A propos de la prestation de l’académicien Orsenna au 20 h de Laurent Delahousse (11 mars 2016)
Par Georges Gastaud, militant de la résistance sociale, politique et linguistique, fils de Résistant.
Bien qu’académicien de son état, M. Orsenna ne fait rien pour défendre la langue française, objet en tous domaines d’un véritable arrachage linguistique de la part de nos élites. Cela à l’avantage du tout-anglais cher au cartel patronal européen « Business Europe », à la Commission Européenne*, à l’ex-ministre des Universités Geneviève Fioraso**, aux admirateurs américano-formatés de l’OTAN*** et aux très discrets négociateurs du destructif Traité Transatlantique qui achèvera de briser ce qui reste du « produire en France » (pardon : du « made in France » et de la « french touch »).
Nous comprenons parfaitement l’attitude d’Orsenna : tout le monde n’a pas une mentalité de résistant et certains vendeurs de littérature préfèreront toujorus se mettre « in the wind » sans pour autant abandonner leurs grands airs « de gôôôche ».
Par ailleurs, le « socialiste » Orsenna, homme-lige de feu Mitterrand, a tenu à soutenir la loi El Khomri contre les centaines de milliers de jeunes étudiants et salariés qui combattent ce coup terrible contre le droit du travail. C’est son affaire, certains nantis que le peuple de gauche a jadis porté au pouvoir et qui ne risquent pas de bosser toute sa vie pour le SMIG, d’être licencié à la première incartade ou de pointer ensuite des années au chômage, ont une mentalité de collabos du capital, pardon, du parti « socialiste »…
Mais pourquoi a-t-il fallu que dans ses réponses à M. Delahousse qui l’avait interpellé sur les anglicismes, M. Orsenna n’ait même pas prononcé le mot « anglais » ? Qu’au titre des menaces pesant sur le français, l’académicien n’ait trouvé à critiquer que « le langage des SMS » (un proverbe russe dit que la souris ne connaît pas d’animal plus dangereux que le chat) ? Pourquoi faut-il que l’homme à l’habit vert ait en outre exigé implicitement, non pas l’application de l’article II de la Constitution (« la langue de la République est le français ») et de la Loi Toubon (qualifiée allusivement de « ligne Maginot » linguistique), comme on pouvait pourtant l’attendre d’un institutionnel mandaté pour défendre une langue qui est sa raison sociale et son outil de travail ? Non, M. Orsenna aura préféré minimiser les dangers pesant sur la langue commune, culpabiliser en finesse les prétendus « conservateurs » – en clair, les militants de la langue française que personne n’invitera jamais au 20 heures ! – et il n’aura pipé mot sur la politique linguistique de substitution systématique, méthodique, acharnée, du business-Globish au français dans les domaines commercial, publicitaire, scientifique, universitaire, dans la chanson, dans le cinéma « français », sans parler des « services publics » et des sociétés où l’Etat est majoritaire et où les « produits » nouveaux sont systématiquement nommés en anglais : EDF, Poste, SNCF, etc.
La langue française est certes de taille à se défendre avec l’aide de tous ceux qui l’aiment et la servent, véritables écrivains, mais aussi gens du peuple, ouvriers, étudiants, paysans, enseignants, qui militent pour sauver les acquis sociaux de notre pays dont certains défenseurs commencent enfin que la langue française est le premier service public de France.
Mais comme les acquis syndicaux, notre langue de lumière doit désormais se méfier de ses pires ennemis, qui ne sont pas seulement ceux qui l’attaquent au nom du fric et de l’ordre néolibéral euro-atlantique : qu’elle se méfie aussi ET SURTOUT de ses faux amis qui ne lui déclarent leur amour (si platonique…) devant les caméras que pour mieux la désarmer, dénigrer les maigres digues légales existant encore, et laisser libre cours en tous domaines, politique, culturel, économique, linguistique, au totalitarisme planétaire de « l’économie ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » chère aux instigateurs du destructif Traité de Maastricht.
*Ancien ministre socialiste de l’économie devenu commissaire européen, Pierre Moscovici s’est notamment illustré en adressant au gouvernement français une lettre écrite en anglais pour le sommer de déréguler le marché du travail en France. Le gouvernement n’a protesté ni contre l’ingérence ni contre l’humiliation infligée à notre langue. En revanche, M. Valls a d’excellents traducteurs à sa disposition si l’on en juge par la teneur du projet El Khomri.
**Sans souci pour la loi Toubon et l’article II de la Constitution, G. Fioraso s’est illustrée en autorisant l’anglais comme langue universitaire et en fermant les yeux sur les innombrables débordements auxquels les « garde-fou » de sa loi ont donné lieu de la part des angliciseurs à tout-va.
***désormais des prises d’armes de l’armée française se font en anglais sans que cela semble outre mesure irriter certains officiers. Quand va-t-on remplacer le refrain révolutionnaire de la Marseillaise par le « God save the Queen » ?