Les deux qualifiés du second tour font de la « triangulation » : Macron, le chouchou de la Bourse et de Merkel, le champion de l’ubérisation du travail, de l’OTAN et de ses guerres impérialistes, se découvre soudain « patriote » et « protecteur » des petites gens. Symétriquement, Mme Le Pen, vient tout juste de déclarer sur TF 1 : « Je ne suis pas une adversaire de l’Europe, je me sens européenne. Je voudrais qu’il y ait des accords entre les nations librement consentis, c’est cette Europe-là que je veux voir émerger et je souhaite que la France soit à l’origine de ce beau projet, de cette belle initiative ».
FN : vers la sortie de la « sortie de l’euro » ?
Il ne s’agit pas que de tactique électorale. Les journalistes bénévoles d’Initiative communiste n’ont cessé de montrer, citations à l’appui, que le FN n’a JAMAIS sérieusement voulu sortir de l’euro et de l’UE, que son projet véritable a toujours été « la sortie concertée de l’euro » avec les 27 pays de l’UE, Allemagne en tête : autrement dit, du vent, car Berlin ne renoncera jamais à l’énorme avantage commercial européen et mondial que lui confère l’euro, calé depuis le début sur le deutsche Mark, aux dépens de l’Europe du sud, de l’Europe de l’Est, de la France, voire des Etats-Unis (d’où le différend entre Trump et Merkel). Une France dont la politique du « franc fort » (Delors, Bérégovoy), le Traité de Maastricht (privatisation, critères de convergence), puis l’institution de l’euro et de la BCE, ont plombé les exportations agricoles et industrielles. I.C. a également toujours expliqué que le vrai but de MLP (et ce serait encore plus vrai si elle devenait chef de l’Etat), serait d’utiliser sa pseudo-« sortie de l’UE » comme une monnaie d’échange (c’est le cas de le dire) POLITIQUE avec les LR pour former avec eux une majorité parlementaire ultraréactionnaire recentrée, non pas sur une « France indépendante », mais sur le très fascisant slogan « la France en ordre ! » : ce qui signifie que l’Etat français resterait sagement dans l’UE et l’euro (après quelques « négos » spectacle destinée à amuser l’électorat frontiste), mais tordant le bras aux syndicats, aux forces progressistes et aux quartiers populaires pour faire passer les revendications du MEDEF. En réalité, et I.C. fut le seul journal à le dire dès que fut connu le résultat du référendum anglais, le FN n’était pas alors objectivement dans le camp du « Brexit », mais dans celui du perdant D. Cameron, qui espérait, au prix de quelques dérogations xénophobes aux traités européens comme celles que négocierait Le Pen à la marge, que le peuple anglais validerait le « nouveau traité ». Après quoi la matraque pourrait tomber tout à loisir sur les « rouges » et sur les travailleurs immigrés pendant que se gaveraient la réaction et le grand patronat !
Une évidence : le « Frexit » sera progressiste ou ne sera pas du tout !
Car en France, l’oligarchie ne peut pas compter, comme c’est le cas de la City, sur l’appui privilégié implicite des USA pour faire face à Berlin. Si bien qu’en France, un véritable Frexit ne peut PAS venir principalement de forces issues de la droite bourgeoise. Le score insignifiant obtenu par M. Asselineau (moins que J. Lassalle !) le montre, ainsi que le semi-souverainisme d’un Dupont-Aignan ou le NON-souverainisme avéré du FN en quête d’euro-respectabilité. Comme le fascisant Orban en Hongrie ou comme l’ultra-clérical Kaczynski en Pologne, le « nationalisme » et l’ « euroscepticisme » bourgeois ne peuvent viser qu’une Europe blanche, pseudo-chrétienne, impériale, dominée si possible par l’impérialisme français (pure utopie dans les rapports de forces économiques actuels) ou à défaut, par l’impérialisme allemand que les fondateurs du FN ont toujours admiré, quand ils ne l’ont pas servi sous uniforme teutonique. Un Frexit conséquent ne peut donc être que progressiste, ouvrier, populaire, antifasciste, patriote au sens de 1793 ou au sens des maquis FTP, parce que TOUT le Gotha capitaliste « français », TOUT le MEDEF, TOUS les PDG du CAC-40, sont à fond pour l’euro et la « construction européenne » ; si bien que la classe capitaliste se reconnaît bien plus en Fillon ou en Macron que dans la copie bleu marine délavée du drapeau européen que veut leur vendre la très patronale et très pro-capitaliste MLP. Seule la classe ouvrière de France, qui a massivement voté non à l’euro-constitution en 2005, peut piloter une rupture conséquente avec l’UE, s’accompagnant de nationalisations démocratiques, d’élargissement des libertés syndicales, de solidarité ouvrière internationale et de coopération multi-continentale. Car un Frexit progressiste provoquerait d’intenses affrontements avec ce grand capital « français » dont la « construction » euro-atlantique vise à infliger un recul historique à cette France populaire qui de 1793 à 1968, en passant par la Commune, par 1936 et par les conquis de 45, a inscrit dans notre paysage institutionnel cette « exception française » que Fillon et Macron vouent aux gémonies. C’est pourquoi, contre les trotskistes qui rêvent niaisement d’ « Etats-Unis socialistes d’Europe » et qui clament l’inoffensif slogan « le socialisme tout de suite et partout sinon rien ! », mais aussi contre le pseudo-« souverainisme » de droite qui propose au mieux un Frexit incolore, sans finalité anticapitaliste, antifasciste et anti-impérialiste (1), les vrais communistes associent le Frexit à la lutte pour le socialisme, ils lient la construction d’un large front antimonopoliste anti-UE à la renaissance du vrai parti communiste, ils portent l’alliance hautement symbolique du drapeau rouge au drapeau tricolore. Ce drapeau rouge que, malgré les mérites que lui valent sa campagne dynamique et son score élevé, Mélenchon a eu grand tort d’exclure de ses meetings, car seule l’alliance de la classe ouvrière et de la nation, fondée sur un franc rejet populaire de l’UE, lui eût permis, non pas de piper quelques ultimes voix à Hamon, mais de virer MLP du second tour en fixant des millions de suffrages ouvriers légitimement attachés au produire en France.
Lecteurs de ce billet, faites toute la lumière autour de vous : non seulement Macron n’est, « ni de gauche… ni de gauche », mais il est « en même temps » à droite… et à droite ! Quand à MLP, arrachons-lui le beau nom de patriote par lequel se désignaient jadis les révolutionnaires qui vainquirent l’Europe des privilégiés de Valmy à Fleurus en passant par Jemmapes… et la prise des Tuileries !
Frexit progressiste, France Franchement Insoumise (FFI !) à l’UE/OTAN, reconstruction du vrai parti communiste : ça marche ensemble !
Frexit progressiste et socialisme, reconstruction du parti et construction d’un « FRAPPE » (front de résistance antifasciste, patriotique, populaire et écologique), « quatre sorties » (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme) prises dans une seule dynamique révolutionnaire d’affrontement avec le capital, alliance de la Marseillaise et de l’Internationale, coopération entre peuples de tous les continents redevenants souverains, offensive sociale « tous ensemble et en même temps » des travailleurs français et immigrés, Europe des luttes, front international contre les guerres impérialistes, action fraternelle aux côtés des « insoumis » et des militants encore communistes du PCF et des JC, dialogue civique avec tous les Français antifascistes et présence privilégiée à l’entrée des usines, le PRCF s’efforce de tenir « tous les bouts de la chaîne », comme le faisait le PCF franchement communiste de Duclos et Croizat. Camarades qui voulez construire et que dégoûte l’attitude d’un P. Laurent qui rabat sur Macron tout en renvoyant dos à dos Trump et les pays qu’il agresse, rejoignez maintenant le PRCF !
Pour finir, nous suggérons à M. Juncker de décerner le Prix Charlemagne des Communautés européennes à Mme Le Pen pour ses déclarations euro-constructives. Et pour ne pas faire de jaloux au FN, décernez donc dans la foulée un Prix Barbarossa à son attendrissant papa !
