Dans les grandes boîtes privées, et de plus en plus dans les services publics strangulés par le « new management » et l’austérité, il n’y a plus désormais qu’un mot d’ordre : « obligation de résultats ! ». Tant pis si l’on ne donne pas aux salariés dits « d’exécution » et aux cadres les moyens de mener à bien leurs missions ; tant pis si les salaires sont de plus en plus minables, tant pis si l’ambiance de travail et de vie devient déplorable à l’atelier ou au bureau, comme le montrent tous les sondages. L’essentiel n’est-il pas que le salarié français – pas forcément pour son honneur de classe puisque cela signifié qu’il fait partie des plus faciles à exploiter ! – soit un des plus productifs du monde : qu’en clair, il produise un max de plus-value pour « ses » bien-aimés capitalistes…
Bizarrement, cette obligation de résultats cesse dès qu’il s’agit des pontes richissimes et toujours plus « gavés » du MEDEF. Certes, le grand patronat « français » estfort habile quand il s’agit de casser les droits sociaux, de récupérer des subventions publiques, de « feinter » ses cotisations sociales avec l’appui complaisant des gouvernements maastrichtiens successifs (tel est par ex. le « Pacte de responsabilité » qui aboutit actuellement à la casse des allocations familiales sans permettre de gagner un emploi) ; saluons aussi les brillants résultats de la fraude fiscale qui voit tant de milliardaires « français » planquer, plus habilement que le premier Cahuzac venu, près de 420 milliards d’euros dans les paradis fiscaux. Il serait également très injuste de ne pas féliciter le patronat des sociétés autoroutières, ou celui de Suez, pour la manière dont ils saignent à blanc les automobilistes ou les usagers du gaz depuis que l’Etat UMP a privatisé les autoroutes et Gaz de France avec la bénédiction du PS.
En revanche, si l’on parle des résultats en termes d’emploi en France, de développement industriel, de pouvoir d’achat des salariés, c’est la Bérézina : cinq millions de chômeurs réels, neuf millions de pauvres, précarité galopante, décrochage de la France sur plusieurs fronts technologiques, recul de la France, de sa culture et de sa langue dans le monde et dans l’Hexagone lui-même… JOLIS RESULTATS EN EFFET, M. Gattaz, si l’on se place naïvement du point de vue des travailleurs et de l’intérêt national !
Mais bien sûr, ce n’est pas ainsi que nos « élites » jugent des « résultats »: du point de vue réel qui intéresse ces messieurs de la banque et du grand patronat, ça « performe » tous azimuts : alors oui, saluons les dividendes des actions qui s’envolent, sans oublier les résultats d’obligations qui « percutent » également. Or, n’est-ce pas là la seule « obligation de résultats » qui compte vraiment aux yeux de ces très coûteux ASSISTES DE LA NATION que sont les grands PDG et autres actionnaires du CAC-40 ?
FLOREAL