Pas un réactionnaire ancien ou nouveau ne manquera à l’appel ce 21 août 2018, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’intervention du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, pour jeter l’anathème contre l’URSS vaincue, contre le monde du travail frappé dans ses rêves, contre les marxistes-léninistes tchèques menacés par les lois maccarthystes de « lustration ».
Bien entendu, la droite extrême, l’ultra-droite « républicaine », l’extrême-centre macrono-thatchérien, qui passent leur vie à soutenir les guerres impérialistes US et à fomenter des manigances néocoloniales au Sud du Sahara, seront aux avant-postes de la dénonciation rhétorique des « ingérences » soviétiques. Car l’ingérence, voyez-vous, n’est condamnable que lorsqu’elle vise à défendre les acquis socialistes. Elle est fort respectable quand elle permet de liquider Lumumba au Congo, Allende au Chili ou Sankara en Afrique, de déstabiliser la Syrie, le Venezuela ou l’Irak souverains ou d’installer à Guantanamo, contre les vœux de l’État cubain, une base US permettant d’incarcérer sans jugement et de torturer à ciel ouvert.
Bien que provisoirement affaiblie et discréditée par l’empilement criant de ses trahisons, la social-démocratie hexagonale va elle aussi sauter sur l’occasion pour tonner contre « l’Empire soviétique », elle qui n’a rien à redire au fait que notre pays asservi à l’UE-OTAN ne sache plus quoi faire pour complaire, au choix, à Trump ou à Merkel, selon les rapports de forces du moment. N’est-il pas d’ailleurs évident que la très régressive et dictatoriale UE de Maastricht et le néofascisme qui l’accompagne de Vilnius à Rome en passant par Varsovie, sont les rejetons directs de la contre-révolution qui a fait des ex-pays socialistes des réservoirs de main-d’œuvre bon marché pour le grand capital ouest-européen, notamment allemand ?
Enfin, criant plus fort que tous contre le « modèle soviétique » et injuriant ce maudit léninisme qui, dans la foulée d’Octobre 17 et de Stalingrad, porta jadis en France le congrès de Tours, puis le Front populaire, la Résistance antifasciste armée et les grandes réformes communistes de 1945, la direction du PCF dénaturé (pardon : « muté ») s’apprête derechef à montrer patte rose à la petite bourgeoisie euro-réformiste en dénigrant feu le camp socialiste poignardé dans le dos par Gorbatchev, le Dubcek russe. Comme si, pour le camp du travail et des peuples en lutte (demandons l’avis des malheureux Palestiniens !), le monde n’était pas devenu bien pire depuis que la première expérience de socialisme a été démembrée par la contre-révolution dite « de velours ». Comme si le « velours » des contre-révolutions n’était pas réservé aux classes privilégiées, car à l’intérieur du gant velouté arboré par les opportunistes travestis en « novateurs » se cache toujours la poigne d’acier des régressions sociales, des guerres impérialistes, des persécutions antisyndicales et des dérives fascisantes.
Quant aux vrais communistes, tout en considérant que l’intervention soviétique fut un révélateur de la crise bien réelle du socialisme tchèque – une crise que les droitiers du Mouvement communiste international ont sciemment aggravée* pour restaurer sans coup férir l’exploitation capitaliste – , ils poursuivront sereinement le travail d’analyse et de critique marxiste de la première expérience socialiste de l’histoire ; ils continueront de mettre en lumière le bilan catastrophiquement négatif de la DESTRUCTION du socialisme ; et tout en participant aux luttes désormais plus difficiles de la classe ouvrière, ils affineront leur proposition d’une révolution socialiste approfondissant comme jamais la démocratie socialiste et l’initiative populaire sans cesser une seule seconde de monter la garde contre les contre-révolutions.
*il n’y a aucun « complotisme » dans cette accusation de trahison. Gorbatchev et Chevarnadzé n’ont cessé de se vanter publiquement d’avoir sciemment dynamité l’URSS, tous les témoignages sont aisés à trouver sur la Toile.