par Floréal
Jusqu’ici, quand un million de personnes manifestait à Paris pour défendre les retraites, notre libre presse et nos médias hyper-démocratiques déclaraient le lendemain « mobilisation en demi-teinte »… C’est fini, désormais, de TF1 à France Inter et de Libé au Figaro, on nous explique que 50 000 personnes à Kiev, encadrées par des paramilitaires, arborant les drapeaux européens et chantant des chants nazis, cela représente l’ « espoir de tout un peuple ». Bon à rappeler en temps utiles quand nous tenterons ici de manifester sur les Champs-Elysées, interdits depuis toujours aux manifs de prolos (faut pas rire, quand même !)…
Jusqu’ici, quand vous étiez chargés par les CRS à l’issue d’une manif de défense de l’emploi ou de la Sécu, ou quand vous affrontiez les flics dans les rues de Nantes parce que vous contestez l’Ayrault-port, vous étiez de la graine d’émeutier pratiquant la « violence urbaine ». C’est fini. Désormais, pourvu que votre but soit de frapper des communistes ou de réclamer – en anglais comme il se doit – « plus d’Europe ! », vous aurez le droit d’occuper des préfectures, de tirer sur les policiers, de renverser le gouvernement légal, d’incendier le mobilier urbain, d’abattre les statues qui vous déplaisent, d’interdire les partis que vous désapprouvez (en Ukraine, les « démocrates européens » ont interdit le PC ukrainien et le « parti des régions »). Si vous procédez ainsi, non seulement vous serez encensés par nos médias rose pâle et bleu-marial, mais vous recevrez la visite de Kerry, le soutien enthousiaste de Fabius, les déclarations urbi et orbi de BHL, l’homme qui à lui seul (ou presque…) a semé le chaos en Libye et en Afrique occidentale ; et tous ces hérauts de la Liberté trouveront tout naturel que vous disposiez de kalachs et que vous pilliez des dépôts d’armes puisque vous agissez « pour l’Europe » et pour l’ « Union transatlantique ». « Lebensraum », disait quelqu’un dans les années 30, « besoin d’aire » répond en écho le MEDEF, « élargissement de l’UE », pense en sourdine la Commission de Bruxelles… Car, voyez-vous, quand le sang coule pour l’U.E. atlantique, que ce soit à Belgrade, à Tbilissi ou à Kiev, demain à Minsk, cela s’appelle la PAIX.
Les militants franchement communistes que nous sommes appelleront-ils pour autant à l’insurrection populaire immédiate en France contre cette « construction » européenne qui tue notre pays à petit feu avec la Kollaboration zélée du Parti Maastrichtien Unique ? Certes non ! car nous irions aussitôt en taule : l’appel à l’insurrection est en effet interdit par notre belle loi « républicaine » qui a oublié l’article 35 de la Constitution française de l’An I, inspirée par le « tyran » Robespierre : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Pour nos médias, cette phrase ne vaut que si on peut s’y référer pour faire tomber le Venezuela bolivarien, renforcer la tenaille militaro-politique contre la Russie, créer des troubles à Cuba, déstabiliser la Syrie, diviser la Bolivie et, prochainement sans doute, s’attaquer à la Biélorussie : qu’importent alors les « formes » démocratiques, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, que diable !
En réalité, s’agissant de la Franceurope, vous l’aurez compris, il faut inverser la phrase de Robespierre et la réécrire ainsi :
« quand le peuple conteste le gouvernement, la censure la plus totale et la répression la plus brutale sont, pour les eurogouvernants, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »…