(Actualité de la brochure de Lénine Un pas en avant, deux pas en arrière, mai 1904).
À propos d’un important texte de Lénine– Par Georges Gastaud, auteur du Nouveau défi lénininiste (Delga 2017)
C’est en mai 1904 que Lénine publia à l’étranger une étude à la fois polémique et analytique intitulée Un pas en avant, deux pas en arrière. Dans cet écrit, le chef de file des bolcheviks (majoritaires en russe) polémique contre les minoritaires (mencheviks) du Parti ouvrier social-démocrate russe, notamment contre Martov et Axelrod, à propos de questions décisives de stratégie et d’organisation.
les marxistes-léninistes qui veulent reconstruire en France un parti communiste de combat doivent combattre à nouveau de nos jours les vieilleries petite-bourgeoises, opportunistes et thermidoriennes du menchevisme…
Cette empoignade entre bolcheviks et mencheviks à propos du mode d’organisation du Parti n’est pas seulement de nature historique : car les marxistes-léninistes qui veulent reconstruire en France un parti communiste de combat doivent combattre à nouveau de nos jours les vieilleries petite-bourgeoises, opportunistes et thermidoriennes du menchevisme, des vieilleries qui ont refait surface à la faveur du triomphe provisoire de la contre-révolution antisoviétique en se parant des atours de la « modernité » ; à une époque où le « mouvementisme », de l’ « autonomisme » et de l’ « horizontalisme » sont très « tendance », alors que depuis des décennies la « mutation » social-démocrate du PCF dénigre démagogiquement les concepts d’avant-garde, de direction politique et de discipline communiste, il est vital pour la renaissance communiste de rappeler et de déployer concrètement les conceptions prolétariennes et léninistes en matière d’organisation : des conceptions qui conduisirent à la victoire les révolutions socialistes du 20ème siècle (URSS, Chine, Vietnam, Cuba…), et dont le reniement par les Gorbatchev, Hue, Carrillo, D’Alema et Cie n’est pas pour rien dans le recul provisoire du mouvement communiste français et international.
il y a continuité directe entre la stratégie opportuniste et « révisionniste » du menchevisme […] et la conception menchévique de l’organisation : sous couvert de « liberté de critique », d’ « ouverture », de « spontanéité », d’ « autonomie » et de « libre initiative » des adhérents, le menchevisme fait du Parti ouvrier un conglomérat « décentralisé », en réalité informe…
L’un des mérites de la brochure Un pas en avant, deux pas en arrière, qui fait suite au célèbre Que faire ? de 1902, est notamment de prouver (1) qu’il y a continuité directe entre la stratégie opportuniste et « révisionniste » du menchevisme (qui abandonne à la bourgeoisie libérale russe le rôle dirigeant dans l’opposition au tsar) et la conception menchévique de l’organisation : sous couvert de « liberté de critique », d’ « ouverture », de « spontanéité », d’ « autonomie » et de « libre initiative » des adhérents, le menchevisme fait du Parti ouvrier un conglomérat « décentralisé », en réalité informe, dans lequel la direction élue ne dirige rien, où les éléments petit-bourgeois s’exemptent de tout contrôle et où tous les organes centraux, voire locaux du parti, s’exonèrent du contrôle que le Comité central – émanation du congrès du Parti – se doit d’exercer sur l’ensemble des activités militantes sur la base et dans le cadre des orientations arrêtées démocratiquement.
les menchéviks […] se déchaînent, contre l’ ‘idée bureaucratique’ (et en réalité prolétarienne) de l’édification du Parti de haut en bas, en partant du congrès du parti et des organismes créés par lui » ; ce qui, à l’abri de phrases creuses sur la « liberté de penser », l’ « esprit critique » et l’ « autonomie » étouffées par la « bureaucratie » (en réalité, par la direction démocratiquement élue du parti), exalte surtout, dit Lénine, une « mentalité d’intellectuel bourgeois prêt à ne reconnaître que platoniquement les rapports d’organisation »….
En particulier, les menchéviks soutiennent une conception de l’organisation qui, écrit Lénine, conduit à une « organisation du Parti déliquescente et manquant de cohésion » ; en parfaits petit-bourgeois individualistes, ils se déchaînent, contre l’ ‘idée bureaucratique’ (et en réalité prolétarienne) de l’édification du Parti de haut en bas, en partant du congrès du parti et des organismes créés par lui » ; ce qui, à l’abri de phrases creuses sur la « liberté de penser », l’ « esprit critique » et l’ « autonomie » étouffées par la « bureaucratie » (en réalité, par la direction démocratiquement élue du parti), exalte surtout, dit Lénine, une « mentalité d’intellectuel bourgeois prêt à ne reconnaître que platoniquement les rapports d’organisation ». Ce qui permet au final de désarmer et de paralyser le parti ouvrier en cultivant dans sa direction, écrit encore Lénine, une « subtilité d’esprit opportuniste », « les phrases anarchistes » et au final, la « tendance à l’autonomie contre le centralisme » (2) .
Il existe en effet un lien évident – mais qu’en général les théoriciens mencheviks tentent de dissimuler en feignant d’être « seulement » en désaccord sur l’organisation – entre, d’une part, leur culte anarchiste de la désorganisation, leur exaltation démagogique de l’ « autonomie » des organes centraux […] par rapport au CC , et d’autre part l’idée menchévique que le parti ne doit pas « trop » faire de théorie, qu’il doit se rabattre sur la « lutte économique » et sociale […], que les conditions d’adhésion au Parti doivent rester floues et laxistes, que pour finir, le rôle du parti ouvrier est de seconder telle ou telle fraction de la bourgeoisie…
Il existe en effet un lien évident – mais qu’en général les théoriciens mencheviks tentent de dissimuler en feignant d’être « seulement » en désaccord sur l’organisation – entre, d’une part, leur culte anarchiste de la désorganisation, leur exaltation démagogique de l’ « autonomie » des organes centraux (notamment des journaux communistes) par rapport au CC (3) , et d’autre part l’idée menchévique que le parti ne doit pas « trop » faire de théorie, qu’il doit se rabattre sur la « lutte économique » et sociale (= se rabattre sur les luttes syndicales, ce que Lénine appelle l’ « économisme »), que les conditions d’adhésion au Parti doivent rester floues et laxistes, que pour finir, le rôle du parti ouvrier est de seconder telle ou telle fraction de la bourgeoisie (au lieu de conquérir le rôle dirigeant de la classe ouvrière au sein de vastes alliances populaires).
il existe une contre-cohérence révolutionnaire entre l’idée bolchévique que « le parti s’édifie de haut en bas » […], en clair, le centralisme démocratique, et l’idée que le parti doit devenir l’outil du combat décisif, « l’état-major de la classe ouvrière »…
De même qu’il existe une contre-cohérence révolutionnaire entre l’idée bolchévique que « le parti s’édifie de haut en bas » (à partir d’une analyse révolutionnaire fusionnant avec l’organisation révolutionnaire, du primat du congrès et, entre deux congrès, du CC émanant du congrès), en clair, le centralisme démocratique, et l’idée que le parti doit devenir l’outil du combat décisif, « l’état-major de la classe ouvrière », donc une structure à la fois démocratique ET très disciplinée où le point de vue des « intellectuels bourgeois » n’est pas privilégié, où le combat de classe prime sur les discutailleries sans fin, où le mouvement spontané des masses est sans cesse nourri et transcendé par l’intervention politiquement instruite de l’avant-garde communiste ; laquelle à l’inverse, étant principalement tournée vers la classe travailleuse, se nourrit sans cesse de l’intervention populaire pour détecter à temps, signaler, promouvoir et généraliser les innovations sociopolitiques issues du mouvement populaire, Commune de Paris en France, Soviets en Russie, Conseils de fabrique italiens, etc. Bref, il faut réfuter la métaphysique stérile du menchevisme qui oppose l’organisation solide du parti à la « spontanéité » des masses, le centralisme à la démocratie, l’autonomie légitime des organisations locales (dans le cadre de la ligne politique fixée nationalement) au droit et au devoir des directions communistes de diriger fermement le parti pour qu’à chaque tournant du combat de classes, émergent des mots d’ordre politiques de nature à élever l’activité des travailleurs (y compris leurs initiatives spontanées (4) ). C’est encore dans cet esprit de discipline et de démocratie prolétariennes, que Un pas en avant, deux pas en arrière dénonce avec force ironie l’ « anarchisme de grand seigneur » des mencheviks qui ne voient dans l’application rigoureuse du centralisme démocratique que du « jacobinisme », du « robespierrisme », qu’une forme d’ « asservissement » des individus dépouillés de leur « esprit critique » et de leur « initiative » par la désagréable « soumission (collectiviste !) de la partie au tout » et de la minorité à la majorité. Raillant l’intellectuel menchevik en rébellion contre la « dictature interne » du parti, Lénine (5) écrit ironiquement :
« la division du travail sous la direction d’un organisme central lui fait pousser des clameurs tragi-comiques contre la transformation des hommes en ‘rouages et ressorts’ (et il voit une forme particulièrement intolérable de cette transformation dans la transformation des rédacteurs en collaborateurs) ; le seul rappel des statuts d’organisation du Parti provoque chez lui une grimace de mépris et la remarque dédaigneuse (à l’adresse des ‘formalistes’) que l’on pourrait se passer entièrement de statuts » (p. 412).
le menchevisme « érige en principe d’organisation la débandade »…
Lénine
Et V.I. Oulianov d’ajouter que le menchevisme « érige en principe d’organisation la débandade », que le centralisme démocratique est en fait un moyen démocratique pour les adhérents, tant par rapport aux parlementaires, aux journalistes du parti et à l’organe central, aux « personnalités » du parti, de…
« … distinguer entre la psychologie du combattant de l’armée prolétarienne et celle de l’intellectuel bourgeois qui fait parade de la phrase anarchiste : (l’ouvrier révolutionnaire) doit apprendre à exiger l’exécution des obligations incombant aux membres du parti, non seulement des simples adhérents, mais aussi des ‘gens d’en haut’ ».
Et Lénine, retrouvant en effet les accents du jacobinisme français et de Robespierre fustigeant la Gironde bourgeoise (c’est-à-dire l’aile droite de la Révolution française), stigmatise fortement la déviation fédéraliste – comme on dirait de nos jours – des dirigeants mencheviques en matière de (dés-)organisation :
« Le girondinisme et l’anarchisme de grand seigneur se rattachent étroitement à un dernier trait caractéristique de la position de la nouvelle ISKRA (menchevique : NDLR, contrairement à l’Iskra léniniste initiale) dans les questions d’organisation : c’est la défense de l’autonomisme contre le centralisme » (p. 413/4).
Et Lénine d’illustrer concrètement son propos sur l’ « autonomisme » en déclarant :
« C’est l’autonomisme (sinon l’anarchisme) que Martov et Axelrod défendaient au congrès de la Ligue, quand, avec un zèle qui le laissait pas d’être plaisant, ils cherchaient à démontrer que la partie ne doit pas être soumise au tout ; qu’elle est autonome dans la détermination de ses rapports avec le tout (…) ; c’est l’autonomisme que Martov préconise aujourd’hui ouvertement dans les colonnes de la Nouvelle Iskra (n°60) à propos de la nomination par le comité central de membres dans les comités locaux. Je ne parlerai point des sophismes puérils au moyen desquels le camarade Martov a défendu l’autonomisme au congrès de la Ligue et le défend aujourd’hui dans la nouvelle Iskra. Mais je tiens à noter ici cette tendance indéniables à défendre l’autonomisme contre le centralisme est un trait caractéristique de l’opportunisme dans les questions d’organisation » (p. 415).
Et le très « dictatorial » Lénine d’enfoncer le clou prolétarien, en réalité mille fois plus démocratique du point de vue du prolétariat que l’antienne petite-bourgeoise sur l’ « autonomie » en expliquant ceci (qu’on excuse la longueur de la citation, mais elle est indispensable surtout de nos jours) :
« Le bureaucratisme versus le démocratisme, c’est bien le centralisme versus l’autonomisme ; c’est le principe d’organisation de la social-démocratie révolutionnaire par rapport au principe d’organisation des opportunistes de la social-démocratie. Ce dernier tend à s’élever de la base au sommet, et c’est pourquoi il défend partout où il est possible l’autonomisme, le « démocratisme » qui va (chez ceux qui font du zèle à l’excès) jusqu’à l’anarchisme. Le premier tend à émaner du sommet, préconisant l’extension des droits et des pleins pouvoirs de l’organisme central par rapport à la partie (…). A l’époque du rétablissement de l’unité véritable du Parti et de la dissolution, dans cette unité, des cercles qui ont fait leur temps, ce sommet est nécessairement le congrès du Parti, organisme suprême de ce dernier » (p. 415/6).
Et Lénine de signaler que dans tout le mouvement ouvrier de l’époque, déjà, les tendances révisionnistes et réformistes qui se groupaient derrière Bernstein (« le mouvement est tout, le but final n’est rien ») se plaignaient déjà des « centralistes », des « despotes », des « dictateurs jacobins » qui, dans les partis ouvriers voulaient en effet, remettre les intellectuels révisionnistes sur les rails des règles communes.
« la majorité prime sur la minorité »
Lénine
Lénine rappelait en effet le principe démocratique élémentaire selon lequel « la majorité prime sur la minorité » puisque pour tout ouvrier, et plus généralement, pour tout homme modeste, un homme vaut une voix ; si bien que les criailleries mencheviques sur la « discipline qui tue », les « excommunications », le « règne autocratique des chefs du parti », la « soumission servile », l’ « obéissance aveugle » (qui en réalité injurie les membres de base disciplinés du parti), le refus de l’ « originalité personnelle » (6) , ne mènent en fait qu’à l’incapacité du parti d’arrêter une ligne ferme et de s’y tenir en tout, et sur cette base solide, de conforter la confiance que les masses peuvent lui accorder s’il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Est en réalité démocratique…
« … l’idée de la construction du parti du sommet à la base, du congrès du parti aux diverses organisations du parti » (p. 424),
… de la même façon qu’était et que reste mille fois plus démocratique, même sous sa forme bourgeoise, la « République une et indivisible » chère aux Sans Culottes et aux Jacobins de l’An II, que le fédéralisme girondin qui voulait hier donner le pouvoir aux notables provinciaux ou que l’Europe fédérale des Länder à l’allemande qui détruirait de nos jours l’ensemble des conquêtes sociales, laïques et démocratiques construites par le peuple français au fil de plusieurs siècles de luttes.
les courants opportunistes et les courants gauchistes ne sont que les deux faces du même refus de l’hégémonie du prolétariat dans la société voire au sein même de son propre parti…
Pour finir, Lénine accable de son ironie mordante, si déplaisante aux partisans de l’ « autonomisme », la manière dont à l’occasion de ces luttes internes entre le courant bolchevik et le courant petit-bourgeois menchevik, vont plus d’une fois permettre la formation de « blocs pourris » anti-bolchéviks entre courants droitiers réformistes et courants gauchistes (avant la guerre impérialiste de 1914, le gauchisant Trotski aura toujours été un compagnon de route des mencheviks), « tous les offensés, oublieux des comptes qu’ils avaient à régler entre eux » se jetant « en sanglotant dans les bras les uns des autres » et levant ensemble, par pur opportunisme, « le drapeau de l’insurrection contre le léninisme » (l’expression est de Martov). Tant en réalité, les courants opportunistes et les courants gauchistes ne sont que les deux faces du même refus de l’hégémonie du prolétariat dans la société voire au sein même de son propre parti.
l’« autonomie » opposée au « centralisme », […] l’ « horizontalité » faisant face à l’odieux « verticalisme » léniniste […] donc la domination de la partie sur le tout et le primat du « cher moi » individuel sur la collectivité « totalitaire ». Toute la « mutation » qui a détruit le PCF est sortie de cette immense dérive liquidatrice, à la fois organisationnelle, idéologique et stratégique …
Toutes les personnes d’un certain âge qui auront lu mon texte jusqu’ici n’auront pas manqué de sourire à plusieurs reprises tant les propos poussiéreux des mencheviks sur l’« autonomie » opposée au « centralisme », sur l’ « horizontalité » faisant face à l’odieux « verticalisme » léniniste ; par exemple, ils n’auront pas manqué de penser à ce que Robert Hue (la carpette politique du PS maastrichtien, le fidèle relais au sein du PCF du gouvernement euro-privatiseur de Jospin-Gayssot !) appelait la « souveraineté de l’adhérent », donc la domination de la partie sur le tout et le primat du « cher moi » individuel sur la collectivité « totalitaire ». Toute la « mutation » qui a détruit le PCF est sortie de cette immense dérive liquidatrice, à la fois organisationnelle, idéologique et stratégique qui, en Italie, s’appelait « mutazione genética », en Russie « perestroïka », et en ex-RDA « die Kurve » (le tournant). Et partout l’on a vu à quel point ladite mutation avait « amélioré » la démocratie interne dans le PCF et la fameuse « souveraineté des cellules de base » que promettait – hélas ! – G. Marchais quand il annonçait « démocratiquement », depuis New-York ( !), l’abandon par le PCF du centralisme démocratique : depuis lors, les cellules du PCF sont devenues si « souveraines » qu’elles ont été liquidées, cellules d’entreprise en tête, ces cellules par lesquelles était garanti le lien organique du parti avec le syndicalisme de classe. Belle avancée « démocratique » en effet pour les ouvriers et les employés, qui avaient un besoin vital de leur parti de classe, pendant qu’à l’inverse, les petit-bourgeois antisoviétiques « en vue » comme Garaudy, Juquin, Elleinstein, Martelli, etc. gagnaient de plus en plus en « autonomie », que la « commission économique » du PCF devenait un Etat dans l’Etat et imposait sa ligne ouvertement antimarxiste, que les « grands élus » du PCF cessaient pour maint d’entre eux, de reverser leurs émoluments au parti et qu’ils traitaient directement de leur réélection avec le PS maastrichtien (7) , et que le simple adhérents consulté à tort et à travers sur internet devenait en réalité un simple cotisant apprenant à la télévision qu’invariablement, le PCF appelait à voter au second tour, sans débat interne, pour le candidat du PS voire pour le sieur Macron… Ne parlons pas de l’Huma, que son « émancipation » du Parti devait ouvrir à tout l’électorat de gauche et qui, découplée du parti et de ses militants, est sur le point de disparaître !
nous PRCF qui voulons reconstituer un vrai parti communiste, […] n’aurions que faire d’un pseudo-parti prolétarien qui serait constitué de bric et de broc, tirant à hue et à dia (surtout à hue d’ailleurs !), d’une auberge espagnole juxtaposant des tendances, des courants, des écuries, des « autonomies » et des comités Théodule, s’interrogeant gravement sur le « maintien de la forme-parti ».
Et l’on voit par ailleurs à la France insoumise, qui se veut « mouvement horizontal » et « participatif », où le centralisme démocratique et la « forme-parti » à l’ancienne sont « ringardisés » et tournés en dérision, où « LE MEDIA » est censé être totalement « indépendant du mouvement » (et va de crise en crise…), combien ce mouvement prometteur s’est déjà divisée (c’est un constat) avec les crises à rebondissement du MEDIA, avec l’exclusion sans aucune autre forme de procès que l’excommunication majeure par le principal dirigeant, de personnalités dont je ne jugerai pas ici de l’évolution, mais dont le tort principal était de résister à la pente euro-constructive de ce mouvement qui, ce faisant, s’éloigne de la classe ouvrière pour privilégier les catégories plus aisées des grandes métropoles… ET de tout cela, nous ne faisons pas forcément le reproche à LFI vu que jamais ses dirigeants n’ont menti en se présentant comme des révolutionnaires communistes et que, toujours, ils se sont réclamés d’une forme de « réformisme fort » (pour parler comme les politologues). Que LFI s’organise comme elle l’entend, c’est celle des militants insoumis et pour notre part, nous continuerons de dialoguer sympathiquement – s’ils y consentent – avec ces militants progressistes. Mais nous PRCF qui voulons reconstituer un vrai parti communiste, un parti communiste de combat, nous qui voulons par ce moyen rendre à la classe laborieuse son rôle central dans la vie de la nation, nous qui avons soutenu dès la première heure le mouvement spontané, horizontal, clairement « antibureaucratique » et anti-« appareils » des Gilets jaunes, nous n’aurions que faire d’un pseudo-parti prolétarien qui serait constitué de bric et de broc, tirant à hue et à dia (surtout à hue d’ailleurs !), d’une auberge espagnole juxtaposant des tendances, des courants, des écuries, des « autonomies » et des comités Théodule, s’interrogeant gravement sur le « maintien de la forme-parti ».
ce qui fait défaut dans ce pays, ce n’est pas une énième salon petit-bourgeois où l’on élucubre à perte de vue, c’est un parti d’avant-garde dialoguant avec toute la classe travailleuse en lutte, […]Bref, un parti permettant à la classe ouvrière et au monde du travail, […] de rompre avec la servitude idéologique et politique que signifie l’euro-réformisme, pour redevenir politiquement indépendante, active et conquérante…
Car ce qui fait défaut dans ce pays, ce n’est pas une énième salon petit-bourgeois où l’on élucubre à perte de vue, c’est un parti d’avant-garde dialoguant avec toute la classe travailleuse en lutte, reconnaissant et stimulant toute forme de démocratie directe, mais mettant en débat un programme et une perspective politique révolutionnaire à discuter, à affiner certes, mais clairement orientée vers la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme. Bref, un parti permettant à la classe ouvrière et au monde du travail, en redevenant le sujet central du changement de société (« le centre de la vie nationale » disait le programme du CNR), de rompre avec la servitude idéologique et politique que signifie l’euro-réformisme, pour redevenir politiquement indépendante, active et conquérante.
Et pour cela, oui, les militants franchement communistes seront toujours du côté de Lénine contre Martov/ Trotski, du côté du centralisme démocratique contre l’ « autonomisme », du côté du bolchevisme contre toutes les resucées « modernes » du menchevisme.
Georges Gastaud, mai 2019, 115èmeanniversaire de la publication de Un pas en avant, deux pas en arrière (chag vpiériod, dva chaga nazad’, Genève) en Mai 1904.
[1]C’est peu dire qu’après lecture de la brochure de Lénine les dirigeants opportunistes ont encore rarement un poil de sec !
[2]Lénine, O.C., T. 7, pp. 214 et sqq.
[3]En 1925, sous le nom de « nouveau cours », Trotski – dont le fonds théorique restait menchevik malgré son indéniable apport à la construction de l’Armée rouge – tentera d’utiliser la jeunesse universitaire, qualifiée démagogiquement de « baromètre du Parti », pour contourner le comité central du Parti communiste bolchevik.
[4]C’est Lénine qui, contre toute forme de « socialisme de caserne », lança le mot d’ordre « le socialisme est l’œuvre vivante des masses ».
[5]Que les mencheviks et Trotski croyaient rabaisser en le surnommant « Maximilien » et en le traitant de « Montagnard » ou de « Jacobin » ! Lénine répondait que les menchéviks était la « Gironde » (l’aile droite) du mouvement ouvrier.
[6]Toutes ces expressions « modernes », que les petit-bourgeois actuels croient avoir inventées, émanent des chefs menchéviks ! Ces grands démocrates dont la plupart refuseront le pouvoir des soviets ouvriers et paysans et souvent, appuieront par la suite la contre-révolution blanche. Si « démocratique », comme on sait…
[7]Comme Robert Hue lui-même, puis Pierre Laurent, qui ont fini par se faire élire sénateurs du des listes du PS…
Quid de : Comme Robert Hue lui-même, puis Pierre Laurent, qui ont fini par se faire élire sénateurs « du des » (???) listes du PS…
En fait des opportunistes sans consistance qui ont signé la fin de vie des intellectuels du PCF…