anti-communistes que de dénoncer le « faux » communisme ( entendez, le vrai, le réel) par rapport au « vrai » , pur , idéal le seul qui vaille pour les bons démocrates ( entendez, , conservateurs de l’Ordre capitaliste).
Bien en accord avec cette analyse de Télérama mais quand même ! Que ce magazine catholique en soit réduit à encenser Lénine pour le 100ème anniversaire d’Octobre voilà qui nous en dit long sur le prestige et à tout le moins sur l’estime dont jouit de nos jours la révolution socialiste en Russie et son dirigeant emblématique y compris parmi les abonnés (comme moi) de cet hebdomadaire.
Quand arrivera le grand soir nous retrouverons à nos cotés tous ces inconnus qui souvent sans le dire l’attendait !
Bien fraternellement,
Jean-Louis Caubin