Antoine Manessis
Tempête dans un verre d’eau.
Déclarations provocatrices de l’un, cris outragés de l’autre.
Bref un incident médiatico-insignifiant. Alors pourquoi en parler ?
Parce que les faits divers sont toujours porteurs d’une dimension qui dépasse les faits qui les constituent.
Ici nous avons à notre « gauche » un écrivain qui déclare que les policiers « chient dans leur froc »et n’ont « pas les couilles d’aller dans des endroits dangereux », à notre droite Gérard Collomb, qui certes n’a pas découvert l’ Amérique mais qui est ministre de l’intérieur démissionnaire qui déclare « Grossier sur la forme, indécent sur le fond: M. Moix a, à nouveau, tenu des propos intolérables à l’encontre de nos policiers. Je les condamne sans réserve et réaffirme mon soutien à nos forces de l’ordre dont je veux rappeler l’action exemplaire, partout sur le territoire. »
D’un côté le bourgeois de « gauche » qui prétend que les flics ont peur. De qui ? Pas des grévistes de la SNCF matraqués et réprimés par les flics parce qu’ils veulent sauver le service public . Pas des étudiants matraqués et réprimés par les flics parce qu’ils veulent un université populaire et non privatisée. Pas des misérables de plus en plus nombreux dans nos villes chassés d’une rue à l’autre par les flics. Pas des jeunes des quartiers populaires, basanés de surcroit, 1000 fois plus contrôlés que les jeunes du 16e.
Si les flics ont peur des truands armés de fusils d’assaut, alors on ne peut que louer leur bon sens.
D’un autre côté le ministre poli sur la forme mais indécent sur le fond. Car cet homme dirige une police utilisée pour réprimer, frapper, provoquer, mépriser les pauvres. Les travailleurs exploités qui luttent. Les jeunes qui galèrent et se battent. Votre police Monsieur Collomb est dangereuse pour la paix civile et la démocratie. Nous savons que les policiers républicains existent et nous les espérons nombreux. Mais on ne les voit pas trop. On voit Benalla (c’est vrai Collomb, qui n’est pas un menteur, ne le connait pas) cogner sur deux jeunes entourés par 10 flics immobiles. Immobilité complice.
Voilà donc la leçon de ce fait divers médiatique : ni Moix, ni Collomb. Ni outrances imbéciles et contre-productives, ni bénédictions des casseurs de têtes de l’ État bourgeois et de patrons. Mais combat de masse et de classe pour une France démocratique, une République sociale. Et alors seulement, une police du peuple.